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— L’animal symbole d’une réalité qui l’excède.<br />

Jarry exprime ici la fascination qu’un certain bestiaire, réel ou fantastique, exerce sur lui –<br />

mais, même réel, comme les monères, il est toujours accaparé par l’imaginaire de telle façon qu’il<br />

devienne fantastique, et ainsi apparaisse comme étant en définitive part de l’imaginaire,<br />

désenclavé de son socle de réel (du reste inaperçu, les monères étant de l’ordre de l’inapprochable<br />

par le regard, de par leur taille et le milieu au sein duquel elles évoluent), ayant une identité a-<br />

réelle.<br />

Ainsi, l’animal est toujours perçu comme un archétype, comme un éveilleur de sentiment(s) :<br />

le plus souvent, il s’agit d’un mélange de répulsion et de fascination qui caractérise la façon dont<br />

Jarry le perçoit, ainsi que nous l’avons précisé.<br />

L’animal est gravé par l’imaginaire jarryque qui le stylise jusqu’à le dénuer de toute forme de<br />

vie à tel point qu’il ne soit plus qu’excédant de forme et par conséquent seule signification (avant<br />

que Jarry ne grave véritablement sa présence au moyen de l’écriture, laquelle gravure est le<br />

prolongement, et comme la matérialisation sensible, de celle opérée par l’imaginaire – c’est<br />

d’ailleurs pour cette raison, peut-on penser, que Jarry gravera littéralement, faisant ainsi recours à<br />

l’image, certains animaux avec un goût certain, comme le caméléon, ainsi que cela est perceptible<br />

dans Les Minutes et César-Antechrist).<br />

L’animal est ainsi, dans la façon dont il est représenté, dénaturé de tout ce qui le constitue en<br />

tant qu’être singulier pour n’être plus approché par la parole que dans la façon qu’il a de<br />

symboliser une réalité qui l’excède, et est étrangère en tout point à lui pour ne lui être attachée<br />

que suivant un tour doxastique (aussi peut-on aller jusqu’à dire que l’animal devient le symbole<br />

d’une réalité qu’il ignore et n’est que cela même qu’il ignore et qui l’excède).<br />

C’est pourquoi les animaux appartenant au bestiaire jarryque ne sont pas, le plus souvent,<br />

décrits autrement que dans leur capacité à susciter l’effroi, c’est-à-dire à être désavoués par la<br />

conscience populaire et la bourgeoisie, lesquelles sont, pour Jarry, indubitablement liées : ils sont<br />

choisis et perçus suivant cette capacité. De ce fait, les « grands loups fauves et [l]es corbeaux<br />

graves sont sur [l]es talons 1 », l’ « araignée […] fauche 2 » etc.<br />

— Beauté invue des animaux : matérialisation de leur fonction magique.<br />

1 OC I, p. 174.<br />

2 Id., p. 181.<br />

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