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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Un plan commença de prendre forme : « Après la tombée de<br />

la nuit, je traverserai la vallée <strong>et</strong> grimperai sur la falaise, de<br />

l’autre côté. Il se peut que c<strong>et</strong>te barrière naturel<strong>le</strong> soit une<br />

bénédiction déguisée ; il n’y a pas de porte à l’arrière, <strong>et</strong> la garde<br />

semb<strong>le</strong> réduite. »<br />

A peine en était-il arrivé à c<strong>et</strong>te décision qu’une flèche siffla<br />

vers lui <strong>et</strong> se ficha dans la terre à quelques centimètres de ses<br />

orteils. De l’autre côté de la vallée, il vit une fou<strong>le</strong> de gens<br />

s’agiter à l’intérieur de la palanque. De toute évidence ils<br />

l’avaient vu. Presque aussitôt, ils se dispersèrent. Il supposa<br />

qu’ils avaient voulu <strong>le</strong> m<strong>et</strong>tre à l’épreuve, voir comment il<br />

réagirait, <strong>et</strong> demeura exprès immobi<strong>le</strong> sur son perchoir.<br />

Bientôt, <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il du soir commença de se coucher derrière<br />

<strong>le</strong>s somm<strong>et</strong>s des montagnes de l’Ouest. Juste avant la tombée de<br />

la nuit, il se <strong>le</strong>va <strong>et</strong> ramassa une <strong>pierre</strong>. Il avait repéré son dîner<br />

en train de vo<strong>le</strong>r au-dessus de sa tête. Il abattit l’oiseau du<br />

premier coup, <strong>le</strong> déchira en deux <strong>et</strong> mordit dans la chair tiède.<br />

Tandis qu’il mangeait, une vingtaine de soldats<br />

l’encerclèrent bruyamment. Une fois en position, ils lancèrent<br />

un cri de guerre ; un homme vociféra :<br />

— C’est Takezō ! Takezō de Miyamoto !<br />

— Il est dangereux ! Attention ! cria un autre.<br />

Levant <strong>le</strong>s yeux de son festin de volail<strong>le</strong> crue, Takezō<br />

considéra farouchement ceux qui cherchaient à <strong>le</strong> capturer.<br />

C’était <strong>le</strong> regard que lancent <strong>le</strong>s animaux dérangés au milieu<br />

d’un repas.<br />

— Y-a-a-h-h ! hurla-t-il en saisissant une énorme <strong>pierre</strong><br />

qu’il précipita contre c<strong>et</strong>te murail<strong>le</strong> humaine.<br />

Le sang rougit la <strong>pierre</strong>, <strong>et</strong> en un rien de temps Takezō<br />

l’enjamba, libre, <strong>et</strong> courut droit vers la porte de la palanque.<br />

Les hommes en restaient bouche bée.<br />

— Qu’est-ce qu’il a fait ?<br />

— Où va ce fou ?<br />

— Il perd la tête !<br />

Il volait comme une libellu<strong>le</strong> fol<strong>le</strong>, avec à ses trousses <strong>le</strong>s<br />

soldats poussant des cris de guerre. Mais au moment où ils<br />

atteignirent <strong>le</strong> portail, il avait déjà bondi par-dessus.<br />

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