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s dans les Saintes - Encyclopaedia Gentium Boni

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489 CHAIR DES ANIMAUX 490<br />

— D'apres plusieurs commentateurs juifs, la chair des animaux<br />

etait defendue avant le deluge; ils en trouvent la<br />

preuve <strong>dans</strong> la comparaison des deux textes, Gen., i, 29-30,<br />

et ix, 2-3. Dans le premier, Dieu assigne a Adam sa nourriture,<br />

et il n'y est question que des fruits de la terre et<br />

des arbres; <strong>dans</strong> le second, Dieu assigne la nourriture<br />

des Noachides, disant expressement : a Tout ce qui a vie<br />

et mouvement sera votre nourriture; je vous abandonne<br />

tout cela comme 1'herbe verte, keyereq 'eseb. » Cette<br />

derniere expression merite d'etre remarquee. Dieu avail<br />

deja permis a Adam <strong>les</strong> fruits de la terre; afin de faire bien<br />

comprendre a Noe qu'il lui permettait aussi la chair des<br />

animaux, il dit: « Je vous abandonne tout cela comme je<br />

vous ai abandonne <strong>les</strong> fruits de la terre; » ce qui suppose,<br />

d'apres ces interpretes, qu'avant cette derniere permission,<br />

c'est-a-dire avant le deluge, <strong>les</strong> fruits de la terre<br />

seuls etaient permis aux enfants d'Adam. Cf. Selden, De<br />

Jure naturali, Wittenberg, 1770, p. 829-830. Cette interpretation<br />

des Juifs a ete suivie par Lightfoot, <strong>dans</strong> sa<br />

Chronica temporum, ad Gen., ix, Opera omnia, Utrecht,<br />

1699, t. i, p. 9. Parmi <strong>les</strong> catholiques qui ont suivi cette<br />

opinion, Cornelius a Lapide, Gen., I, 29 et ix, 3, edit.<br />

Vives, p. 73, 153, cite Nicolas de Lyra, Alphonse Tostat<br />

et Denys le Chartreux (tous trois, ad Gen., i, 29). Leur<br />

raison est la meme que celle des commentateurs juifs. La<br />

tradition pai'erme semble aussi favoriser cette opinion.<br />

At vetus ilia Betas, cui fecimus Aurea nomen,<br />

Fottibus avboreis, et, quas humus educat, herbis<br />

Fortunata fuit, nee polluit ora cruore,<br />

dit Ovide, Metwn., xv, 96-98, edit. Lemaire, Paris,<br />

•1822, t. iv, p. 502; cf. Metam., i, 89-106, ibid., t. in,<br />

p. 56-60. Virgile, Georg., i, 125-128, edit. Lemaire, t. i,<br />

p. 268; Varron, De re rust., II, i, Opera quse supersunt,<br />

edit. Henri Estienne, 1581, p. 58; Plutarque, Ilep'c aoep-<br />

-/ocpayta;, n, 3, 4, edit. Didot, p. 1220-1221; Porphyre,<br />

llep\ airox/jc (De abstinentia), iv, 2, 15, edit. Didot,<br />

p. 68, 78-79, et saint Jerome, Contra Jovin., 11, 13,<br />

t. xxin, col. 302, constatent aussi cette tradition pa'ienne.<br />

Neanmoins nous regardons comme plus probable 1'opinion<br />

d'apres laquelle, meme avant le deluge, la chair<br />

des animaux etait permise. Cette opinion est beaucoup<br />

plus commune parmi <strong>les</strong> commentateurs Chretiens, catholiques<br />

ou autres. Elle eSt soutenue par Cajetan, Gen.,<br />

iv, 2, et ix, 2-3, Opera, 3 in-f°, Lyon, 1639, t. i,<br />

p. 32, 51; Dom. Soto, De justitia et jure, lib. v, q. 1,<br />

art. i; Pererius, In Gen., Lyon, 1610, t. n, p. 319-325;<br />

Cornelius a Lapide, Gen., ix, 2-3, p. 153; Leydekker, De<br />

Jiepublica Hebrssorum, Amsterdam, 1704, p. 28. Pour<br />

prouver cette opinion, quelques auteurs traduisent ainsi,<br />

Gen., i, <strong>les</strong> py. 29 et 30 : « Void que je vous ai donne toutes<br />

<strong>les</strong> plantes..., et tous <strong>les</strong> fruits des arbres..., afin qu'ils<br />

soient votre nourriture, avec tous <strong>les</strong> animaux de la terre,<br />

ct avec toutes <strong>les</strong> herbes vertes... »; comme si Dieu, des<br />

le commencement du monde, assignait aux hommes,<br />

comme nourriture : 1. <strong>les</strong> plantes et <strong>les</strong> fruits des arbres;<br />

2. <strong>les</strong> animaux de la terre; 3. <strong>les</strong> herbes ver<strong>les</strong>. — II est<br />

evident que, si cette interpretation est admise, il n'y a<br />

plus de discussion, et que la seconde opinion est la seule<br />

vraie. Mais cette interpretation ne peut pas se soutenir;<br />

car: 1. Les mots qui commencent le y. 30, ulekol hayyat<br />

ha-'dre's, doivent, a cause du T , le, se traduire par le<br />

datif « et a tous <strong>les</strong> animaux de la terre, » et non pas<br />

« avec tous <strong>les</strong> animaux de la terre », le b ayant tres difficilement<br />

ce dernier sens. — 2. Ces auteurs supposent,<br />

<strong>dans</strong> le y. 30, un i, vav, avant <strong>les</strong> mots 'et kol yereq,<br />

de maniere qu'ils puissent traduire : «. et avec toutes<br />

<strong>les</strong> herbes, etc. »; rnais ce i, indispensable a leur opinion,<br />

ne se trouve que <strong>dans</strong> un tres petit nombre d'exemplaires<br />

de la Genese. — 3. Dans le f. 29, Dieu assigne a<br />

1'liomme <strong>les</strong> plantes, 'Use'b, comme une partie de sa nourriture;<br />

pourquoi, duns le y. 30, repete-t-il la meme<br />

chose, et <strong>dans</strong> <strong>les</strong> merries termes? Cf. Rosenrniiller,<br />

In Gen., i, 30, Leipzig, 1821, t. i, p. 87-88. II faut done<br />

rejeter cette interpretation, et admettre, avec 1'universalite<br />

morale des commentateurs, que <strong>dans</strong> le f. 29, Dieu<br />

assigne la nourriture de l'homme, et, <strong>dans</strong> le f. 30, celle<br />

des animaux : « Yoici que je vous ai donne toutes <strong>les</strong><br />

plantes, et tous <strong>les</strong> fruits des arbres, afin qu'ils soient<br />

votre nourriture, et (j'ai donne) a tous <strong>les</strong> animaux de<br />

la terre... 1'herbe verte pour nourriture. »<br />

Mais nous n'avons pas besoin de faire subir ces contorsions<br />

aux yy. 29 et 30 du premier chapitre de la Genese,<br />

pour prouver que la chair des animaux etait permise<br />

avant le deluge. II nous suffit, pour cela, de faire 1'argument<br />

suivant. Quand un acte est autorise par le droit<br />

naturel, il faut, pour que cet acte devienne interdit, un<br />

precepte clair et formel emanant de 1'autorite legislative.<br />

C'est ainsi que, le droit naturel permettant a Adam<br />

de manger du fruit de tous <strong>les</strong> arbres du paradis terrestre,<br />

il a fallu, pour lui interdire le fruit d'un de ces arbres,<br />

un commandement divin, clair et precis. La chair des<br />

animaux etant permise par le droit naturel, il aurait fallu,<br />

pour que cet aliment fut interdit a l'homme avant le<br />

deluge, un commandement de Dieu, expres, clair et precis.<br />

Or, de ce commandement, nous ne trouvons trace<br />

nulle part. Les seuls textes apportes par <strong>les</strong> adversaires<br />

pour prouver Fexistence de ce commandement, ce sont,<br />

nous 1'avons dit, <strong>les</strong> textes rapproches et compares, Gen.,<br />

i, 29-30 et ix, 2-3. Mais il est impossible d'y voir un<br />

commandement formel, impose a l'homme, de s'abstenir<br />

de la chair des animaux; que 1'on compare ces textes<br />

aux jt'jL 16 et 17, Gen., n, ou Dieu imposa a Adarn un<br />

veritable precepte, et Ton touchera du doigt la difference.<br />

Que fait done Dieu <strong>dans</strong> <strong>les</strong> versets, Gen., I, 29-30, et<br />

ix, 2-3? II indique a l'homme quelle sera sa meilleure<br />

nourriture suivant <strong>les</strong> temps et <strong>les</strong> lieux, semblable a un<br />

pere de famille qui abandonne a ses enfants d'abondantes<br />

provisions, mais qui, par prudence, leur indique <strong>les</strong> aliments<br />

qui leur seront plus profitab<strong>les</strong>. Dieu, d'une part,<br />

abandonne a l'homme toute sa creation: « Remplissez la<br />

terre, assujettissez-la, et dominez sur <strong>les</strong> poissons de<br />

la mer, sur <strong>les</strong> oiseauxdu ciel, etc., »'Gen., i, 28, et puis<br />

il signale <strong>les</strong> aliments qui seront pour lui, en ce tempsla,<br />

<strong>les</strong> meilleurs, y-. 29. Apres-le deluge, a cause, sans<br />

doute, de 1'appauvrissement du sol et de 1'affaiblissement<br />

de la constitution physique de rhomme, il signale, de<br />

plus, a Noe, comme nourriture, la chair des animaux.<br />

Gen., ix, 3. Telle est, croyons-nous, 1'explication la plus<br />

simple et la plus naturelle des textes cites; ils ne renferrnent<br />

pas un commandement, mais une simple indication<br />

, et, tout au plus, un desir, un conseil de Dieu. C'est<br />

ce desir et ce conseil qu'ont suivis <strong>les</strong> hommes <strong>les</strong> plus<br />

justes et <strong>les</strong> plus religieux de cette epoque, comme Seth<br />

et sa posterite, et c'est ce qui a pu donner lieu aux traditions<br />

poetiques, et probablement un peu histor^ques de<br />

1'age d'or.<br />

2° A partir du deluge. — Dieu, Gen., ix, 3, declare aux<br />

Noachides que la chair des animaux leur est permise;<br />

mais il ajoute, )'. 4 : « Excepte que vous ne mangerez pas<br />

la chair melee avec le sang. » Quel est le sens de cette restriction<br />

? Pour la bien comprendre, il faut avoir sous <strong>les</strong><br />

yeux le texte hebrai'que : •'-zxn xb im >^s:n ~!r""jS, 'akbdsdr<br />

benafso ddnw Id' fo'kelu. La traduction litterale est<br />

celle-ci: « Excepte que vous ne mangerez pas la chair <strong>dans</strong><br />

(ou avec) son ame, son sang. » Les mots « son sang » sont<br />

ajoutes, par une sorte d'apposition, aux mots « son ame ».<br />

Le sens direct et immediat est done : « Vous ne mangerez<br />

pas d'une chair encore animee de son sang. » Les Septante<br />

ont traduit: ID.T.v -/.pea; iv aIp.aTi c-J'/'O? °'- ) ?iy£^9s><br />

« excepte que vous ne mangerez pas la chair avec le sang<br />

de Fame, c'est-a-dire avec le sang de la vie, le sang<br />

vital. » Aquila: n/r,-/ y.plsc; sv J/uy_^ a-j-rot a?[jia a-j^oO o-i<br />

saysaOs. Symmaque : H),T,V v.psa; o-j a"jv ^y/^ aifia a-j-<br />

•:o-3, etc. La Vulgate : Excepto quod carnem cum sanguine<br />

non comedelis. On le voit, d'apres toutes ces ver-

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