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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Ça ne vous regarde pas. S’il vous plaît, laissez-moi passer.<br />

Il s’écarta ; Akemi entra dans la sal<strong>le</strong>, <strong>et</strong> salua l’hôte :<br />

— Bonsoir. C’est aimab<strong>le</strong> à vous d’être venu.<br />

Seijūrō, feignant la désinvolture, lui dit sans la regarder :<br />

— Tiens, c’est toi, Akemi. Merci pour hier au soir.<br />

Il était gêné.<br />

Sur <strong>le</strong> plateau, el<strong>le</strong> prit un récipient qui ressemblait à un<br />

encensoir, sur <strong>le</strong>quel el<strong>le</strong> disposa une pipe à embouchure <strong>et</strong><br />

fourneau de céramique.<br />

— Vou<strong>le</strong>z-vous fumer ? demanda-t-el<strong>le</strong> avec politesse.<br />

— Je croyais que l’on venait d’interdire <strong>le</strong> tabac.<br />

— C’est vrai, mais tout <strong>le</strong> monde continue comme si de rien<br />

n’était.<br />

— Bon, je vais fumer un peu.<br />

— Je vous l’allume.<br />

El<strong>le</strong> prit une pincée de tabac dans une jolie p<strong>et</strong>ite boîte de<br />

nacre, en bourra de ses doigts délicats <strong>le</strong> fourneau minuscu<strong>le</strong>.<br />

Puis el<strong>le</strong> lui mit la pipe à la bouche. Seijūrō, qui n’avait pas<br />

l’habitude de fumer, s’en tirait assez maladroitement.<br />

— Hum, amer, hein ? dit-il.<br />

Akemi éclata de rire.<br />

— ... Où est passé Tōji ?<br />

— Probab<strong>le</strong>ment dans la chambre de Mère.<br />

— Il a l’air d’aimer beaucoup Okō. Du moins, à ce qu’il me<br />

semb<strong>le</strong>. Je <strong>le</strong> soupçonne de venir ici sans moi, quelquefois. Je<br />

me trompe ?<br />

Akemi rit sans répondre.<br />

— ... Qu’est-ce qu’il y a de drô<strong>le</strong> à ça ? Je crois que ta mère<br />

l’aime assez, el<strong>le</strong> aussi.<br />

— Je n’en sais absolument rien !<br />

— Oh ! bien sûr ! Bien sûr ! L’arrangement est commode,<br />

hein ? Deux coup<strong>le</strong>s heureux : ta mère <strong>et</strong> Tōji, toi <strong>et</strong> moi.<br />

De son air <strong>le</strong> plus innocent, il posa la main sur cel<strong>le</strong> d’Akemi<br />

qui reposait sur <strong>le</strong> genou de la jeune fil<strong>le</strong>. Sévère, el<strong>le</strong> l’écarta, ce<br />

qui ne fit qu’accroître l’audace de Seijūrō. Comme el<strong>le</strong> se <strong>le</strong>vait,<br />

il entoura de son bras sa fine tail<strong>le</strong> <strong>et</strong> l’attira vers lui.<br />

— ... Ne t’enfuis pas, dit-il. Je n’ai pas l’intention de te faire<br />

du mal.<br />

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