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l’occupent de longue date), « la musique céleste des sphères 1 », l’ « harmonie céleste des sphères 2 »<br />

ou le « [v]ol erratique des planètes septénaires 3 », termes qui, s’ils témoignent d’un intérêt aigu<br />

pour l’astronomie (il mentionne à plusieurs reprises dans son œuvre les « astres », les « comètes 4 »,<br />

le « soleil 5 », utilisant même une terminologie scientifique puisqu’il mentionne les « nébuleuses »<br />

en spécifiant implicitement dans L’Amour absolu que d’elles naissent les étoiles 6 ), renvoient surtout<br />

à sa lecture intense et féconde de l’œuvre de Ducasse – née, peut-on penser, au moins en partie,<br />

de l’osmose éprouvée alors avec Remy de Gourmont et ainsi de l’article que celui-ci publie dans<br />

Le Mercure de France le 1 er février 1891 sous l’appellation « La Littérature Maldoror », au sein<br />

duquel il cite plusieurs passages des Poésies, comme en témoigne la lettre que Jarry envoie à<br />

Edouard Julia le 8 septembre 1894 dans laquelle l’auteur des Minutes, comme toujours, avoue ses<br />

intérêts avec pudeur : « J’ai été vous porter chez vous […] sinon tout l’article sur Lautréamont,<br />

du moins ce que j’ai pu retrouver : les Poésies citées, que vous connaissez sans doute déjà 7 » – et<br />

plus particulièrement des Chants de Maldoror puisque Lautréamont y parle du « concert cadencé<br />

des mondes suspendus 8 ».<br />

Léon-Paul Fargue retiendra cette idée qui n’appartenait, il est vrai, nullement en propre à<br />

Lautréamont, mais qui était, à certains égards, un topos de la création poétique en cette ère où le<br />

scientisme grandissant transformait l’astronomie en objet d’effroi autant que de contemplation.<br />

Si, comme l’entend Jean-Paul Goujon, il n’est pas permis de penser que Fargue ait pu avoir<br />

une influence certaine sur Jarry 9 , l’inverse demeure vrai. L’auteur du Piéton de Paris donne corps<br />

dans ses écrits à la « vieille pulsation des sphères 10 », évoque dans son recueil Vulturne tout<br />

pénétré d’idées chères à Jarry, et par conséquent de sa présence, à deux reprises, d’où<br />

l’importance que cela revêt à ses yeux, la « musique des sphères 11 », avant de développer<br />

poétiquement, au sein du même livre, cette notation : « Sur ces paroles, transmises d’harmoniques<br />

en harmoniques, il nous sembla que l’infini jetait du lest, avec un barrissement sourd, et qu’une<br />

cassure étoilait l’étendue. La kermesse des mondes parut ralentir. 12 »<br />

1 OC I, p. 834.<br />

2 Id., p. 767.<br />

3 Id., p. 226.<br />

4 Id., p. 793.<br />

5 Id., p. 896.<br />

6 Id., p. 920.<br />

7 Id., p. 1306-1307.<br />

8 Comte de Lautréamont, op. cit., p. 94.<br />

9 Voir Jean-Paul Goujon, Léon-Paul Fargue poète et piéton de Paris, Gallimard, 1997, p. 39.<br />

10 Léon-Paul Fargue, Epaisseurs suivi de Vulturne, préface de Jacques Borel, Gallimard, collection<br />

Poésie / Gallimard, 1971, p. 59.<br />

11 Id., p. 99, 121.<br />

12 Id., p. 115.<br />

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