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s dans les Saintes - Encyclopaedia Gentium Boni

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1535 ECCLESIASTE (LE LIVRE DE L') 1536<br />

tume. II <strong>les</strong> a vecues. On le voit de reste, on 1'eprouve<br />

rien qu'a remarquer le ton vehement, tragique, dont il<br />

ne se depart!t guere. II exagere, il parle en orateur, en<br />

poete parfois; mais avec quel mouvement, quel heurt<br />

de pensees! A part Job peut-etre, nul n'est descendu si<br />

avant <strong>dans</strong> cet inexorable ennui qui fait le fond de la vie<br />

humaine. Voir m, 18-21; iv, 2-16; ix, 11, 12; XH. C'est<br />

par la, en parlant avec exageration des cotes sombres de<br />

la vie, que sa doctrine a donne prise aux objections.<br />

Objections doctrina<strong>les</strong>. — On accuse 1'Ecc<strong>les</strong>iaste d'epicurisme,<br />

de fatalisme, de pessimisme. On trouve qu'il nie<br />

la valeur de la raison, et qu'il ne reconnait pas 1'immortalite<br />

de 1'ame. Reprenons ces affirmations. — 1° Qohelet<br />

admet 1'immortalite de 1'ame. II n'en donne pas la notion<br />

complete, qui etait reservee aux temps nouveaux, mais<br />

il en exprime la notion essentielle, telle qu'il convenait<br />

qu'elle fut alors. II ne peut pas ne pas 1'avoir, car <strong>les</strong><br />

Hebreux des le temps de Moi'se 1'avaient tres certainement.<br />

J. Knabenbauer, Das Zeugniss des Menschengeschlechtes<br />

fur die Unsterblichkeit der Seele, vi es Erganzungsheft<br />

des Stimmen aus Maria-Laach, Fribourg-en-<br />

Brisgau, 1878, p. 9. Et il 1'a en effet. Quoi de plus clair<br />

que XH, 7 : « La poussiere fera retour a la terre, comme<br />

ce qu'elle etait, et 1'esprit reviendra vers Dieu, qui 1'a<br />

donne. » Du reste, sa theorie favorite du jugement<br />

futur <strong>dans</strong> 1'autre vie exige qu'il croie a 1'immortalite. Cf.<br />

m, 17; vm, 1-8, 11; xi, 9; xn, 14. Pas de justice ici-bas,<br />

et cependant il faut une justice ; c'est Dieu qui la rendra<br />

apres la mort. Tel est son raisonnement. Un seul passage<br />

: (Quis novit si spiritus filiorum Adam ascendat<br />

sursum, et si spiritus jumentorum descendat deorsum?)<br />

in, 21, semble contredire. II n'en est rien. Ou bien il<br />

affirme, en effet, 1'idee de survivance, si Ton entend ascendat<br />

sursum de 1'immortalite bienheureuse, et descendat<br />

deorsum de 1'immortalite malheureuse (voir G. Gietmann,<br />

In Eccle., p. 185), ou bien il ne touche pas<br />

meme a la question, si Ton traduit rudf.i, spiritum, par<br />

souffle, et non pas par « esprit »: il s'agirait sirnplement<br />

alors du dernier souffle de 1'homme et de la bete exhale<br />

identiquement, mais dont le lieu de retour serait different,<br />

1'un porte en haul, 1'atitre tombant en has. Voir trois<br />

autres sens au mot AME, t. i, col. 468. Qohelet ne nie<br />

done pas 1'immortalite. — II ne meconnait pas davantage<br />

la valeur de la raison. Quand meme il dirait que «1'homme<br />

ne peut se rendre compte de rien », I, 8; que meme en<br />

se privant de sommeil pour etudier, il « ne saurait jamais<br />

arriver a la comprehension de ce qui se fait sous le soleil<br />

», vm, 16,17; que lui, Qohelet, ayant applique toute<br />

son ame a la sagesse et a la science, il a vu enfin que<br />

« cela aussi n'est que vanite et pature de vent», i, 12-18,<br />

il ne dit rien que de tres orthodoxe : ce n'est pas la capacite<br />

de la raison et sa valeur intime qu'il met en doute,<br />

il ne traite pas cela; mais c'est sa limite <strong>dans</strong> la comprehension<br />

qu'il affirme. La raison ne peut comprendre<br />

tout : est - ce dire qu'elle ne sail rien avec certitude ?<br />

Non, certes. II en exalte ailleurs la force, ix, 14-18; la<br />

lumiere, la gloire, vm, 1; la divine origine, vii, 29. —<br />

2° Passons a 1'accusation de pessimisme. L'Ecc<strong>les</strong>iaste<br />

serait, dit-on, un desenchante, un ennuye incurable, parce<br />

qu'il sent et exprime avec passion le neant des choses<br />

qui occupent le cceur de 1'homme. Mais ne nous trompons<br />

pas. Autre est cette doctrine, et autre le pessimisme<br />

d'un Schopenhauer ou d'un von Hartmann. C. H.Wright,<br />

Ecc<strong>les</strong>iastes, Londres, 1883, e. vi et vn, p. 141-214. La<br />

raison et la foi repudient <strong>les</strong> opinions de ces philosophes;<br />

el<strong>les</strong> admettent au contraire 1'appreciation de 1'Ecc<strong>les</strong>iaste<br />

sur la vie et se,s miseres, parce qu'elle est vraie au fond,<br />

quoique tres noire. Void comment il faut comprendre sa<br />

pensee. Qohelet cherche a etablir 1'homme <strong>dans</strong> 1'usage<br />

modere des choses. Pour y atteindre, il s'efforce d'assombrir<br />

la vie et d'eh exagerer le vide et le neant. II sait que,<br />

lie comme il 1'est aux sens, 1'homme ne se deprendra pas<br />

si totalement de ses illusions qu'il ne lui paraisse toujours<br />

bon et joyeux de vivre : ce sera alors Yaurea mediocritas,<br />

son reve. Qohelet, en effet, est si peu pessimiste<br />

<strong>dans</strong> le sens moderne du mot, que ca et la il interrompt<br />

sa lamentation pour exciter a la vie et a la joie. II n'y a<br />

qu'une chose de bonne : jouir de la vie et de son travail,<br />

manger son pain en liesse, boire son vin en bonne<br />

humeur. m, 22 (Vulgate, 21); vm, 15; ix, 7; xi, 9.<br />

S'il etait pessimiste, il ne pourrait pousser au travail<br />

assidu comme il le fait avec tant d'elqquence. Seme le<br />

matin, et le soir ne laisse pas reposer ta main, xi, 1, 2, 6.<br />

II croit a la Providence qui regit tout, sans que 1'homme<br />

puisse penetrer le secret de ses lois, xi, 11, 12, et il<br />

exhorte celui-ci, malgre cette douloureuse ignorance,<br />

a la piete et a la crainte de Dieu. Certes ce n'est pas<br />

la la doctrine d'un pessimiste. — 3° II n'est pas plus fata^<br />

liste qu'il n'est pessimiste. II a des textes qui semblent<br />

tout assujettir a 1'aveugle hasard. ix, 11, 12. L'homme,<br />

d'apres d'autres passages, ne saurait agir librement : sa<br />

vie, son sort, sa condition ne sont pas <strong>dans</strong> sa main,<br />

n, 15, 16, 26. Tout ce que Dieu a fait restera eternellement<br />

ce qu'il 1'a fait. Rien n'y peut etre change ni retranche,<br />

in, 14, 15. II est possible, a ne prendre que <strong>les</strong><br />

mots, d'entendre <strong>les</strong> textes <strong>dans</strong> ce sens. Mais, en fait,<br />

ce n'est tres certainement pas celui qu'il faut leur donner.<br />

Les interpreter de la sorte, ce serait nier 1'action<br />

divine <strong>dans</strong> le monde et <strong>dans</strong> 1'homme la liberte. Or il<br />

est incontestable que ces deux dogmes sont acceptes par<br />

1'auteur de 1'Ecc<strong>les</strong>iaste. II reconnait une loi generate<br />

immuable, devant laquelle tout finit par plier; mais en<br />

meme temps <strong>les</strong> miseres de la vie, dont il parle sur un<br />

ton si amer, il <strong>les</strong> dit expressement causees par la volonte<br />

de Dieu. m, 11, 14; vi, 2, 10; vii, 14,15; vm, 3, 8; x, 5.<br />

II <strong>les</strong> rapporte aussi a la volonte de 1'homme. vn, 30.<br />

Partout il parle de la liberte humaine. II invite a la piete,<br />

il exhorte a la moderation, il veut que Ton cultive la<br />

sagesse, 1,13-18; vm, 16-17; il oppose la vraie prudence<br />

a la prudence mondaine. vi, 5, 12, 20; vn, 1, 5; ix, 13;<br />

x, 12; xii, 10. Est-ce le fait d'un sage qui nie la liberte?<br />

De plus, la cause de tous ces maux, dont il se plaint,,<br />

c'est Tabus qu'a fait le premier homme de sa liberte, le<br />

peche originel. vn, 30. La doctrine de 1'Ecc<strong>les</strong>iaste n'est<br />

done nullement le fatalisme. — 4° On 1'a accuse d'epicurisme.<br />

Personne ne songe a nier qu'il y a <strong>dans</strong> son livre<br />

des mots et des textes qui d'apparence justifient 1'accusalion.<br />

— 1. Les mots ou expressions'qu'on releve sont:<br />

y'okal vesdtdh (comedere et bibere), n, 24, cf. v, 18<br />

(hebreu, 17); vm, 15; rd'dh fob (videre bonum), in, 13;<br />

sdmah (Isstari), m, 12, 22. Ecartons 'dsdh fob (facers<br />

bene), m, 12, qui n'a pas le sens de « se rejouir », qu'on<br />

lui donne. — 2. Les textes sont: n, 10; in, 12, 22, 23, 24;<br />

v, 17; vm, 15; ix, 7, 8, 9; xi, 9. Dans tous ces passages,<br />

1'Ecc<strong>les</strong>iaste invite a jouir de la vie, mais une sage exegese<br />

<strong>les</strong> explique sans difficulte. — 1. Par eux-memes<br />

d'abord, <strong>les</strong> mots n'enoncent pas necessairement 1'epicurisme,<br />

c'est evident. Us sont peut-etre litterairement peu<br />

delicats; mais qui ne sait que 1'hebreu ne doit'pas se<br />

juger comme nos langues occidenta<strong>les</strong>? 11s ne signifient<br />

pas autre chose que: jouir de la vie et des biens qu'elle<br />

nous offre. Or cela meme, regie par la droite raison,<br />

n'est pas Tepicurisme, mais la simple et honnete morale<br />

convenant a ces temps-la. — 2. Les textes n'ont pas ua<br />

autre sens, il faut <strong>les</strong> interpreter selon <strong>les</strong> deux grandes<br />

pensees du livre. La premiere pensee est exprimee <strong>dans</strong><br />

ces passages d'une indicible melancolie ou se sent le vide ,<br />

des emotions humaines epuisees jusqu'au degout. Voila/<br />

un exces, un desordre qui n'est pas selon la raison. Pour<br />

le redresser et placer 1'homme <strong>dans</strong> le vrai, 1'auteur<br />

ramene celui-ci a 1'usage regie de la vie, dont la condition<br />

est Yaurea mediocritas du poete : c'est la seconde<br />

pensee generate. Qu'il faille le comprendre ainsi, c'est ce<br />

qu'il montre lui - meme clairement, quand il dit cent fois<br />

que cette joie de vivre est un « don » de Dieu, qu'elledoit<br />

etre jointe au « travail », a « la crainte de Dieu », a.

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