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s dans les Saintes - Encyclopaedia Gentium Boni

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493 CHAIR DES ANIMAUX 494<br />

leur faire observer cette defense avec plus de fidelite et<br />

par des vues plus elevees, Moise pretend leur inspirer<br />

pour le sang un certain respect religieux, soit en <strong>les</strong> assurant<br />

que Dieu lui-meme se reserve le sang comme une<br />

offrande expiatoire pour leurs peches, soit en leur repetant,<br />

sous toutes <strong>les</strong> formes, que le sang c'est la vie<br />

meme des animaux. Lev., xvn, 14; Detit., xn, 23. Cf.<br />

Rosenmiiller, In Lev., xvn, 11, Leipzig, 182i, t. n,<br />

p. 108. Cette derniere pensee etait familiere aux ecrivains<br />

sacres, on sait que <strong>les</strong> anciens mettaient <strong>dans</strong> le sang le<br />

siege de la vie. Voir Virgile, JEn., I, 116-119; ix, 349; etc.<br />

— 2. Un passage du Levitique, xix, 26 : « Vous ne mangerez<br />

rien avec le sang, vous n'userez pas d'augures,<br />

vous n'observerez pas <strong>les</strong> songes, » nous fait entrevoir un<br />

. autre mqtif d'interdire 1'usage du sang aux Israelites.<br />

C'est que le sang, a cette epoque, etait employe a des<br />

pratiques magiques, superstitieuses et idolatriques; boire<br />

le sang etait une- pratique du culte des ido<strong>les</strong>. C'etait<br />

une croyance repandue <strong>dans</strong> <strong>les</strong> premiers siec<strong>les</strong> de notre<br />

ere, et qui venait evidemment d'une tradition tres antique,<br />

que le sang etait la nourriture des dieux ou des demons.<br />

Nous avons, comme temoins de cette croyance, des auteurs<br />

extremement graves. Origene dit ces paro<strong>les</strong> remarquab<strong>les</strong><br />

: « Quant a ce qui regarde <strong>les</strong> chairs etouftees,<br />

comme le sang n'en est pas exprime, et que le sang,<br />

dit - on, est la nourriture des demons, qui se repaissent<br />

des parties qui s'en exhalent, FEcriture nous interdit le<br />

.sang, afin que nous ne nous nourrissions pas de la nourriture<br />

des demons. Car peut-etre, si nous mangions des<br />

chairs etouffees, quelques-uns de ces esprits en mangeraient<br />

avec nous; voila aussi pourquoi nous nous abstenons<br />

du sang ». Cont. Gels., vm, 30, t. xi, col. 1559. Et<br />

le savant docteur ne dit pas cela une fois en passant, il<br />

le repete en beaucoup d'autres endroits. Cont. Gels., iv,<br />

32, t. xi, col. 1075; vn, 5, col. 1417; VIH, 60, col. 1607;<br />

vm, 62, col. 1610; vm, 63, col. 1611; Exhort, ad Martyr.,<br />

45, t. xi, col. 622-623. Comme on le voit par ce dernier<br />

passage, et par d'autres, par exemple, De Princip.,<br />

Procem., 8, t. xi, col. 120, Origene pensait que <strong>les</strong> demons,<br />

c'est-a-dire <strong>les</strong> faux dieux des paiiens, ont un<br />

corps aerien, et que, pour soutenir ce corps, ils ont besoin<br />

d'une certaine nourriture. Or, d'apres 1'opinion dont il<br />

•est le temoin, cette nourriture consiste surtout <strong>dans</strong> <strong>les</strong><br />

exhalaisons qui s'echappent du sang des victimes. La<br />

meme opinion est rapportee par Tertullien, Apolog.,<br />

22, 23, t. i, col. 407, 415; Athenagore, Legal, prochrist.,<br />

26-27, t. vi, col. 952-953, et plusieurs autres; cf. Wetstenius,<br />

note sur Origene, <strong>dans</strong> Migne, t. xi, col. 621-625.<br />

Ces auteurs avaient emprunte cette opinion aux pai'ens,<br />

chez qui elle etait commune; leurs sages 1'enseignaient,<br />

au temoignage de Celse, <strong>dans</strong> Origene, Cont. Gels., vm, 60,<br />

t. xi, col. 1607. C'est ce qui excitait la bonne humeur de<br />

Lucien, De Sacriftciis, Opera, Paris, 1615, p. 185. Dans<br />

Homere, non seulement <strong>les</strong> dieux, mais encore <strong>les</strong> ames<br />

des defunts, aspiraient et buvaient le sang des victimes,<br />

comme on peut le voir Odyss., x, 35 et suiv. Maimonide,<br />

parlant des Zabiens. partisans du mazdeisme, dit qu'ils<br />

boivent le sang des animaux, parce que, selon eux, c'est<br />

la nourriture des dieux. More Nebochini, in, 46, traduction<br />

Buxtorf, p. 484. Voila pourquoi, <strong>dans</strong> <strong>les</strong> sacrifices<br />

des pai'ens, on versait en abondance le sang des<br />

victimes, afm d'apaiser et de satisfaire <strong>les</strong> dieux, en <strong>les</strong><br />

regalant; voila pourquoi aussi <strong>les</strong> pai'ens buvaient le sang<br />

des victimes, afm, pour ainsi dire, de partager la nourriture<br />

de leurs dieux, et de temoigner par la une union<br />

plus etroite et plus intime avec eux. D'apres Michaelis,<br />

Mosaisches Recht, 206, t. iv, p. 220-221, c'etait une<br />

coutume, chez <strong>les</strong> nations paiennes de 1'Asie, de boire<br />

du sang des animaux <strong>dans</strong> <strong>les</strong> sacrifices offerts aux ido<strong>les</strong><br />

et <strong>dans</strong> la prestation des serments. En Perse, particulierement,<br />

1'usage du sang comme boisson <strong>dans</strong> <strong>les</strong> sacrifices<br />

etait tellement recu que, <strong>dans</strong> <strong>les</strong> lernps de persecution,<br />

on forcait <strong>les</strong> Chretiens d? ce pays a boire du<br />

sang, comme on <strong>les</strong> forcait ailleurs a bruler de 1'encens;<br />

Tun et 1'autre etaient egalement des signes d'apostasie.<br />

On buvait aussi egalement le sang des victimes <strong>dans</strong> <strong>les</strong><br />

temp<strong>les</strong> de la Grece et de Rome. Valere Maxime, V, vi, 3,<br />

edit. Lemaire, 1822, t. i, p. 395; Acta Fratrum Arvalium,<br />

edit. Henzen, Berlin, 1874, p. 21, 23-24; Prudence,<br />

Perist., x, 1011-1040, t. LX, col. 520-523. Tous <strong>les</strong><br />

auteurs s'accordent a signaler 1'existence de ce rite idolatrique<br />

chez <strong>les</strong> nations paiennes. Kuinoel, In Acta<br />

Apostolorum, xv, 20, Leipzig, 1827, p. 520; Spencer, De<br />

Legibus Hebrseorum Ritualibus, La Haye, 1686, p. 450-451.<br />

— Des lors 1'obligation de s'abstenir du sang, pour <strong>les</strong><br />

Israelites, s'eclaire d'un nouveau jour. Tout le monde<br />

sait qu'un des buts prmcipaux de Moise, <strong>dans</strong> ses lois,<br />

c'etait d'ecarter a tout prix 1'idolatrie de son peuple; afin<br />

d'atteindre cette fin plus surement, il .ui defend, et avec<br />

une grande severite, non seulement 1'idolatrie proprement<br />

dite, mais encore <strong>les</strong> pratiques qui, quoique permises<br />

absolument par le droit naturel, faisaient cependant<br />

partie du culte idolatrique chez <strong>les</strong> nations paiennes, voisines<br />

d'lsrael. Tel etait 1'usage de boire le sang des anirnaux.<br />

Voila pourquoi Moise defend cette pratique avec<br />

tant de rigueur, et c'est la ce qui explique, soit 1'insistance<br />

avec laquelle il intime cette defense, soit la gravite<br />

des peines dont il menace <strong>les</strong> delinquants, soit le caractere<br />

universel de cette loi, qui atteignait non seulement<br />

<strong>les</strong> Juifs proprement dits, mais encore, a la difference<br />

de beaucoup d'autres lois, <strong>les</strong> etrangers qui vivaient parmi<br />

<strong>les</strong> Juifs. Aussi plusieurs auteurs disent que le motif que<br />

nous exposons fut la raison principale qui fit defendre<br />

aux Israelites 1'usage du sang. Maimonide, cite plus haut,<br />

fait meme cette remarque, que Dieu n'a prononce que<br />

deux fois ces terrib<strong>les</strong> paro<strong>les</strong> : « Je poserai ma face<br />

centre lui; » une fois contre le pere qui immole son fils<br />

a Moloch, Lev., xx, 3; 1'autre fois contre celui qui boirait<br />

du sang, Lev., xvn, 10. More Nebochim, endroit<br />

cite, p. 484. — 3. Un troisieme motif, qui n'est pas le<br />

principal, et qui n'est pas indique <strong>dans</strong> le texte, mais<br />

qui certainement n'a pas echappe au legislateur, c'est le<br />

point de vue hygienique. Ce motif est signale par d'ancieris<br />

commentateurs, par exemple, Pererius, In Genesim,<br />

Lyon, 1610, t. 2, p. 335-336, et meme par saint<br />

Jean Chrysostome : « Le sang des animaux, dit ce Pere,<br />

est lourd, terrestre, melancolique, et le principe d'un<br />

grand nombre de maladies; c'est pourquoi Moi'se 1'a interdit.<br />

» In Genesim, Horn, xxvn, 5, t. mi, col. 246.<br />

Notre langage est different aujourd'hui, mais le fond est<br />

le meme. Parlant de ces prohibitions de Moi'se, le docteur<br />

Gueneau de Mussy s'exprime ainsi: « C'est <strong>dans</strong> le<br />

sang que circulent <strong>les</strong> germes d'un grand nombre de<br />

maladies infectieuses; <strong>les</strong> animaux doivent (d'apres la loi<br />

de Mo'ise) etre saignes, avant d'etre appe<strong>les</strong> pour servir<br />

a 1'alimentation. » Etude sur I'hygiene de Moise, in-8°,<br />

Paris, 1885, p. 8-9, <strong>dans</strong> F. Vigouroux, Les Livres Saints,<br />

1887, t. in, p. 617. II n'esl personne qui ne reconnaisse<br />

la sagesse de cette loi mosaiique, au point de vue hygienique<br />

en general, et plus specialement pour 1'Orient, ou<br />

la question de 1'alimentation reclame des soins tres particuliers.<br />

D'apres plusieurs auteurs, c'est meme la le<br />

motif pour lequel Moise a ecarte absolument, meme du<br />

culte du vrai Dieu, 1'usage de boire du sang <strong>dans</strong> <strong>les</strong> sacrifices.<br />

En effet, Moise, <strong>dans</strong> ses prescriptions liturgiques,<br />

a adopte certains rites en usage chez <strong>les</strong> paiens, en <strong>les</strong><br />

rapportant et en <strong>les</strong> consacrant au culte de Jehovah. Pourquoi<br />

n'aurait-il pas fait de meme pour 1'usage du sang?<br />

C'est que cet usage parait contraire au sentiment naturel<br />

de 1'homme, qu'il peut avoir une influence facheuse<br />

meme sur le moral, et que, specialement, au point de<br />

vue de la sante, il peut etre nuisible, et meme, <strong>dans</strong><br />

certains cas, mortel. Michaelis, Mosaisches Recht, § 206,<br />

t. iv, p. 221-223. — Tels sont <strong>les</strong> trois motifs qui ont<br />

engage le legislateur liebreu a faire cette prohibition<br />

severe; et Ton ne' peut s'empecher d'admirer avec quelle

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