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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Tiens, tiens ! s’exclama Denshichirō, l’air soupçonneux.<br />

Si je vous comprends bien, Sekishūsai nous croit impatients<br />

d’observer la cérémonie du thé. A vrai dire, étant de famil<strong>le</strong>s de<br />

samouraïs, nous n’y entendons rien. Nous avions l’intention de<br />

prendre personnel<strong>le</strong>ment des nouvel<strong>le</strong>s de la santé de<br />

Sekishūsai, <strong>et</strong> de <strong>le</strong> convaincre de nous donner une <strong>le</strong>çon<br />

d’escrime.<br />

— Il comprend cela tout à fait, bien sûr. Mais il passe sa<br />

vieil<strong>le</strong>sse dans la r<strong>et</strong>raite, <strong>et</strong> a préféré s’exprimer avec <strong>le</strong> langage<br />

du thé.<br />

Denshichirō répondit avec un dégoût manifeste :<br />

— Eh bien, il ne nous laisse d’autre choix que de renoncer.<br />

Veuil<strong>le</strong>z lui dire que si nous revenons, nous aimerions <strong>le</strong> voir.<br />

Et il rendit la pivoine à Otsū.<br />

— El<strong>le</strong> ne vous plaît pas ? Il croyait que peut-être el<strong>le</strong> vous<br />

réconforterait en route. Il a dit que vous pourriez la suspendre à<br />

l’ang<strong>le</strong> de votre palanquin, ou, si vous êtes à cheval, l’attacher à<br />

votre sel<strong>le</strong>.<br />

— Il me l’envoie comme souvenir ?<br />

Denshichirō baissa <strong>le</strong>s yeux, comme insulté, puis,<br />

l’expression revêche, s’écria :<br />

— ... Mais c’est ridicu<strong>le</strong> ! Vous pouvez lui dire que nous<br />

avons aussi des pivoines, à Kyoto !<br />

Dans ce cas, conclut Otsū, inuti<strong>le</strong> d’insister. En prom<strong>et</strong>tant<br />

de transm<strong>et</strong>tre son message, el<strong>le</strong> prit congé aussi délicatement<br />

qu’el<strong>le</strong> eût r<strong>et</strong>iré <strong>le</strong> pansement d’une plaie ouverte. Ses hôtes, de<br />

méchante humeur, la saluèrent à peine.<br />

Une fois dans <strong>le</strong> couloir, Otsū se mit à rire doucement toute<br />

seu<strong>le</strong>, j<strong>et</strong>a un coup d’œil au plancher noir <strong>et</strong> luisant qui menait à<br />

la chambre qu’habitait Musashi, <strong>et</strong> prit la direction opposée.<br />

Kocha sortit de la chambre de Musashi, <strong>et</strong> courut après el<strong>le</strong>.<br />

— Vous partez déjà ? demanda-t-el<strong>le</strong>.<br />

— Oui, j’ai fini ce que j’étais venue faire.<br />

— Eh bien, c’était du rapide, hein ?<br />

Abaissant <strong>le</strong>s yeux sur la main d’Otsū, el<strong>le</strong> demanda :<br />

— ... C’est une pivoine ? Je ne savais pas qu’il y en avait des<br />

blanches.<br />

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