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s dans les Saintes - Encyclopaedia Gentium Boni

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191 CANTIQUE DES CANTIQUES 192<br />

I, 1-II, 7; sc. 2, II, 8-17; sc. 3, HI, 1-5. Seconde partie,<br />

le manage, sc. 4, m, 6-v, 1. Troisieme partie: perfection<br />

et fecondite de 1'epouse, sc. 5, v, 2-vr, 8; sc. 6,<br />

vi, 9-viii, 4; sc. 7, vin, 5-14. — Les interpretes des<br />

siec<strong>les</strong> precedents, Salazar, Rupert, Honorius d'Autun,<br />

divisaient le livre en quatre parties. Quant aux Peres,<br />

ils se contentent de 1'expliquer, sans s'inquieter d'aucune<br />

division. De toutes ces divergences, il y a lieu de<br />

conclure que <strong>les</strong> distinctions de jours, de chants, de<br />

scenes, ont quelque chose d'artiiiciel. Ch#cune peut se<br />

soutenir, mais nulle ne s'impose. Le poeme n'a pas ete<br />

compose d'apres nos idees modernes, et pour y trouver<br />

des de veloppements logiques, il faut preter a 1'auteur ce<br />

qu'on desire trouver <strong>dans</strong> son O3uvre. Notons bien que<br />

1'intelligence du sens general du Cantique est independante<br />

de la maniere dont on juge a propos de le diviser.<br />

On y remarque la peinture d'un amour qui unit deux<br />

jeunes epoux, s'exprime par toutes sortes de temoignages<br />

et semble devenir de plus en plus ardent. 11 reste a savoir<br />

en quel sens il faut entendre cet amour.<br />

V. INTERPRETATION DU CANTIQUE. — Le Cantique a ete<br />

1'objet de bien des explications differentes. Les anciens<br />

Peres y ont cherche surtout matiere a reflexions pieuses.<br />

Sans en meconnaitre le sens principal, ils se sont d'abord<br />

preoccupes surtout d'en tirer des lecons de morale a 1'usage<br />

de 1'ame chretienne. Dans <strong>les</strong> temps plus modernes. au<br />

xvii 8 siecle en particulier, on s'est applique a serrer de<br />

plus pres le sens du livre, et meme a chercher s'il n'existerait<br />

pas un fond historique servant de base a une doctrine<br />

tres elevee, comme, par exemple, <strong>dans</strong> <strong>les</strong> parabo<strong>les</strong><br />

de Notre-Seigneur. Enfin, exagerant 1'importance<br />

de ce pretendu sens historique, <strong>les</strong> interpretes protestants<br />

ont fini par n'en. plus voir d'autre. De la trois especes<br />

d'interpretations du Cantique : historique, mystique et<br />

allegorique.<br />

1° Interpretation historique et exclusivement litterale.<br />

— Le Cantique serait un epithalarne celebrant soit 1'union<br />

de Salomon, avec la fille du roi d'Egypte ou avec la Sulamite,<br />

soit 1'union d'un berger et d'une bergere, en tout<br />

oas, une union purement humaine. Cette interpretation<br />

se fit jour, probablement sous 1'influence des sadduceens,<br />

des 1'epoque de Notre - Seigneur. Le rabbin Akiba la<br />

combattit vivement et declara que le Cantique des cantiques<br />

est tres saint; qu'aucun jour n'est plus precieux<br />

que celui ou Israel le recut, et qu'aucun Israelite n'a<br />

jamais doute de son caractere sacre. Yadaim, f. 157 a. —<br />

Theodore de Mopsueste pretendit plus tard que Salomon<br />

ecrivit le Cantique pour attenuer 1'impopularite de son<br />

mariage avec la fille du pharaon ou avec la Sulamite. Le<br />

cinquieme concile general reprouva cette interpretation<br />

et reprocha a son auteur d'avoir par la « tenu des propos<br />

abominab<strong>les</strong> pour des oreil<strong>les</strong> chretiennes*. Mansi, Cone.,<br />

t. ix, p. 225. — Quelques heretiques du iv e siecle, signa<strong>les</strong><br />

par Philastre, eveque de Brescia, De heeres., 135,<br />

t. xn, col. 1267, embrasserent le sentiment de Theodore.<br />

Cette idee ne reparait plus ensuite qu'au xvi e siecle, a<br />

1'epoque de la Reforme. Seb. Castalio est chasse de Geneve<br />

par Calvin pour 1'avoir soutenue. Les anabaptistes<br />

s'en font ensuite <strong>les</strong> defenseurs. Hugo Grotius 1'enseigne.<br />

Au xvm e siecle, Jacobi, Das gerettete HoheLied, 1771,<br />

pretend reconnaitre <strong>dans</strong> le Cantique le recit image d'un<br />

enlevement. Une jeune bergere y triomphe de la passion<br />

du roi en personne. Cette idee a defraye depuis lors,<br />

moyennant quelques variantes, toute 1'exegese rationaliste.<br />

Renan s'en est empare a son tour, Etude sur le<br />

Cantique, p. 26. Puis, pour lui donner plus de piquant,<br />

il a imagine que le Cantique, ecrit bien apres Salomon,<br />

etait un pamphlet dirige contre le monarque, devenu<br />

odieux a ses sujets a raison de ses depenses demesurees.<br />

Histoire du peuple d'Israel, t. 11, p. 173.<br />

L'interpretation historique du Cantique des cantiques<br />

est absolument inacceptable. 1° Les Juifs n'ont jamais<br />

entendu le livre <strong>dans</strong> ce sens, comme le montre la pro-<br />

testation indignee d'Akiba. D'ailleurs ils n'auraient point<br />

admis au nombre des Livres Saints un ecrit de caractere<br />

exclusivement profane. Aussi Schammai et ses discip<strong>les</strong>,<br />

qui cherchaient a 1'interpreter historiquement, avaientils<br />

soin de lui denier le titre de livre sacre. — 2° L'interpretation<br />

purement historique est etrangere a toute la<br />

tradition chretienne. — 3° Elle oblige a admettre <strong>dans</strong> le<br />

livre une foule d'incoherences qui auraient frappe <strong>les</strong><br />

anciens aussi bien que nous, et ne leur auraient permis<br />

de croire ni a 1'unite ni a 1'inspiration du Cantique. Ainsi<br />

1. 1'epouse porte le nom de so3ur, Cant., iv, 9, 10, 12; vt<br />

1, 2; vm, 8; or, remarque saint Jerome, qui connaissait<br />

bien la valeur des termes hebreux, ce mot « exclut tout<br />

soupcon d'amour charnel ». Contra Jov., I, 30, t. xxm,<br />

col. 251. — 2. On ne peut rapporter a la fille du roi d'Egypte<br />

<strong>les</strong> traits suivants : 1'epouse est nee sous un pommier,<br />

Cant., vm, 5; elle garde ses vignes, I, 5; elle fait<br />

paitre ses chevreaux en compagnie d'autres pasteurs, I, 7 ;<br />

elle court la ville pendant la nuit a la recherche de son<br />

epoux, in, 2, 3; elle est battue par <strong>les</strong> gardes, v, 7, et elle<br />

mene son epoux <strong>dans</strong> la maison de sa mere a elle, in, 4.<br />

— 3. Ces traits ne conviennent pas davantage a Abisag,<br />

la Sunamite, avec laquelle on veut identifier la Sulamite.<br />

Salomon n'avait pas a la poursuivre au dehors, <strong>dans</strong> <strong>les</strong><br />

vignes, puisqu'il 1'avait trouvee <strong>dans</strong> le harem de David,<br />

d'oii elle ne pouvait sortir. Ill Reg., i, 15. D'autre part,<br />

1'epouse ne se nomme pas Sunamite, mais Selomif, nom<br />

qui est le feminin de selonwh, et qui ne designe aucune<br />

personne connue <strong>dans</strong> 1'histoire. Ce nom, invente a dessein,<br />

ne peut se rapporter qu'a une personne ideale. —<br />

4. Des incoherences analogues s'opposent a 1'hypothese<br />

qui fait du Cantique une histoire d'enlevement. Tout d'abord,<br />

rien de moins oriental et de plus moderne que ce<br />

roman d'une jeune fille qui, recherchee a la fois par le<br />

roi et par un berger, doilne sans hesiter la preference a<br />

ce dernier. Rien de moins naturel que ce roi et ce berger<br />

faisant assaut de beau langage aupres de la bien-aimee,<br />

et que cette bergere narguant le prince en lui repetant<br />

sans cesse I'eloge de son prefere. Roman ou pamphlet<br />

compose plus ou moins de temps apres Salomon, le Cantique<br />

n'en devrait pas moins conserver la couleur locale de<br />

1'epoque, ce dont 1'hypothese rationaliste ne tient pas assez<br />

compte. Si encore on pouvait s'accorder <strong>dans</strong> la determination<br />

du sujet et <strong>dans</strong> 1'indication des paro<strong>les</strong> proferees<br />

par le roi et de cel<strong>les</strong> que 1'ecrivain prete a son heureux<br />

rival! Mais il n'en est rien. « Selon <strong>les</strong> uns, » dit Reussr<br />

qui du reste tombe <strong>dans</strong> le meme travers que <strong>les</strong> aulresT<br />

« le sujet est historique; selon d'autres, c'est une fiction.<br />

La scene se passe d'apres ceux-ci a Jerusalem, d'apres<br />

ceux-la a Baal-Hermon, d'apres d'autres a Thecue; en<br />

un mot, au nord ou au midi, a la fantaisie de chacun.<br />

Suivant <strong>les</strong> differents avis, 1'epouse est nee a Sunam ou<br />

<strong>dans</strong> quelque faubourg; 1'epoux habile a Engaddi ou au<br />

mont Liban; pour ceux-ci c'est un roi, pour ceux-Ja un<br />

berger. L'epouse aime le roi, a moins qu'elle ne le deteste;<br />

elle est elle-meme 1'epouse ou bien 1'amante d'un berger,<br />

vendue par ses freres ou enlevee par <strong>les</strong> gens du roir<br />

chassee violemment du harem, ou sirnpleinent congediee<br />

par un roi magnanime. Tou<strong>les</strong> ces suppositions sont arbitraires,<br />

car le texte n'en dit mot. » Gesc/iic/tte des Alt.<br />

Testam., p. 221. Le meme auteur ecrit ailleurs avec beaucoup<br />

de bon sens : « La science exegetique s'est fourvoyee'<br />

avec cette idee du drame de 1'enlevement du serail. Du<br />

moins, si cette hypothese du cantique-drame devait n'etre'<br />

pas le fruit d'une etrange meprise, il faudrait convenir<br />

que jusqu'ici on n'a pas reussi a la rendre plus plausible. »<br />

Le Cantique, 1879, p. 50.<br />

Pour tout concilier, <strong>les</strong> rationalistes ont recours a la:<br />

plus singuliere hypothese : toutes <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> qui ne<br />

cadrent pas avec la situation imaginee par eux seraient<br />

dites en reve par la jeune fille. Mais comment croire<br />

qu'un ecrivain serieux ait melange la realite et 1'hallucinalion<br />

<strong>dans</strong> son poeme, sans laisser au lecteur aucun.

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