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L’on peut aller jusqu’à dire que le raccourci chez Jarry fait au contraire sens comme acmé de<br />

l’importance conférée au dire, l’auteur du Surmâle n’exprimant que sous une forme elliptique ce<br />

qui lui importe le plus, comme a pu le suggérer Vallette qui était probablement celui qui<br />

connaissait le mieux Jarry.<br />

En outre, Jarry fait plus qu’énoncer des formules au sujet de l’illustration, dans le fil de<br />

comptes rendus : ses formules donnent l’occasion à un jugement de s’exprimer, et ce dans une<br />

rubrique qui n’est pas dévolue à la critique d’art.<br />

Ce fait doit être mentionné, étant donné l’extrême réserve qu’émettent le plus souvent les<br />

critiques en ce qui concerne le fait de pouvoir critiquer ce qui n’appartient pas à strictement parler<br />

à leur domaine de compétence (à ce qu’ils ressentent et explicitent comme tel). Un critique<br />

littéraire rendant compte d’ouvrages strictement littéraires ne se sent ainsi, le plus souvent, pas la<br />

possibilité de tisser un discours qui dénote un souci d’expression d’une critique pouvant<br />

s’apparenter à la critique d’art, fût-ce uniquement en passant, au détour d’une assertion critique se<br />

voulant détachée de son objet initial. Un compte rendu anonyme du Mercure de France de Comic-<br />

Salon de Willy, paru, accompagné de « dessins de Christophe », chez Vanier en 1892, résume<br />

parfaitement ce sentiment général : « Je parlerais volontiers des dessins de M. Christophe, mais<br />

mon ami Albert Aurier fait ici la critique d’art et je ne veux pas empiéter sur son domaine. 1 »<br />

Néanmoins, il s’agit de nuancer cette affirmation en remarquant que quelques critiques osent<br />

parler de l’illustration, et ce en la jugeant, au sein de rubriques de littérature, même si cela reste<br />

très rare – ainsi Charles Merki, en décembre 1893 dans Le Mercure de France, au sein de son<br />

compte rendu de La Légende de l’Aigle de Georges d’Esparbès (Dentu), reproche presque à l’auteur<br />

le « très médiocre dessin dont M. Willette a gratifié sa couverture 2 ».<br />

5. 1. 2. Absence d’appropriation chez Jarry d’une rubrique en particulier.<br />

Le fait que Jarry s’exprime volontiers au sujet des illustrations tient également, en partie,<br />

peut-on penser, à l’ « éclectisme intrépide » de l’auteur de La Chandelle verte qui est certes « une<br />

aubaine pour la constitution des sommaires – et donc pour Fénéon, qui en a la charge – car<br />

[Jarry] avitaille les rubriques les plus variées (littérature, grammaire, science, législation, notes<br />

politiques et sociales, etc.) et en crée au besoin de nouvelles, telles que « Parallèlement » (pour<br />

Parallèlement de Verlaine illustré par Bonnard) […] 3 ».<br />

1 Le Mercure de France, n° 29-32, tome V, mai-août 1892, p. 363.<br />

2 Le Mercure de France, n° 45-48, tome IX, septembre-décembre 1893, p. 361.<br />

3 Alfred Jarry, La Chandelle verte, lumières sur les choses de ce temps, édition établie et présentée par<br />

Maurice Saillet, Le Livre de poche, 1969, p. 19.<br />

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