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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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ésultat : il a été banni à jamais du service du seigneur Ikeda.<br />

Nul doute qu’il ne batte la campagne, lui aussi.<br />

Takuan devint grave.<br />

— ... Musashi, ton chemin ne sera pas aisé. Prends garde.<br />

— Je ferai de mon mieux, répondit en souriant Musashi.<br />

— Eh bien, je suppose que c’est l’essentiel. Adieu.<br />

Takuan se r<strong>et</strong>ourna <strong>et</strong> se dirigea vers l’ouest, sans regarder<br />

en arrière.<br />

— Bonne chance ! lui cria Musashi.<br />

Debout au carrefour, il regarda s’éloigner la silhou<strong>et</strong>te du<br />

moine jusqu’à ce qu’el<strong>le</strong> eût disparu. Puis, seul une fois de plus,<br />

il entreprit sa marche vers l’est.<br />

« Maintenant, il n’y a que ce <strong>sabre</strong>, se dit-il. L’unique chose<br />

au monde sur laquel<strong>le</strong> je puisse compter. » Il posa la main sur la<br />

poignée de l’arme, <strong>et</strong> fit un serment : « Je vivrai selon sa règ<strong>le</strong>.<br />

Je <strong>le</strong> considérerai comme étant mon âme, <strong>et</strong>, en apprenant à <strong>le</strong><br />

maîtriser, m’efforcerai de m’améliorer, de devenir un être<br />

humain meil<strong>le</strong>ur <strong>et</strong> plus sage. Takuan suit la Voie du Zen ; je<br />

suivrai la Voie du Sabre. Je dois faire de moi un homme plus<br />

accompli que lui. Après tout, je suis jeune encore. Il n’est pas<br />

trop tard. »<br />

Ses foulées étaient régulières <strong>et</strong> puissantes, ses yeux p<strong>le</strong>ins<br />

de jeunesse <strong>et</strong> d’espoir. De temps à autre, sou<strong>le</strong>vant <strong>le</strong> bord de<br />

son chapeau d’osier, il contemplait la longue route qui menait<br />

vers l’avenir, la voie inconnue que tous <strong>le</strong>s humains doivent<br />

fou<strong>le</strong>r.<br />

Il n’était pas allé bien loin – de fait, il se trouvait à peine aux<br />

abords de Himeji – lorsqu’une femme accourut vers lui,<br />

traversant <strong>le</strong> pont de Hanada. Il plissa <strong>le</strong>s yeux dans <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il.<br />

— C’est toi ! cria Otsū en l’empoignant par la manche.<br />

<strong>La</strong> surprise coupait <strong>le</strong> souff<strong>le</strong> de Musashi.<br />

Le ton d’Otsū était réprobateur :<br />

— ... Est-il possib<strong>le</strong> que tu aies oublié, Takezō ? Ne te<br />

rappel<strong>le</strong>s-tu pas <strong>le</strong> nom de ce pont ? T’est-il sorti de l’esprit que<br />

j’ai promis de t’attendre ici, aussi longtemps qu’il <strong>le</strong> faudrait ?<br />

— Tu attends ici depuis trois ans ?<br />

Il était abasourdi.<br />

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