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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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samouraïs. Il frayait avec la grande nob<strong>le</strong>sse de cour, <strong>et</strong><br />

Tokugawa Ieyasu l’avait parfois invité au château de Fushimi.<br />

<strong>La</strong> position des Hon’ami n’était pas unique ; la plupart des<br />

riches artisans <strong>et</strong> marchands de l’époque — Suminokura Soan,<br />

Chaya Shirōjirō <strong>et</strong> Haiya Shōyū, entre autres – descendaient de<br />

samouraïs. Sous <strong>le</strong>s Shōguns Ashikaga, <strong>le</strong>urs ancêtres s’étaient<br />

vu assigner un travail lié à la manufacture ou au commerce. <strong>La</strong><br />

réussite en ces domaines <strong>le</strong>s conduisit à se séparer peu à peu de<br />

la classe militaire, <strong>et</strong>, l’entreprise privée devenant source de<br />

profit, ils ne dépendirent plus de <strong>le</strong>urs émoluments féodaux.<br />

Bien que <strong>le</strong>ur rang social fût officiel<strong>le</strong>ment inférieur à celui des<br />

guerriers, ils étaient fort puissants.<br />

En ce qui concernait <strong>le</strong>s affaires, non seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> rang de<br />

samouraï constituait plutôt une gêne, mais l’état de simp<strong>le</strong><br />

bourgeois présentait de n<strong>et</strong>s avantages, dont <strong>le</strong> principal était la<br />

stabilité. Quand des conflits éclataient, <strong>le</strong>s grands marchands se<br />

voyaient patronnés par <strong>le</strong>s deux camps. Certes, ils étaient<br />

parfois obligés de livrer des fournitures militaires pour peu de<br />

chose ou même pour rien ; mais ils en étaient venus à<br />

considérer c<strong>et</strong>te charge comme un simp<strong>le</strong> droit qu’ils payaient<br />

pour éviter que l’on ne détruisît <strong>le</strong>urs biens en temps de guerre.<br />

Lors de la guerre d’Ōnin, dans <strong>le</strong>s années 1460 <strong>et</strong> 70, tout <strong>le</strong><br />

quartier entourant <strong>le</strong>s ruines du Jissōin avait été rasé, <strong>et</strong><br />

maintenant même, <strong>le</strong>s gens qui plantaient des arbres<br />

déterraient souvent des fragments rouillés de <strong>sabre</strong>s ou de<br />

casques. <strong>La</strong> résidence Hon’ami avait été l’une des premières<br />

bâties dans <strong>le</strong>s parages, après la guerre.<br />

Un affluent de l’Arisugawa coulait à travers <strong>le</strong> groupe de<br />

maisons, en serpentant d’abord à travers un quart d’arpent<br />

environ de jardin potager, puis en disparaissant dans un<br />

bosqu<strong>et</strong> pour ressortir auprès du puits, à côté de l’entrée de la<br />

maison principa<strong>le</strong>. Un embranchement s’éloignait vers la<br />

cuisine, un autre vers <strong>le</strong> bain, un autre encore vers une simp<strong>le</strong> <strong>et</strong><br />

rustique maison de thé où l’eau claire servait à la cérémonie du<br />

thé. <strong>La</strong> rivière alimentait en eau l’atelier où l’on polissait<br />

habi<strong>le</strong>ment des <strong>sabre</strong>s forgés par des maîtres artisans tels que<br />

Masamune, Muramasa <strong>et</strong> Osafune. L’atelier était consacré à la<br />

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