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3. 3. 7. 4. 4. 3. Seule issue possible : le platonisme.<br />

Cette idéalité ne doit pas exclure le sentiment de l’entreprise de l’amour. Il faut atteindre à un<br />

certain équilibre, résorber la lutte continuelle entre le cerveau et le cœur (fondre ensemble<br />

« l’amour de tête » et « l’amour de cœur »), ce que ne permet pas la religion : celle-ci « engage tout<br />

l’être moral, mais non pas l’être nerveux 1 ». Cette « collaboration de son cœur et du cerveau […],<br />

c’[est] une union dans l’immortalité 2 ».<br />

L’équilibre n’est rendu possible que par le platonisme qui n’est pas un substitut de l’amour<br />

(lequel permettrait de ne pas être en contradiction avec ses principes d’idéalité), mais au contraire<br />

son stade le plus accompli, le stade de l’amour qui s’apparente le plus, paradoxalement, à l’amitié,<br />

mais une amitié idéalisée, paroxystique, ainsi perçue comme idéale.<br />

« Adelphisme », qui a été « remis au goût du jour par Péladan en 1887 dans L’Initiation<br />

sentimentale 3 » (mot important puisque couplé à « Nostalgie », il forme le titre du premier chapitre<br />

du livre II de Les Jours et les Nuits) permet à Jarry d’être plus poétique dans son évocation de<br />

Sengle : « Le mot Adelphisme serait plus juste et moins médical d’aspect qu’Uranisme, malgré son<br />

exacte étymologie sidérale. Sengle, pas sensuel, n’était capable que d’amitié 4 ».<br />

Il semble que la conception de l’amour de Sengle (qui semble être aussi celle de Jarry) soit<br />

directement héritée de Péladan (même si Les Jours et les Nuits paraît dix ans après L’initiation<br />

sentimentale).<br />

N’être « capable que d’amitié 5 » n’est pas un constat de défaite. Le platonisme permet la<br />

communion des âmes (« [p]latoniser ça se passe tout dans l’âme 6 »), même si la perception de<br />

celles-ci reste difficile : « Avant Valens, [Sengle] eut plusieurs amitiés qui s’égarèrent, des faute-de-<br />

mieux, qu’il reconnut plus tard avoir subies parce que les traits étaient des à-peu-près de Valens,<br />

et les âmes, il faut un temps très long pour les voir 7 ».<br />

L’amour, fût-il réinventé de telle sorte qu’il soit conforme aux principes d’idéalité du<br />

penseur, ne doit pas le distraire de sa tâche (il « doit rester une tunique relâchée et qui ne serre<br />

point 8 »).<br />

1 Péladan, La Décadence latine, éthopée [VII], Cœur en peine, op. cit., p. 78.<br />

2 Péladan, La Décadence latine, éthopée [V], Istar, op. cit., p. 401.<br />

3 Christophe Beaufils, op. cit., p. 457.<br />

4 Bouquin, p. 571.<br />

5<br />

Ibid.<br />

6<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [VIII], L’Androgyne, op. cit., p. 121.<br />

7<br />

Bouquin, p. 572.<br />

8<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [IV], À cœur perdu, op. cit., p. 322.<br />

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