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s dans les Saintes - Encyclopaedia Gentium Boni

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1351 DfiLUGE 1352<br />

certain que la quantite d'eau existante n'ait pas suffi a la<br />

submersion generate du globe, surtout si 1'on admet que<br />

1'irruption des mers sur <strong>les</strong> continents ne s'est pas faite<br />

partout en meme temps, mais a couvert suceessivement<br />

toutes <strong>les</strong> contrees du monde. L'universalite absolue du<br />

deluge est confirmee par un passage de la seconde Epitre<br />

de saint Pierre, HI, 6 et 7. L'apotre compare au deluge<br />

la conflagration universelle qui aura lieu a la fin des<br />

temps. Le monde perira alors par le feu comme il a peri<br />

une premiere fois par 1'eau. La eomparaison entre <strong>les</strong><br />

deux catastrophes n'existe que sous le rapport de 1'etendue;<br />

elle serait inexacte si toutes deux n'avaient pas la<br />

meme universalite. — Ces arguments exegetiques, joints<br />

a 1'interpretation unanime des anciens et a 1'universalite<br />

des traditions diluviennes, ont determine quclques exegetes<br />

modernes a admettre encore que le deluge a couvert<br />

la terre entiere et a detruit tbus <strong>les</strong> hommes et tous<br />

<strong>les</strong> animaux. D'Avino, Enciclopedia dell' Ecc<strong>les</strong>iastico,<br />

3 e edit., 1878, t. I, p. 850-852; Moigno, Les splendeurs<br />

de la foi, 1877, t. in, p. 1118-1133; Ubaldi, Introductio<br />

in Sacram Scripturam, 2 e edit., Rome, 1882, t. i,<br />

p. 735-753; T. J. Lamy, Comment, in librum Geneseos,<br />

Malines, 1883, t. i, p. 302-312.<br />

2° Universalite relative et anthropologique. — Beaucoup<br />

de commentateurs et de theologiens de nos jours<br />

estiment que le deluge de Noe doit etre restreint a la<br />

portion de la terre qui etait colonisee lorsqu'il se produisit.<br />

Suivant eux, tous <strong>les</strong> hommes, hormis la famille<br />

de Noe, ont ete engloutis <strong>dans</strong> <strong>les</strong> flots; mais 1'inondation<br />

n'a pas reconvert tout le globe ni detruit tous <strong>les</strong> animaux.<br />

L'universalite du deluge n'est ni geographique ni<br />

zoologique; elle est seulement anthropologique.<br />

Cette interpretation leur parait necessaire pour couper<br />

court aux graves objections que la zoologie et la physique<br />

soulevent contre 1'universalite absolue du deluge. Le pla<br />

cement <strong>dans</strong> 1'arche, qui etait proportionnellement insuffisante,<br />

de toutes <strong>les</strong> especes animates aujourd'hui connues<br />

et des provisions necessaires a leur alimentation si<br />

variee durant une annee; <strong>les</strong> soins qu'exigeait leur entretien<br />

de la part de huit personnes seulement; la necessite<br />

pour <strong>les</strong> animaux venus de zones differentes de s'accommoder<br />

a un climat uniforme; le repeuplement du globe<br />

entier, alors que <strong>les</strong> migrations des animaux speciaux a<br />

TAmerique et a 1'Oceanie, par exemple, n'ont pas laisse<br />

de traces, alors que <strong>les</strong> faunes ont toujours ete localisees<br />

et que certaines especes anima<strong>les</strong> n'ont jamais existe 'en<br />

dehors de leurs zones respectives; la conservation des<br />

poissons d'eau douce et d'eau salee <strong>dans</strong> le melange des<br />

caux de la pluie et des fleuves avec <strong>les</strong> flots de la mer :<br />

tout cela cree des difficultes insurmontab<strong>les</strong>. D'autre<br />

part, <strong>dans</strong> le domaine de la physique, on ne peut guere<br />

expliquer la provenance de 1'immense masse d'eau necessaire<br />

pour inonder le globe entier. La quantite d'eau<br />

connue est insuffisante. Meme sans tenir comple des crevasses<br />

et des enfoncements de la surface terrestre, il<br />

faudrait, au-dessus du niveau de la mer, un volume d'eau<br />

d'une profondeur egale a la hauteur du pie le plus eleve<br />

de 1'Himalaya, a une hauteur de 8839 metres. L'eau fiitelle<br />

suffisante, la submersion simultanee des deux hemispheres<br />

serait physiquement impossible. Gette submersion<br />

amenerait <strong>dans</strong> I'atmosphere un changement qui<br />

modifierait <strong>les</strong> conditions de la vie sur terre. Recourir<br />

a la toute-puissance divine pour expliquer ces impossibilites,<br />

c'est multiplier <strong>les</strong> mirac<strong>les</strong> que le recit sacre ne<br />

mentionne pas et que <strong>les</strong> principes d'une sage exegese ne<br />

permettent pas d'introduire inutilement.<br />

Du reste, le texte de la Genese peut s'interpreter legitimement,<br />

en restreignant <strong>les</strong> limites de 1'inondation. Les<br />

expressions generates et absolues : « toute chair qui a vie<br />

sous le ciel, tout ce qui existe sur la terre; toutes <strong>les</strong><br />

hautes montagnes qui sont sous le "ciel, » Gen., vi, 17;<br />

vn, 19, doivent etre entendues d'apres le genie propre<br />

des langues orienta<strong>les</strong>. Or <strong>les</strong> Orientaux emploient sou-<br />

vent 1'hyperbote, non seulement <strong>dans</strong> leurs ecrits poetiques,<br />

mais jusque <strong>dans</strong> leurs livres historiques, et rien<br />

n'est plus frequent <strong>dans</strong> la Bible que de designer des<br />

contrees determinees par <strong>les</strong> mots « toute la terre ». La<br />

famine qui regna du temps de Jacob <strong>dans</strong> <strong>les</strong> pays voisins<br />

de la Pa<strong>les</strong>tine et de 1'Egypte a prevalu sur toute la terre.<br />

Gen., XLI, 54, 56, 57. L'entree des Israelites en Pa<strong>les</strong>tine<br />

repand 1'effroi chez tous <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> qui habitent sous le<br />

ciel, Deut., n, 25, c'est-a-dire chez <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> limitrophes.<br />

De meme, Deut., xi, 25, et II Par., xx, 29. Toute<br />

la terre qui desirait voir Salomon, III Reg., x, 24, etait<br />

seulement la terre qui avait entendu parler de lui. A la<br />

premiere Pentecote chretienne, il y avait a Jerusalem des<br />

hommes de toute nation qui est sous le ciel, c'est-a-dire<br />

des Juifs de tous <strong>les</strong> pays de la dispersion. Les anciens<br />

exegetes avaient remarque chez <strong>les</strong> ecrivains bibliques<br />

l'emploi de termes absolus et generaux pour exprimer<br />

des faits restreints. S. Jerome, In Isaiam, xm, 5,<br />

t. xxiv, col. 160. II est done permis d'appliquer au recit<br />

du deluge <strong>dans</strong> la Genese ce precede de restriction, qui<br />

est necessaire <strong>dans</strong> d'autres passages bibliques. Ce recit<br />

presente d'ailleurs des indices positifs de restriction. La<br />

colombe ne trouva pas oil poser le pied, parce qu'il y<br />

avait de 1'eau sur la surface de loute la terre. Gen., vm, 9.<br />

L'oiseau voyageur n'avait evidemment pas parcouru le<br />

globe entier, et« toute la terre » designe simplement ici<br />

1'espace que la colombe avait explore. Enfin, <strong>dans</strong> 1'interpretation<br />

du recit biblique, il faut tenir compte du point<br />

de vue subjectif du narrateur et des lecteurs. Or Noe et<br />

ses premiers descendants, Moise et ses contemporains,<br />

ne connaissaient pas le globe entier; leur science geographique<br />

etait bornee. Le recit du deluge, longtemps<br />

transmis par la tradition orale et enfin consigne par ecrit,<br />

est conforme a leurs connaissances. II ne se rapportait<br />

qu'a la terre alors connue d'eux, aux montagnes qu'ils<br />

avaient vues, aux animaux qui <strong>les</strong> entouraient et dont ils<br />

avaient entendu parler. II est done legitime de restreindre<br />

le texte sacre a la terre habitee, et, malgre des apparences<br />

contraires, cette restriction n'est pas en contradiction avec<br />

la narration de Mo'ise. Quant a la parole de saint Pierre,<br />

elle signifierait, si on la prenait a la rigueur, que la terre<br />

fut detruite par 1'eau au temps du deluge comme elle le<br />

sera par le feu a la fin des temps. Toutefois le but de<br />

1'apotre n'est pas de comparer <strong>les</strong> deux catastrophes au<br />

point de vue de 1'etendue, mais seulement au point de vue<br />

de la certitude du fait et des effets produils.<br />

La restriction de 1'universalite du deluge a la terre<br />

habitee n'est pas opposee non plus a la tradition ecc<strong>les</strong>iastique,<br />

qui n'a pas reconnu sans exception 1'universalite<br />

absolue de 1'inondation. L'auteur anonyme des Qusestiones<br />

et responsiones ad orthodoxos, q. xxxiv, Pair,<br />

gr., t. vi, col. 1282, refute quelques ecrivains anciens qui<br />

disaient que le deluge n'a pas envahi toute la terre, mais<br />

seulement <strong>les</strong> contrees que <strong>les</strong> hornmes habitaient alors.<br />

Theodore de Mopsueste soutenait ce sentiment, ainsi que<br />

nous Tapprend au vn« siecle Jean Philopon, De mundi<br />

creations, 1. i, c. xm, <strong>dans</strong> Galland, Bibliotheca veterum<br />

Patrum, Venise, t. xn, 1778, p. 486. Le cardinal<br />

Cajetan, In Genesim, vm, 18 (<strong>dans</strong> ses Opera omnia in<br />

S. S., 5 in-t°, Lyon, 1639,1.1, p. 46), excluait <strong>les</strong> sommets<br />

des plus hautes montagnes. Dans la seconde moitie du<br />

xvii e siecle, trois ecrivains protestants enseignerent 1'universalite<br />

restreinte du deluge. Isaac Vossius, De vera<br />

setate mundi, La Haye, 1659, s'en fit le champion et repondit<br />

aux objections de George Horn, Castigaliones ad<br />

objecta Georgii Hornii, et Auctuarium castigationum ad<br />

scriptum de setate mundi, La Haye, 1659. Abraham van<br />

der Alill avait emis la meme opinion <strong>dans</strong> un ecrit publie<br />

plus tard, De origins animalium et migrations populo~<br />

rum, Geneve, 1667, et Halle, 1705. Son gendre, Andre<br />

Colvius, communiqua le manuscrit de son beau-pere a<br />

Vossius, qui lui adressa une lettre, Ad Andream Colmum<br />

epistola qua refelluntur argumenta qux diversi

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