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s dans les Saintes - Encyclopaedia Gentium Boni

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193 CANTIQUE DES CANTIQUES 194<br />

moyen de faire le discernement? On ne peut que repetev f<br />

ce que Theodoret, In Cant., Prxf., t. LXXXI, col. 29, disait<br />

de la theorie de son maitre, Theodore de Mopsueste : « Les<br />

saints Peres out place ce livre parmi <strong>les</strong> divines Ecritures<br />

et 1'ont approuve comrne plein de 1'Esprit de Dieu et digne<br />

de FEglise. S'ils eussent ete d'un autre sentiment, ils n'auraient<br />

point mis au nombre des <strong>Saintes</strong> Ecritures un livre<br />

dont le sujet serait 1'incontinence et la passion... C'est<br />

imaginer des contes dont seraient incapab<strong>les</strong> meme de<br />

vieil<strong>les</strong> femmes en delire, que de fairc ecrire de tel<strong>les</strong><br />

choses par le sage Salomon sur lui-meme et sur la fille du<br />

pharaon, ou de remplacer la fille du pharaon par Abisag,<br />

JaSunamite. » Ajoutons quele livre, entendu <strong>dans</strong> un sens<br />

purement profane et lilteral, pourrait preter au reproche<br />

d'immoralite. 11 en serait alors du Cantique comme de<br />

ces passages ou <strong>les</strong> prophetes, Ezechiel, xvi, par exemple,<br />

peignent Fidolatrie sous <strong>les</strong> couleurs de la fornication et<br />

de Fadultere. On ne peut s'arreter au sens litteral des<br />

mots, sans courir le danger de se heurter a des images<br />

charnel<strong>les</strong>. De la chez <strong>les</strong> anciens, tant juifs que chretiens,<br />

1'usage de ne pas permettre a tous la lecture de ce<br />

livre. Pour en prendre connaissance, il fallait etre en age<br />

de dominer son imagination, et capable de chercher <strong>les</strong><br />

verites superieures cachees derriere des voi<strong>les</strong> dangereux.<br />

« Voici mon avis, ecrivait Origene, In Cant., t. xin, col. 61.<br />

et le conseil que je donne a quiconque n'est pas encore<br />

a 1'abri des attaques de la chair et du sang et qui n'a pas<br />

renonce a 1'amour de la nature materielle: qu'il s'abstienne<br />

totalement de la lecture de ce livre et de ce qui y est dit.<br />

La meme regie, dit-on, s'observe parmi <strong>les</strong> Hebreux : personne<br />

ne peut meme avoir ce livre entre <strong>les</strong> mains, s'il<br />

n'a atteint la pleine maturite de 1'age. » Saint Jei'ome,<br />

In Ezech., i, t. xxvi, col. 15, reproduit la meme obstervation.<br />

Ces precautions, communes aux Juifs et aux chretiens,<br />

prouvcnt qu'a leurs.yeux il n'y avail pas a s'arreter<br />

a la lettre du Cantique. Bien loin d'aider a trouver la vraie<br />

signification du livre, la recherche d'un sens litteral historique<br />

n'eut pu qu'y mettre un dangereux obstacle.<br />

2° Interpretation mystique. — C'est celle des auteurs<br />

qui admettent a la fois <strong>dans</strong> le Cantique un sens litteral<br />

et un sens mystique, se rapportant le premier au mariage<br />

de Salomon, le second a 1'union de Jesus-Christ et de<br />

son Eglise. Honorius d'Autun (In Cant., prol., t. CLXXII,<br />

col. 352), au xn e siecle, adopta le premier cette interpretation.<br />

Son idee a ete reprise par Jansenius de Gand, Paraphras.<br />

in Psal. Davidicos, Ps. XLi\ r , in-f 3 , Lyon, 1580,<br />

f. 58 b; Bossuet, <strong>dans</strong> son commentaire du Cantique; Calmet,<br />

<strong>dans</strong> sa preface sur le meme livre, la Bible de Vence,<br />

et quelques protestants modernes, Frz. Delitzsch, Zockler,<br />

etc. — Cette seconde interpretation ne merite pas la<br />

meme reprobation que la premiere; neanmoins elle n'est<br />

pas soutenable, puisque, comme nous venons de le voir,<br />

1'ensemble du Cantique ne peut avoir de sens litteral et<br />

historique. On n'echappe pas a la difficulte en entendant<br />

<strong>dans</strong> le sens mystique tout ce qui serait inacceptable<br />

<strong>dans</strong> le sens propre litteral. On precede ainsi <strong>dans</strong> <strong>les</strong> propheties,<br />

il est vrai; mais quand on abandonne le sens litteral<br />

propre, c'est a raison de la sublimite des termes, trop<br />

relevespour pouvoir etre entendus a la lettre. Dans le Cantique,<br />

rien de pareil. Les details qu'il faudrait interpreter<br />

mystiquement sont aussi simp<strong>les</strong> que ceux auxquels on<br />

voudrait preter un sens litteral; ce n'est pas la sublimite<br />

des termes, c'est la difficulte de <strong>les</strong> rapporter a un meme<br />

personnage qui suggererait Interpretation mystique,<br />

ce qui est contraire a toute logique et a toute analogic<br />

scripturaire. On ne peut done rien interpreter <strong>dans</strong> le<br />

sens litteral propre, meme comme support d'un sens<br />

mystique.<br />

3° Interpretation allegorique. — C'est la seule qui ait<br />

ete admise par toute la tradition juive et chretienne, a<br />

1'exception des quelques partisans d'un sens litteral et<br />

mystique. Yoici comment s'expriment <strong>les</strong> Peres : « Ce livre<br />

doit etre entendu <strong>dans</strong> le sens spirituel, c'est-a-dire <strong>dans</strong><br />

DICT. DE LA BIBLE<br />

le sens de 1'union de 1'Eglise avec Jesus - Christ, sous le<br />

nom d'epouse et d'epoux, et de 1'union de Fame avec le<br />

Verbe divin... Par 1'epoux, il faut entendre le Christ,<br />

et 1'Eglise est 1'epouse sans tache et sans ride. » Origene,<br />

In Cant., Horn. I, t. xin, col. 3. — « Par 1'epouse> la<br />

divine Ecriture entend 1'Eglise, et c'est le Christ qu'elle<br />

appelle 1'epoux. » Theodoret, In Cant., prolog., t. LXXXI,<br />

col. 27. — « Ce qui est ecrit fait penser a des noces,<br />

mais ce qui est compris est 1'union de Fame humaine<br />

avec Dieu. » S. Gregoire de Nysse, In Cant., Horn. I,<br />

t. xxiv, col. 413. — « Salomon unit 1'Eglise et le Christ<br />

et chante le doux epithalame des saintes noces. » S. Jerome,<br />

Ep. LIU, 7, ad Paulin., t. xxn, col. 279. — « Le<br />

Cantique des cantiques est la joie spirituelle des saintes<br />

ames aux noces du roi et de la reine de la cite, le Christ<br />

et 1'Eglise. Mais cette joie est enveloppee de voi<strong>les</strong> allegoriques,<br />

pour rendre <strong>les</strong> desirs plus ardents et la deeouverte<br />

plus agreable al'apparition de 1'epoux etde 1'epouse.»<br />

S. Augustin. De Civil. Dei, xvn, 20, t. XLI, col. 556. —<br />

« Salomon, divinement inspire, a chante <strong>les</strong> louanges du<br />

Christ et de 1'Eglise, la grace du saint amour et <strong>les</strong> mysteres<br />

des noces eternel<strong>les</strong>. » S. Bernard, Sup. Cant.,<br />

Serm. I, 8, t. CLXXXIII, col. 788. Saint Thomas d'Aquiu<br />

interpretait le Cantique <strong>dans</strong> le meme sens, a Fabbaye de<br />

Fossa-Nova, quand la mort vint Finterrompre.<br />

Ce sens n'a pas ete imagine arbitrairement par los<br />

interpretes. — 1. 11 a une base solide <strong>dans</strong> <strong>les</strong> nombreux<br />

passages de FAncien et du Nouveau Testament qui presentent<br />

<strong>les</strong> rapports de Dieu avec son peuple sous Fimage<br />

de 1'union conjugate. Le Psaume XLIV traite ce sujet sous<br />

une forme analogue. Dans Osee, n, 19, 20, 23, le Seigneur<br />

dit a la nation choisie : « Je te prendrai pour epousc<br />

a jamais. » Dans Jeremie, n, 2 : « Je me suis souvenu de<br />

toi, par pitie pour ta jeunesse, et de Famour qui m'a fait<br />

t'epouser, quand tu m'as suivi <strong>dans</strong> le desert, <strong>dans</strong> cetle<br />

terre ou rien ne germe. » Ezechiel, xvi, 8-14, decrit en<br />

consequence Finfidelite a Dieu comme un adultere. Le<br />

Seigneur est frequcmment presente comme epoux, ct<br />

1'Eglise comme epouse, <strong>dans</strong> le Nouveau Testament.<br />

Matth., ix, 15; xxv, 1-13; Joa., in, 29; Eph., v, 23-25,<br />

31, 32; II Cor., xi, 2; Apoc., xix, 7, 8. — 2. L'union do<br />

1'epoux et de 1'epouse etant la plus intime qui s'etablissc<br />

sur la terre entre <strong>les</strong> creatures, il n'est point etonnant<br />

que Dieu ait voulu se servir de ce symbole pour fairc<br />

peindre par <strong>les</strong> ecrivains sacres Fintimite de son union<br />

avec Fhumanite regeneree, ni qu'il ait fait allusion aux<br />

sentiments <strong>les</strong> plus passionnes de Fhomme pour donner<br />

qtielque idee de son ardent amour envers sa creature.<br />

D'instinct, <strong>les</strong> saints qui ont le mieux aime Dieu ont saisi<br />

le sens de cette allegoric. « Vous ne devez point vous<br />

etonner, ecrivait sainte Therese, quand vous rencontrez<br />

<strong>dans</strong> FEcriture des expressions tres vives de Famour de<br />

Dieu pour <strong>les</strong> hommes... Ce qui m'etonne beaucoup davantage<br />

que <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> du Cantique et me met comrne<br />

hors de moi, c'est ce que Famour de Notre-Seigneur lui<br />

a fait souffrir pour nous. Je suis loin d'etre surprise par<br />

<strong>les</strong> paro<strong>les</strong> de tendresse du Cantique. Non, ce ne sont<br />

pas la des expressions trop fortes ; el<strong>les</strong> n'approchent<br />

point de Faffection que ce divin Sauveur nous a ternoignee<br />

toute sa vie et par sa mort. » Conceptos del amor<br />

de Dios, <strong>dans</strong> Escritos de Santa Teresa, Madrid, 1861,<br />

t. i, p. 389. — 3. La canonicite du livre et la croyance<br />

generate a son inspiration parmi <strong>les</strong>.Juifs et <strong>les</strong> Chretiens<br />

prouvent que chez <strong>les</strong> uns et <strong>les</strong> autres on est toujours<br />

alle droit au sens spirituel, sans s'arreter a la signification<br />

litterale de certaines descriptions.<br />

Done, non seulement il ne conviendrait pas de serrer<br />

de trop pres le sens naturel des expressions employees<br />

par Fauteur sacre, mais cette attention trop grand e<br />

pretee a la lettre ne pourrait qu'egarer Fintelligence du<br />

lecteur. Puisque, d'apres 1'enseignement de toute Fantiquite,<br />

le vrai sens du Cantique est un sens allegorique,<br />

il est evident que Funigue objet qui s'est presente a Fes-<br />

II. - 7

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