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s dans les Saintes - Encyclopaedia Gentium Boni

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243 CARAITE 244<br />

obscures. A en croire <strong>les</strong> rabbins modernes, cetle secte<br />

remonterait seulement au vm e siecle; son fbndateur serait<br />

Anan, fils de David. A la mort de son oncle Salomon<br />

(761), qui etait r'os gelutd, « chef de la captivite » de Babylone,<br />

la succession lui revcnait comme de droit; mais<br />

on lui prefera son frere cadet, Hanania, qui cependant<br />

lui etait inferieur en merites. B<strong>les</strong>se de cette preference,<br />

il se serait venge en se separant des rabbanites et en<br />

fondant avec ses partisans une secte nouvelle, qui recut<br />

le nom d'ananites, puis celui de bene miqrd', et entin<br />

celui de qara'im, « caraites. » II faut dire que <strong>les</strong> rabbanites<br />

en genera] parlent assez mal de leurs adversaires,<br />

et sont suspects <strong>dans</strong> leurs appreciations a leur endroit.<br />

Les caraites de leur cote disent que leur parti existait<br />

•de'ja au temps d'Anan, et que celui-ci ne fut pas accepte<br />

•comme chef par <strong>les</strong> rabbanites precise'ment a cause de<br />

ses idees, et parce que ces derniers, sous le gouvernement<br />

d'Hanania, esperaient avoir plus facilement raison<br />

de leurs adversaires. Embrassant alors avec chaleur la<br />

cause des caraites, Anan <strong>les</strong> de'fendit centre <strong>les</strong> violences<br />

de leurs ennemis et fut comrne le restaurateur de la<br />

secte. En face de ces traditions contradictoires, on peut<br />

•dire que 1'esprit de la secte est certainement plus ancien<br />

que le Yin 6 piecle : la reaction contre <strong>les</strong> subtilites et <strong>les</strong><br />

•exigences tyranniques du rabbinisme dut se faire sentir<br />

beaucoupplus tot. Les sadduceens autrefois avaient secoue<br />

le joug des pharisiens, dont <strong>les</strong> rabbins ont continue<br />

1'esprit. Probablement ce furent <strong>les</strong> idees plus larges et<br />

plus independan<strong>les</strong> d'Anan qui le firent ecarter par <strong>les</strong><br />

partisans des traditions talmudiques. A son epoque, en<br />

effet, le mouvement d'opposition dut s'accentuer davantage,<br />

sous 1'irifluence de la philosophic arabe sur <strong>les</strong> Juifs<br />

de Babylone. De plus, des le commencement des Abbassides,<br />

un certain nombre de Juifs furent en faveur a la<br />

cour des califes; ils profiterent de leur position pour se<br />

;soustraire a 1'autorite du chef de la captivite, dont <strong>les</strong><br />

prescriptions devenaient insupportab<strong>les</strong>. Leur situation et<br />

leurs idees philosophiques <strong>les</strong> amenerent peu a peu a se-<br />

-couer le joug de la tradition talmudique; et lorsque Anan,<br />

favorable a leurs idees, fut mis de cole par <strong>les</strong> rabbanites,<br />

il trouva un parti tout pret a le soutenir. — Bien qu'il<br />

y ait des rapports de tendance et d'idees entre <strong>les</strong> caraites<br />

et <strong>les</strong> sadduceens, il ne faut pas cependant <strong>les</strong> confondre<br />

avec ces derniers et <strong>les</strong> regarder comme la continuation<br />

de leur secte : certains points de doctrine <strong>les</strong><br />

diffe'rencient nettement.<br />

II. DOCTRINE. — Les caraites rejettent <strong>les</strong> traditions<br />

rabbiniques pour s'atlacher a 1'Ecriture. Ce sont, comme<br />

on 1'a dit, <strong>les</strong> protestants du judaisme. Us ne rejettent<br />

pas cependant toute tradition, mais toute cette superfetation<br />

de traditions minutieuses, souvent bizarres, qui<br />

forment le Talmud. Voici en resume <strong>les</strong> principaux artic<strong>les</strong><br />

de leur croyance, dont plusieurs concernent <strong>les</strong><br />

Ecritures. Le monde a ete cree; il est 1'oeuvre d'un Dieu<br />

•eternel, unique, personnel, qui a envoye Moise auquel<br />

il a donne sa loi parfaite. Dieu a inspire aussi <strong>les</strong> autres<br />

prophe<strong>les</strong>. Le vrai croyant doit connaitre le texte de 1'Ecriture<br />

et sa signification; sa signification est claire par ellememe,<br />

sans qu'il soit besoin d'addition humaine. Dieu<br />

recompensera chacun selon ses ceuvres, et au jour du jugement<br />

il ressuscitera <strong>les</strong> morts. En cette vie Dieu n'abandonne<br />

pas <strong>les</strong> hommes; il <strong>les</strong> corrige et <strong>les</strong> ameliore par<br />

<strong>les</strong> epreuves jusqu'a ce qu'ils soient dignes d'etre sauves<br />

par le Messie, fils de David. — Sauf le rejet des traditions,<br />

ce sont done au fond <strong>les</strong> memes points de doctrine que<br />

<strong>les</strong> rabbanites, auxquels est attache'e la majorite des Juifs.<br />

II est a remarquer qu'ils ont toujours ete moins opposes<br />

aux Chretiens que <strong>les</strong> autres Juifs. Quant a 1'interpreta- j<br />

tion de 1'Ecriture, elle est en general plus litterale, plus<br />

rationnelle que celle des rabbanites des premiers temps.<br />

Negligeant <strong>les</strong> traditions talmudiques, ils se sont attaches<br />

davantage a 1'etude du texte en lui-meme, et ont fait<br />

progresser la science grammaticale et philologique de<br />

1'hebreu; et ils n'ont pas ete sans influence sur le retour<br />

de certains rabbins celebres a 1'etude de la langue et du<br />

texte. Du reste, leurs principes d'interpre'tation se trouvent<br />

en realite <strong>dans</strong> la Mischna; mais ils ont eu le merite de<br />

ne pas abandonner ces principes rationnels pour urie<br />

exegese purement morale ou cabalistique. — Dans <strong>les</strong><br />

observances, il existe plusieurs differences entre <strong>les</strong> caraites<br />

et <strong>les</strong> rabbanites, notamment pour la fixation de la<br />

Paque. Ils rejettent <strong>les</strong> phylacteres, etc.<br />

III. DEVELOPPEMENT DE LA SECTE ET PRINCIPAUX ECRI-<br />

VAixs. — Animee d'un ardent proselytisme, la secte se<br />

repandit rapidement en Babylonie et en Perse. Dans ce<br />

dernier pays, vers 820, Benjamin Nahawendi se fit connaitre<br />

par un commentaire du Pentateuque et un sefer<br />

ham-misevot, « livre des preceptes, » ou il suit la methode<br />

et 1'esprit d'Anan. — La colonie de Jerusalem remonte<br />

a Anan lui-meme, qui fut oblige par ses adversaires de<br />

s'y refugier; elle prit une telle importance, que, jusqu'en<br />

1099, ce fut la residence de leur patriarche ou<br />

nasi, pris du reste <strong>dans</strong> la famille d'Anan. Dans la premiere<br />

moitie du x e siecle, Yapheth ben Ileli de Bassora<br />

y donna un commentaire des Psaumes. Au xi e siecle,<br />

une ecole s'y forma autour de Josue ben Juda, Aboul<br />

Faradj; elle s'occupa de traduire <strong>les</strong> ceuvres caraites<br />

ecrites en arabe, pour <strong>les</strong> repandre <strong>dans</strong> d'autres contrees.<br />

Apres la prise de Jerusalem par <strong>les</strong> croises (1099),<br />

ils se disperserent <strong>les</strong> uns a Alep, d'autres en Egypte,<br />

a Constantinople et en Espagne. Ce fut un eleve de Josue<br />

ben Juda, un zele cara'ite du nom de Ibn Altaras, qui<br />

transporta en Espagne avec <strong>les</strong> ouvrages de son maitre<br />

<strong>les</strong> principes de sa secte; ils s'y multiplierent et y acquirent<br />

une influence qui fut sur le point de ruiner 1'autorite'<br />

des rabbani<strong>les</strong>; mais cette influence fut passagere,<br />

car apres Ibn Ezra on n'en entend plus parlor. II n'en<br />

fut pas de meme en Egypte, ou ils s'e'taient etablis vers<br />

la meme epoque. Le Caire fut pendant longtemps, apres<br />

Jerusalem, le siege de leur chef, et leur communaute<br />

y fut tres florissante. Un des plus celebres ecrivains caraites<br />

y vecut et. y mourut (1369), Aaron ben Elie; il<br />

y donna son 'Es hayim, « Arbre de vie, » traite de philosophie<br />

religieuse qui rappelle le Guide des egares de<br />

Maimonide. Aussi l'a-t-on nomme quelquefois le Maimonide<br />

du caraisme. Ses principes d'interpre'tation, qui<br />

furent ceux de sa secte, sont exposes <strong>dans</strong> cet ouvrage.<br />

Constantinople, plus encore que le Caire, fut le centre litteraire<br />

du caraisme apres leur emigration de Jerusalem,<br />

au xi e siecle. Vers 1150, Juda ben Elie Hadassi, y donne<br />

son 'Eskol hakkofer, ou sont formu<strong>les</strong> avec precision<br />

<strong>les</strong> dogmes du caraisme et <strong>les</strong> differences qui le separent<br />

du rabbanisme. La aussi vecut, au xm e siecle, le premier<br />

des auteurs de la secte, Aaron ben Joseph, celebre par<br />

ses commentaires sur la plus grande partie de la Bible,<br />

ses essais de grammaire et de critique sacree et son livre<br />

des prieres a 1'usage des caraites. Ceux-ci ont encore une<br />

communaute a Constantinople. Mais ils sont plus nombreux<br />

en Lithuanie, en Moldavie, en Valachie, en Galicie<br />

surtout, oii ils jouissent d'immunites grace a une charte<br />

remontant au roi Etienne de Hongrie (1578); ils sont<br />

exemptes de certains impots que payent <strong>les</strong> aulres Juifs.<br />

Les caraites ont aussi de nombreux etablissernenls en<br />

Crimee, ou ils paraissent s'etre etablis des le xn e siecle,<br />

lorsqu'ils furent chasse's de Castille. Au xvn e siecle, cette<br />

colonie etait florissante. Ils y ont encore une tres belle<br />

synagogue a Bakhtchisara'i; c'est a celle de Tschufuttkale<br />

que fut trouve le Codex Babylonicus Petropolitanus<br />

(t. i, col. 1359). — On estime actuellement le nombre des<br />

caraites a six mille environ. Ils n'ont plus de patriarche<br />

unique; chaque comjnunaute s'administre isolement, sous<br />

la direction d'un hdkdm, qui remplit <strong>les</strong> fonctions de<br />

rabbin chez <strong>les</strong> autres juifs.<br />

IV. BIBLIOGHAPHIE. — Les caraites etaient restes longtemps<br />

inconnus en Occident, en France, en Italie, en<br />

Allemagne; ce sont <strong>les</strong> travaux du P. Morin, Exerci~

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