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par l’autre, et, semblables aux oscillations du pendule, qui tendent toujours, en se resserrant, vers<br />

le centre de gravité, les mouvements contraires ne sont qu’apparents 1 ».<br />

Ce faisant, Jarry donne écho, ce qui est perceptible jusque dans ce compte rendu<br />

précisément, à sa lecture des Chants de Maldoror, où il est écrit : « Hélas ! qu’est-ce donc que le bien<br />

et le mal ? Est-ce une même chose par laquelle nous témoignons avec rage notre impuissance, et<br />

la passion d’atteindre à l’infini par les moyens même les plus insensés ? Ou bien, sont-ce deux<br />

choses différentes ? Oui… que ce soit plutôt une même chose… 2 »<br />

En outre Jarry s’oppose-t-il ainsi à certaines idées défendues dans le cours qui lui fut dicté<br />

par Bergson, puisque celui-ci proclame : « On commencera par ériger en principe de la morale<br />

l’idée du Bien. 3 ». « Le bien est le principe ; le devoir est la conséquence ; et le devoir n’est que<br />

l’obligation de se conformer au bien 4 ». « En résumé, faire reposer la morale, le devoir sur l’idée<br />

du bien ; ériger l’idée du bien en idéal, en absolu, en fin dernière dont la réalisation s’impose à<br />

tous ceux qui la conçoivent ou qui l’entrevoient confusément ; définir le bien par ce qu’il y a de +<br />

élevé et de plus général, de + impersonnel [pou]r toutes les intelligences qui le conçoivent, voilà<br />

les traits caractéristiques d’une morale qui a la + h[au]te valeur, qui est même traditionnelle en<br />

phil[o]s[ophie], et et [sic] qui, pour ne citer que les principaux noms, est représentée par Platon et<br />

Aristote dans l’antiquité, par Malebranche et Leibniz d[an]s les temps modernes. 5 »<br />

À cela, Jarry répond : « Mais que l’amour du pur et du pieux ne rejette point comme un<br />

haillon cette autre pureté, le mal, à la vie matérielle. Maldoror incarne un Dieu beau aussi sous le<br />

cuir sonore carton du rhinocéros. Et peut-être plus saint… Les démons qui font pénitence entre<br />

les longues côtes, semblables à des nasses, des bêtes, grimpent au ciel de leurs quatre griffes, seule<br />

marche aux chemins abrupts… 6 »<br />

Ainsi, entre Ducasse et Bergson, Jarry choisit-il Ducasse, définitivement.<br />

1 Eliphas Lévi, Secrets de la magie, I, Dogme et rituel de la haute magie, Histoire de la magie, La clef des<br />

grands mystères, édition établie et présentée par Francis Lacassin, Robert Laffont, collection<br />

Bouquins, 2000, p. 19. Voir aussi Id., p. 9, 15.<br />

2 Comte de Lautréamont, Les Chants de Maldoror, « Chants I, II, III, IV, V, VI », frontispice de<br />

José Roy, L. Genonceaux éditeur, 1890, p. 11. Voir aussi Id., p. 5.<br />

3 Cours Bergson, Cahier C, Ms 21132-B’-I-13 (4/6), Fonds Jacques Doucet, p. 40.<br />

4 Id., p. 48-49.<br />

5 Id., p. 35.<br />

6 OC I, p. 1027.<br />

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