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Ainsi, en septembre 1903, cette lecture restera encore assez marquante (et donc importante)<br />

pour que Jarry fasse presque textuellement référence au Mystère Posthume (ne faisant que traduire<br />

en français la formulation latine : « [s]i homo es » ), se reportant sans doute précisément à l’ouvrage,<br />

ce qui signifie, à moins que son souvenir ait été suffisamment vif, qu’il l’avait conservé à portée<br />

de main, ce qui en soi est un signe suffisant pour montrer tout l’intérêt qu’il continuait de porter<br />

au travail de vulgarisation de Li-Taï, étant donné le peu de livres présents en sa demeure (du fait<br />

du peu de place disponible) et le fait qu’il allait surtout lire, semble-t-il, à la bibliothèque nationale<br />

(mais peut-être après tout avait-il repris en main cet ouvrage au sein de cette bibliothèque<br />

justement).<br />

Les deux autres arguments prouvant l’intérêt durable pour ce livre tiennent au fait que peu<br />

de temps avant l’écriture de « L’erreur judiciaire », soit le 15 juillet 1903, Jarry fait déjà allusion en<br />

sa chronique « L’art de mourir » (parue dans La Plume) au Mystère Posthume : « C’est bien cette mort-là,<br />

son Imitation, mort véritable, telle que les savants commencent à l’entrevoir : celle qui est la même<br />

que la vie, celle qui est aussi nécessaire au bruit de la vie que le silence entre les battements du<br />

balancier » et que dans la lettre adressée à Rachilde le 31 mai 1907 (peu de temps avant sa mort<br />

qui survient le 1 er novembre), écrivant : « [n]ous ne sommes point remort […] 1 », Jarry fait<br />

référence au passage suivant du propos de Li-Taï : « – Et fut-il vraiment sauvé ? – Hélas ! il<br />

« remourut » bientôt définitivement. Mais avant sa remort il eut la satisfaction suprême – c’est le<br />

cas de le dire – de se survivre d’une douzaine d’heures. 2 »<br />

19. Par cette simple mention, qui doit être rapprochée de ce qu’écrit Jarry de L’Affaire Iukanthor<br />

de Jean Hess (« Il y a dans ce livre tous les documents et tous les dessous de l’affaire Iukanthor, et<br />

mieux 3 »), l’auteur de Messaline retire à l’ouvrage de Li-Taï son statut – qu’il a pourtant – d’ouvrage<br />

vulgarisateur, le livre de vulgarisation se voulant toujours (relativement) éloigné de l’érudition (la<br />

transmuant en savoir qui puisse être socialisé, c’est-à-dire qui est censé pouvoir nourrir les<br />

conversations en s’inscrivant dans la vie quotidienne, d’une manière ou d’une autre, loin de<br />

l’abstraction que porte en elle la connaissance pure, comme le sous-entend l’ouvrage Eléments<br />

d’économie politique pure de Walras, au travers de sa floraison d’équations), ainsi que l’écrit Gustave<br />

Geffroy dans son ouvrage La Peinture au Louvre, propos cité par Fagus dans un compte rendu qu’il<br />

fait paraître de ce livre dans La Plume en 1903 : « Il ne s’agit pas d’un ouvrage d’érudition… […]<br />

1 OC III, p. 659.<br />

2 Li-Taï, op. cit., p. 64.<br />

3 OC II, p. 604.<br />

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