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Henri Hertz dans « Alfred Jarry, collégien et la naissance d’Ubu-Roi » évoque ainsi les<br />

« lectures bizarres 1 » de Jarry et Patrick Besnier remarque : « [l]es livres dépareillés forment une<br />

bibliothèque des exceptions, comme la pataphysique est la « science des exceptions ». Une autre<br />

bibliothèque le confirme, celle des ouvrages auxquels Jarry a consacré son travail de critique et<br />

qui stupéfient par leur hétérogénéité, le sentiment qu’ils donnent de non-appartenance radicale à<br />

l’ordinaire de la librairie ou de l’édition. Ils nous parlent d’un autre système de pensée, d’un autre<br />

univers […] 2 ».<br />

Lorsque l’on prend en considération la revue à laquelle Jarry s’intéresse le plus, à savoir Le<br />

Mercure de France, de très nombreux ouvrages reçus à la rédaction, souvent classés dans la catégorie<br />

« [d]ivers » au sein des listes publiées régulièrement, se refusent à appartenir « à l’ordinaire de la<br />

librairie ou de l’édition ». Mais puisqu’ils sont nombreux, peut-on encore parler d’une exception<br />

qu’ils seraient censés incarner ? L’ordinaire de la librairie à cette époque n’est-elle pas ainsi, en un<br />

certain sens du moins, la diversité la plus extrême ?<br />

Jarry lorsqu’il rend compte d’un ouvrage apparemment déclassé ne fait ainsi que puiser dans<br />

un nombre assez important d’ouvrages eux-mêmes déclassés, ce qui fait que l’on ne peut plus<br />

parler de déclassement. L’on se reportera à l’annexe I pour prendre connaissance d’une liste<br />

contenant quelques exemples de ces envois, classés chronologiquement de 1894 à 1901 et ce afin<br />

de montrer que la communication d’ouvrages extrêmement divers à la rédaction du Mercure de<br />

France n’est pas circonscrite à une période limitée, liste qu’il nous appartient de donner (en<br />

conservant les menues imprécisions) dans un espace non resserré afin de montrer tout à la fois la<br />

diversité extrême de ces ouvrages et le fait qu’ils ne font pas figure d’exception.<br />

Certes, mais il s’agit du Mercure de France, pourrait-on rétorquer, revue de plus en plus<br />

encyclopédique, cette caractéristique de plus en plus affirmée ayant pu pousser les éditeurs<br />

d’ouvrages marginaux à effectuer leur service de presse en partie auprès d’elle. En réalité, l’envoi<br />

d’ouvrages extrêmement divers est encore paradoxalement plus flagrant pour ce qui est de la<br />

rédaction de La Revue blanche. L’on se reportera à l’annexe II pour prendre connaissance de la<br />

façon dont la rédaction de La Revue blanche est assaillie par les ouvrages dits spéciaux (nos<br />

exemples vont de 1897 à 1900, pour les mêmes raisons évidemment que celles évoquées en ce qui<br />

concerne l’annexe I).<br />

Ainsi, en premier lieu, la fin du siècle voit se lever un grand intérêt pour, d’une part, les<br />

sciences, et, d’autre part, pour tout ce qui peut, à un moment ou à un autre, ce qui est le corollaire<br />

de la première affirmation, se manifester en tant qu’objet de connaissance : autrement dit tout,<br />

1 L’Etoile-Absinthe, 51° et 52° tournées, Société des amis d’Alfred Jarry, 1992, p. 7.<br />

2 Patrick Besnier, Alfred Jarry, Plon, 1990, p. 111.<br />

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