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propos de Haeckel, son texte critique s’affirmant comme un montage de différents passages<br />

puisés dans l’ensemble de la brochure.<br />

L’on est très loin ici de la volonté affichée par exemple dans le compte rendu de La Natalité<br />

en France en 1900 de n’évoquer qu’un aspect du propos de l’ouvrage, en l’occurrence celui<br />

concernant l’alcoolisme, Jarry rendant ainsi compte non pas de l’ouvrage mais presque<br />

uniquement d’un chapitre de cet ouvrage et de telle sorte que ce chapitre devienne aux yeux du<br />

lecteur du seul compte rendu l’ouvrage en question, par le pouvoir de la parole critique qui est,<br />

lorsque non révélée dans une partialité apparaissant comme la résultante d’une subjectivité,<br />

comme c’est le cas alors avec Jarry, supposément toujours englobante.<br />

Si Jarry garde le silence concernant la façon dont la parole a pu commencer de s’enraciner, de<br />

par l’adaptation du larynx, chez les singes, c’est très probablement du fait de sa lecture du<br />

fascicule I du Catéchisme expliqué de l’Eglise gnostique paru en 1899 qui a dû survenir à cette même<br />

période, Jarry rendant compte de cet ouvrage dans La Revue blanche du 15 novembre 1900, soit<br />

peu de temps après ce compte rendu qui paraît quant à lui le 1 er octobre.<br />

Or, Sophronius, après avoir évoqué les différences, nombreuses selon lui, entre le langage<br />

des animaux et la parole humaine, s’interroge : « Quelle conclusion tirez-vous de ces différences<br />

entre l’esprit des hommes et l’âme des bêtes ? 1 » Et il affirme ainsi en guide de conclusion<br />

attendue : « Que l’esprit de l’homme ne peut provenir par évolution d’une âme animale et qu’il a<br />

une origine céleste. »<br />

Et du reste Sophronius s’affirme-t-il ici comme vulgarisateur, cette idée étant alors<br />

extrêmement répandue, et notamment dans le milieu ecclésiastique qui cherche à combattre ce<br />

que celui-ci nomme des <strong>thèse</strong>s matérialistes.<br />

Puisque l’objet de l’énoncé critique de Jarry est d’affirmer que « la descendance de l’homme<br />

d’une série de primates tertiaires éteints n’est plus une vague hypo<strong>thèse</strong>, mais bien un fait<br />

historique », citation déguisée de Haeckel (voir la note 24) sur laquelle s’achève son compte<br />

rendu, ce qui en détermine l’importance, tout le cours du compte rendu cherchant à synthétiser,<br />

par de seuls emprunts textuels, une démonstration, et étant donné que l’ouvrage de Sophronius<br />

eut certainement une forte incidence sur Jarry, vu la façon, louangeuse, dont il en rend compte, il<br />

paraît ainsi évident que ce silence de Jarry porte sa volonté d’affirmer cette descendance comme<br />

un fait ne pouvant nullement être contesté : par ce silence, Jarry manifeste bien sa volonté de<br />

chercher à enrayer toute possibilité de réserve qui pourrait être faite face à l’ouvrage de Haeckel.<br />

1 Sophronius, Catéchisme expliqué de l’Eglise gnostique, fascicule I, Librairie Chamuel, 1899, p. 82.<br />

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