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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Ils entrèrent dans une maison, <strong>et</strong> Matahachi s’en remit<br />

entièrement à Yasoma qui paraissait fort expérimenté. Il savait<br />

commander <strong>le</strong> saké, traiter avec <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s ; il était parfait.<br />

Matahachi trouva l’aventure tout à fait réjouissante.<br />

Ils passèrent la nuit ; à midi <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain, Yasoma ne<br />

manifestait encore aucun signe de lassitude. Dans une certaine<br />

mesure, Matahachi se sentait vengé de toutes <strong>le</strong>s fois où on<br />

l’avait relégué dans une chambre à l’écart au Yomogi ; mais il<br />

commençait à se fatiguer. Il finit par avouer qu’il en avait assez,<br />

<strong>et</strong> dit :<br />

— Je n’ai plus envie de boire. Allons-nous-en.<br />

Yasoma ne bougeait pas.<br />

— Restez avec moi jusqu’à ce soir, dit-il.<br />

— Pour quoi faire ?<br />

— J’ai rendez-vous avec Susukida Kanesuke. Il est trop tôt<br />

pour al<strong>le</strong>r chez lui maintenant, <strong>et</strong> de toute façon je ne pourrai<br />

discuter de votre situation tant que je ne saurai pas plus<br />

clairement ce que vous souhaitez.<br />

— Je suppose qu’au début, je ne dois pas demander trop.<br />

— Il ne faut pas demander trop peu. Un samouraï de votre<br />

envergure devrait pouvoir obtenir <strong>le</strong> chiffre qu’il demande. Si<br />

vous dites que vous acceptez n’importe quel poste, vous vous<br />

rabaissez. Et si je lui déclarais que vous vou<strong>le</strong>z un traitement de<br />

deux mil<strong>le</strong> cinq cents boisseaux ? Un samouraï qui a confiance<br />

en lui est toujours mieux payé, mieux traité. Il ne faut pas<br />

donner l’impression que vous vous contenteriez de n’importe<br />

quoi.<br />

A l’approche du soir, <strong>le</strong>s rues de ce quartier, plongées<br />

qu’el<strong>le</strong>s étaient dans l’ombre immense du château d’Osaka,<br />

s’obscurcissaient de bonne heure. Ayant quitté la maison,<br />

Matahachi <strong>et</strong> Yasoma traversèrent la vil<strong>le</strong> jusqu’à l’un des plus<br />

élégants quartiers résidentiels de samouraïs. Ils se tenaient là,<br />

dos au fossé ; <strong>le</strong> vent froid dissipait <strong>le</strong>s eff<strong>et</strong>s du saké qu’ils<br />

avaient ingurgité tout <strong>le</strong> jour.<br />

— ... Voilà la maison de Susukida, là-bas, dit Yasoma.<br />

— Cel<strong>le</strong> dont <strong>le</strong> portail a <strong>le</strong> toit re<strong>le</strong>vé ?<br />

— Non, la maison du coin, à côté d’el<strong>le</strong>.<br />

— Hum... Vraiment grosse n’est-ce pas ?<br />

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