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caractère pratique d’un voyage), toute la légitimité des guides, ainsi que l’exprime implicitement<br />

l’auteur de Messaline dans Jef : « Nelly, entrant en fermant son parasol. Elle lit dans le guide : « À droate<br />

du petit chemin, à l’abri d’oun rocher sous une soate de terrasse d’où l’on domine la vallée, à fifty<br />

mètres dou précipaïce, le voyageur trouvera l’abri du Club Alpin et pourra y passer la nouit. »<br />

Aoh ! C’est ici ! All right ! (Elle entre.) 1 ».<br />

2. 2. Place importante donnée au pittoresque.<br />

2. 2. 1. Beauté et singularité du visible.<br />

Néanmoins, et cela peut paraître paradoxal suivant ce qui vient d’être dit, Jarry confère une<br />

place importante dans son œuvre au pittoresque, qui le sollicite grandement, le fascine même (il<br />

s’agira ainsi d’interroger cette fascination), quand bien même ce terme demeure rattaché d’une<br />

part à la « curiosité » et d’autre part aux guides qui se chargent de permettre à leurs lecteurs<br />

d’accéder à lui, et d’en faire provision (en pensée, en images, ou par le biais de souvenirs), au<br />

moyen notamment de la signalisation des points de vue les plus remarquables.<br />

Si le pittoresque peut renvoyer aux mœurs, ou même au langage 2 , ce que Jarry s’attachera à<br />

montrer avec constance au travers notamment de son opérette Jef 3 et du parler de Bosse-de-Nage<br />

dans Faustroll, le premier sens de pittoresque « entendu dans le vrai sens italien 4 » a trait à la<br />

couleur, comme le rappelle en creux Jarry dans sa conférence « Le Temps dans l’art » prononcée<br />

à Paris le 8 avril 1902 : « On objectera que les costumes des anciens soudards étaient de plus<br />

riches et plus pittoresques couleurs. Mais n’y a-t-il pas la couleur partout où le peintre la sait<br />

voir ? 5 »<br />

C’est pourquoi le pittoresque peut renvoyer aux paysages dont l’être même fait songer à un<br />

tableau et qui se distinguent par leur originalité, mais aussi par leur beauté ; aussi l’adjectif<br />

« charmant » revient-il alors de récurrente façon.<br />

Deux exemples tirés du livre d’Eugène Buissonnet intitulé Shanghai, Souvenirs de voyages paru<br />

en 1871 illustrent bien cela : « Tching-Kiang est une ville assez populeuse […] cette ville est<br />

murée, occupe une grande étendue de terrain au bas d’une petite chaîne de montagnes, et ne<br />

1 OC III, p. 31.<br />

2 Voir notamment Gaston Deschamps, Sur les routes d’Asie, Armand Colin et Cie éditeurs, 1894, p.<br />

250 ainsi bien évidemment que le compte rendu que dresse Jarry de l’ouvrage de Courouble.<br />

3 Voir OC III, p. 25-52.<br />

4 Edgar Allan Poe, « Le Cottage Landor », Histoires grotesques et sérieuses, préface de Sylvère Monod,<br />

traduction de Charles Baudelaire, notices et notes de Geneviève Bulli, Gallimard, collection Folio,<br />

1978, p. 231.<br />

5 OC II, p. 639.<br />

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