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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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l’éco<strong>le</strong> que d’enseigner <strong>le</strong> sty<strong>le</strong> de Kempō au plus grand nombre<br />

d’hommes possib<strong>le</strong>.<br />

Seijūrō écrivit une circulaire à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> ; ainsi armé, Tōji<br />

partit solliciter des contributions d’anciens élèves à l’ouest de<br />

Honshu, à Kyushu <strong>et</strong> Shikotu. Beaucoup d’hommes, dans divers<br />

domaines féodaux, avaient étudié auprès de Kempō, <strong>et</strong> la<br />

plupart de ceux qui vivaient encore étaient maintenant des<br />

samouraïs d’un rang enviab<strong>le</strong>. Hélas ! malgré toute l’ardeur des<br />

plaidoyers de Tōji, peu d’entre ces samouraïs se montrèrent<br />

disposés à faire des donations substantiel<strong>le</strong>s ou à souscrire aussi<br />

rapidement. Avec une fréquence décourageante, la réponse<br />

avait été : « Je vous écrirai plus tard à ce suj<strong>et</strong> », « nous verrons<br />

lors de mon prochain séjour à Kyoto », ou quelque chose de tout<br />

aussi évasif. Les contributions que Tōji rapportait ne s’é<strong>le</strong>vaient<br />

qu’à une faib<strong>le</strong> partie de ce qu’il avait escompté.<br />

Strictement parlant, la maisonnée en péril n’était pas cel<strong>le</strong><br />

de Tōji, <strong>et</strong> <strong>le</strong> visage qui lui venait maintenant à l’esprit n’était<br />

pas celui de Seijūrō mais celui d’Okō. Pourtant, même <strong>le</strong> visage<br />

d’Okō ne pouvait <strong>le</strong> divertir qu’en surface, <strong>et</strong> bientôt il redevint<br />

nerveux. Il enviait <strong>le</strong> jeune homme en train d’épucer son singe :<br />

il avait quelque chose à faire pour tuer <strong>le</strong> temps. Tōji s’approcha<br />

de lui pour essayer de lier conversation.<br />

— Salut, jeune homme. On va à Osaka ?<br />

Le jeune homme <strong>le</strong>va seu<strong>le</strong>ment un peu <strong>le</strong>s yeux pour<br />

répondre :<br />

— Oui.<br />

— Votre famil<strong>le</strong> y demeure ?<br />

— Non.<br />

— Alors, vous devez être d’Awa.<br />

— Non, pas de là-bas non plus.<br />

Le ton était plutôt sans réplique.<br />

Tōji r<strong>et</strong>omba un moment dans <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce avant de faire une<br />

autre tentative :<br />

— Vous en avez, une bel<strong>le</strong> épée, dit-il.<br />

Apparemment heureux que l’on admirât son arme, <strong>le</strong> jeune<br />

homme se tourna vers Tōji pour répondre avec amabilité :<br />

— Oui, el<strong>le</strong> est depuis longtemps dans ma famil<strong>le</strong>. Il s’agit<br />

d’une épée de guerre, mais j’ai l’intention de trouver un bon<br />

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