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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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lui donnait toujours c<strong>et</strong>te paisib<strong>le</strong> maisonn<strong>et</strong>te séparée.<br />

Derrière s’é<strong>le</strong>vait un bouqu<strong>et</strong> d’arbres qui faisaient partie du<br />

jardin voisin ; devant, un p<strong>et</strong>it jardin potager au-delà duquel se<br />

trouvait la cuisine toujours active de l’auberge.<br />

— Otsū ! appela une voix de la cuisine. C’est l’heure du<br />

déjeuner. Puis-je vous l’apporter maintenant ?<br />

— Le déjeuner ? dit Otsū. Je déjeunerai avec la vieil<strong>le</strong> dame<br />

quand el<strong>le</strong> rentrera.<br />

— El<strong>le</strong> a dit qu’el<strong>le</strong> rentrerait tard. Nous ne la reverrons<br />

sans doute pas avant ce soir.<br />

— Je n’ai pas faim.<br />

— Je ne comprends pas comment vous pouvez survivre, à<br />

manger si peu.<br />

<strong>La</strong> fumée de pin des fours de potiers du voisinage<br />

tourbillonnait dans l’enclos. Quand ils se trouvaient allumés, il y<br />

avait toujours beaucoup de fumée. Mais une fois l’atmosphère<br />

dégagée, <strong>le</strong> ciel du début de printemps était plus b<strong>le</strong>u que<br />

jamais.<br />

De la rue venait un bruit de chevaux, ainsi que <strong>le</strong>s pas <strong>et</strong> <strong>le</strong>s<br />

voix de pè<strong>le</strong>rins en route vers <strong>le</strong> temp<strong>le</strong>. C’était par <strong>le</strong>s passants<br />

que l’histoire de la victoire de Musashi sur Seijūrō était arrivée<br />

aux oreil<strong>le</strong>s d’Otsū. Le visage de Musashi apparut devant ses<br />

yeux. « Jōtarō devait être au Rendaiji ce jour-là, se dit-el<strong>le</strong>. Si<br />

seu<strong>le</strong>ment il venait me <strong>le</strong> raconter ! »<br />

El<strong>le</strong> ne pouvait croire que l’enfant l’avait cherchée sans la<br />

trouver. Vingt jours s’étaient écoulés, <strong>et</strong> il savait qu’el<strong>le</strong><br />

séjournait au pied de la colline de Sannen. Peut-être était-il<br />

malade, mais el<strong>le</strong> ne <strong>le</strong> croyait pas vraiment non plus ; Jōtarō<br />

n’était pas de ceux qui tombent malades. « Il doit être quelque<br />

part en train de s’amuser avec un cerf-volant », se dit-el<strong>le</strong>, idée<br />

qui lui donnait un peu d’humeur.<br />

Peut-être était-ce lui qui l’attendait. El<strong>le</strong> n’était pas<br />

r<strong>et</strong>ournée à la maison Karasumaru bien qu’el<strong>le</strong> lui eût promis de<br />

ne pas tarder à <strong>le</strong> faire.<br />

El<strong>le</strong> ne pouvait al<strong>le</strong>r nul<strong>le</strong> part : on lui avait interdit de<br />

quitter l’auberge sans la permission d’Osugi. De toute évidence,<br />

Osugi avait chargé l’aubergiste <strong>et</strong> <strong>le</strong>s domestiques de la<br />

surveil<strong>le</strong>r. Chaque fois qu’el<strong>le</strong> j<strong>et</strong>ait vers la rue un simp<strong>le</strong> coup<br />

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