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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Oh ! ne dis pas ça ! supplia-t-el<strong>le</strong>.<br />

El<strong>le</strong> pressait sa joue fraîche contre la sienne. L’odeur<br />

douceâtre de sa poudre <strong>et</strong> de sa chevelure, <strong>le</strong> pénétrant, dissipa<br />

peu à peu sa colère <strong>et</strong> sa contrariété.<br />

— ... Je t’en prie, mendiait Okō.<br />

— Je suis tel<strong>le</strong>ment déçu ! dit-il.<br />

— Je sais, mais nous aurons d’autres occasions d’être<br />

ensemb<strong>le</strong>.<br />

— Ces deux ou trois jours avec toi... je <strong>le</strong>s attendais vraiment<br />

avec impatience.<br />

— Je comprends.<br />

— Si tu comprends, pourquoi donc es-tu venue avec autant<br />

de monde ? Parce que tu n’éprouves pas pour moi <strong>le</strong>s<br />

sentiments que j’éprouve pour toi !<br />

— Le voilà qui recommence, dit Okō d’un ton de reproche,<br />

l’œil fixe comme si ses larmes étaient sur <strong>le</strong> point de cou<strong>le</strong>r.<br />

Mais au lieu de p<strong>le</strong>urer, el<strong>le</strong> fit une autre tentative pour<br />

obtenir de lui qu’il écoutât ses explications. Quand <strong>le</strong> messager<br />

était arrivé avec la l<strong>et</strong>tre de Tōji, el<strong>le</strong> avait bien entendu formé <strong>le</strong><br />

proj<strong>et</strong> de venir seu<strong>le</strong> à Osaka ; mais <strong>le</strong> hasard avait voulu que <strong>le</strong><br />

soir même, Seijūrō débarquât au Yomogi avec six ou sept de ses<br />

élèves, <strong>et</strong> Akemi avait laissé échapper que Tōji arrivait. Aussitôt,<br />

<strong>le</strong>s hommes avaient décidé qu’ils devaient tous accompagner<br />

Okō à Osaka, <strong>et</strong> qu’Akemi devrait se joindre à eux. Fina<strong>le</strong>ment,<br />

la bande qui descendit à l’auberge de Sumiyoshi s’é<strong>le</strong>vait à dix<br />

personnes.<br />

Tout en reconnaissant qu’en l’occurrence Okō n’avait pas pu<br />

faire grand-chose, Tōji ne r<strong>et</strong>rouva pas sa bonne humeur. C’était<br />

manifestement une sa<strong>le</strong> journée, <strong>et</strong> il avait la certitude que <strong>le</strong><br />

pire l’attendait. D’abord, la première question qu’on lui poserait<br />

concernerait <strong>le</strong> résultat de sa tournée de démarchage, <strong>et</strong> il<br />

appréhendait d’avoir à <strong>le</strong>ur apprendre la mauvaise nouvel<strong>le</strong>. Ce<br />

qu’il redoutait bien plus encore, c’était la perspective de devoir<br />

en<strong>le</strong>ver <strong>le</strong> foulard de sa tête. Comment diab<strong>le</strong> expliquer<br />

l’absence du toup<strong>et</strong> ? En fin de compte, il comprit qu’il n’y avait<br />

pas d’issue, <strong>et</strong> se résigna à son destin.<br />

— Ça va, ça va, dit-il. Je t’accompagne. Fais venir ici <strong>le</strong><br />

palanquin.<br />

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