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auteur eût pu noter la démarche intellectuelle qui a présidé à la constitution de leur méthode, en<br />

un certain point, il est vrai, commune à l’un et à l’autre).<br />

Car même si la ’Pataphysique n’est qu’une ouverture, un début, en ce sens qu’elle est une<br />

proposition offerte aux lecteurs (Jarry s’est prêté au jeu dans ses spéculations) de continuer cette<br />

philosophie par leurs pensées agissantes sur le monde – le déformant – (à moins qu’il ne s’agisse<br />

pour eux de la laisser recluse dans un coin de leur mémoire consciente ou inconsciente), elle<br />

marque également la fin des raisonnements préalables qui l’ont enfantée, et desquels nous ne<br />

savons rien (puisque les Eléments de pataphysique, s’ils ont existé, nous sont inconnus), ce qui ne<br />

nous interdit pas pour autant de lancer quelques hypo<strong>thèse</strong>s (fondées) sur leur nature.<br />

3. 8. Chercher les lois qui régissent le visible.<br />

On peut penser que tout commence par la germination dans les consciences de Jarry et de<br />

Valéry d’un principe, au demeurant tout sauf neuf : « le monde est mal connu 1 ». C’est ce<br />

principe, scientifique par définition (c’est « de la découverte dont il s’agit en science 2 »), qui a<br />

conduit les mathématiciens, les physiciens, à chercher à déterminer la structure ou la forme des<br />

lois qui régissent le monde perçu.<br />

L’idée qu’il existe des lois (cette idée a d’abord été, on peut le penser, une thêmata avant de se<br />

vérifier) suppose que le monde visible est incomplet (puisqu’il ne présente pas, dans un même<br />

élan du visible, tous ses éléments) et que le monde invisible est sans doute plus vrai que le monde<br />

visible car il en constitue la structure.<br />

Aussi a affleuré peu à peu dans les consciences des scientifiques le sentiment que ce qui est<br />

tenu secret par la nature est porteur de vérité à hauteur de sa dissimulation (de son maintien à<br />

l’abri du regard, d’où le développement de la recherche infinitésimale par exemple, mais aussi à<br />

l’abri du sens commun, lequel apparaît comme n’étant plus valide : « les opinions traditionnelles<br />

concernant le monde » deviennent « l’objet d’un scepticisme recherché 3 »).<br />

En somme le monde visible est pour les scientifiques une finalité inacceptable comme telle<br />

sans qu’on en ait distingué les causes, une finalité dont la vérité serait en quelque sorte la genèse<br />

dissimulée 4 .<br />

1 Paul Valéry, Cahiers 2, p. 92.<br />

2 Hanson, « An anatomy of discovery », Journal of Philosophy, n° 11, volume 64, 1967, p. 352.<br />

3 Augustine Brannigan, Le fondement social des découvertes scientifiques, traduit de l’anglais par Christian<br />

Puech, Presses universitaires de France, 1996, p. 10.<br />

4 Déchiffrer la substance de l’univers apparaît pour les mathématiciens et les physiciens comme<br />

une promesse de connaissance de soi, puisqu’un des topoï de la recherche scientifique est que<br />

notre substance est identique à la substance du monde.<br />

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