30.06.2013 Views

thèse

thèse

thèse

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Puisque Gourmont est (pour Jarry du moins) la grande figure du Mercure de France et que la<br />

création de L’Ymagier est indéfectiblement reliée à l’auteur de Sixtine, alors, du fait du<br />

raisonnement syllogistique le plus élémentaire, L’Ymagier est bien évidemment une revue<br />

inéluctablement reliée, du moins dans l’esprit de Jarry, au Mercure de France.<br />

4. 1. 4. Des « poèmes » affirmant des choix esthétiques en lien avec la critique d’art.<br />

Par le biais de l’écriture de l’ensemble de poèmes intitulé « Tapisseries », l’auteur de<br />

« Haldernablou » affirme de plus l’unité de son œuvre, sa critique picturale (ses « Minutes d’art »<br />

ou son texte sur Filiger) et ses textes de création ne pouvant pas être séparés.<br />

Du reste cette unité est-elle d’abord chronologique. En effet, l’article sur Filiger paraît en<br />

septembre 1894 et le 5 octobre paraissent les Minutes ; Jarry se détournera ensuite de la critique<br />

d’art, suite, peut-on penser, au peu de retentissement qu’a eu son travail sur Filiger auprès,<br />

principalement, de l’équipe éditoriale du Mercure de France – ou aux critiques qui furent formulées<br />

à son encontre par cette dernière, ainsi que nous l’avons déjà suggéré à plusieurs reprises.<br />

Il est frappant ainsi de constater que Jarry ne poursuit pas la critique d’art au sein de La Revue<br />

blanche, alors que celle-ci est « novatrice » dans ce domaine (répondant ainsi aux goûts d’Aurier ou,<br />

à leur suite, à ceux de Jarry) « où elle manifesta sous la plume de Félicien Fagus et Thadée<br />

Natanson lui-même un sens très sûr des valeurs appelées à durer. Récusant l’art académique et<br />

l’art naturaliste, La Revue blanche se fit le véhicule de l’ « art nouveau ». Accueillante à l’égard du<br />

néo-impressionnisme, elle fit la meilleure place aux Nabis. Bien plus, pour orner ses numéros ou<br />

illustrer ses éditions, elle demanda le concours de Vallotton, Seurat, Bonnard, Vuillard, Toulouse-<br />

Lautrec, Maximilien Luce, Maurice Denis, d’autres encore. Estampes, lithographies, dessins,<br />

portraits, culs de lampe contribuèrent à la notoriété naissante de ces artistes. 1 »<br />

Certes, les textes sur Munthe sont des poèmes. Mais ils affirment, dans leur être même (et<br />

surtout dans et à travers l’emphase de la dédicace 2 ), des choix esthétiques de Jarry (épousant un<br />

courant alors encore dominant au Mercure de France, bien que contestataire) lesquels cherchent à<br />

supplanter une longue critique circonstanciée dans laquelle l’auteur de « Haldernablou »<br />

expliciterait les raisons de son choix (et du reste dans ses critiques picturales et dans son texte,<br />

plus long – car il a alors figure d’étude – sur Filiger ne s’agit-il jamais pour lui de faire œuvre<br />

attendue de critique, mais toujours de faire ployer la critique vers le poème en prose et par<br />

1 LEROY BERTRAND-SABIANI, p. 212.<br />

2 Et cela est vrai bien évidemment également pour le poème consacré à Gauguin.<br />

142

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!