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3.<br />

— Rejet de la figure de Sarcey.<br />

Si ce volume de souvenirs peut faire songer par certains aspects à Sociétaire (Mœurs de théâtre)<br />

de Paul Dolfus publié chez Savine en 1891 dont Le Mercure de France rend compte la même<br />

année 1 , son titre complet fait surtout songer à Sarcey, étant Les Éphémères m’as-tu-vu, Souvenirs de<br />

trente ans de théâtre. D’où le rapprochement avec Quarante ans de théâtre du célèbre critique, ouvrage<br />

dont Jarry rend compte dans La Revue blanche du 1 er avril 1901.<br />

Mais ce rapprochement a une raison bien plus profonde. L’inimitié à l’encontre de Sarcey<br />

tient d’abord au fait que celui-ci représente tout ce que Jarry combat en matière de création<br />

théâtrale : « Francisque Sarcey avait dès longtemps été surnommé le « prince du bon sens ». Dans<br />

une pièce, il prisait plus que tout la clarté, la logique, le raisonnable, toutes qualités classiques qui<br />

lui rendait cher le répertoire de la Comédie-Française. Il insistait par ailleurs sur la spécificité du<br />

théâtre tant pour le langage que pour l’action, ce qui l’inclinait à préférer les « pièces bien faites »<br />

aux pièces trop imprégnées de lyrisme, trop soucieuses de reconstitution historique ou prétendant<br />

développer des <strong>thèse</strong>s morales ou philosophiques. C’est dire qu’il a été peu réceptif aux tentatives<br />

de rénovation théâtrale de la fin du siècle : Ibsen en particulier le hérissait. 2 »<br />

— Goût de Sarcey pour la vulgarisation : développement des conférences.<br />

La figure de Sarcey est également raillée par Jarry du fait qu’il incarne en quelque sorte la<br />

vulgarisation, que Jarry combat avec force.<br />

À la fin du XIX° siècle, « Paris bruit de paroles. Des conférences, il y en a partout et les lieux<br />

qui les accueillent ne cessent de proliférer, non parfois sans une certaine confusion. 3 » Les<br />

conférences se développent en tous lieux, ce qui signifie que l’espace « universitaire traditionnel<br />

n’est plus le seul concerné 4 », et ce qui implique que « les frontières ne sont pas toujours certaines<br />

qui séparent la conférence « savante » de la conférence « mondaine ». 5 »<br />

Or, ce « fut largement sur le talent du critique Francisque Sarcey que reposa le succès de<br />

l’entreprise. Sarcey, « l’oncle des conférenciers 6 », ainsi que le désigne Jules Lemaitre dans « La<br />

mode des conférences », développait « l’art consommé d’un genre qu’il avait contribué, avec<br />

1 Le Mercure de France, n° 19-24, tome III, juillet-décembre 1891, p. 367.<br />

2 LEROY BERTRAND-SABIANI, p. 297.<br />

3 Christophe Prochasson, Paris 1900, Essai d’histoire culturelle, Calmann-Lévy, collection liberté de<br />

l’esprit, 1999, p. 203.<br />

4<br />

Id., p. 204.<br />

5<br />

Ibid.<br />

6<br />

Voir Id., p. 207.<br />

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