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eaucoup avoir atteint toute la perfection qu’elle comportait, nous découvre maintenant des<br />

points culminants nouveaux vers lesquels elle s’oriente et progresse avec sûreté, par sa force et sa<br />

beauté propres, et sans artifices extérieurs. 1 »<br />

Il n’est pas besoin de continuer. On le voit : l’hyperbole est de mise. S’il y a systématisation, à<br />

bien des égards, de l’hyperbole, c’est parce qu’alors seulement la glorification peut paraître telle, et<br />

n’être pas un simple jugement laudatif, – et encore la plus affirmée hyperbole ne pourra-t-elle que<br />

donner un faible aperçu de l’intentionnalité critique qui cherche bien évidemment à permettre à<br />

l’ouvrage chroniqué, en étant loué, de susciter l’intérêt du lecteur de petite revue qui est d’abord<br />

un possible acheteur : c’est la virtualité, peut-on penser, autour de laquelle s’articule en premier<br />

lieu l’intentionnalité critique s’exprimant sous cette forme parfois unique de la louange.<br />

Comme l’indique l’auteur du Surmâle à Mardrus dans la lettre qu’il lui adresse datant très<br />

probablement de janvier 1901 : « Ce qui rend fort difficile de donner au livre des Mille Nuits à<br />

mesure de ses tomes, une louange proportionnée à chacun d’eux, c’est qu’aucune épithète de<br />

notre langue ne peut exprimer d’autres degrés que ces trois : positif, comparatif, et superlatif :<br />

« cela est admirable – plus admirable – encore plus admirable », et après le troisième tome, on<br />

risque de rester court. 2 »<br />

Et s’il faut ainsi « prendre son parti que l’expression » de la « joie » du critique « reste terne et<br />

sourde 3 », il est néanmoins possible de faire en sorte que d’autres moyens que l’hyperbole soient<br />

déployés pour entreprendre la glorification d’un ouvrage.<br />

Jarry rebondit ainsi sur le titre du livre de France pour transformer la faiblesse qu’il affiche<br />

ostensiblement en force : « Le volume amuse et émeut : le durable succès des Ephémères m’as-tu vu<br />

démentira leur titre. 4 »<br />

Il utilise une citation du livre d’Herold pour que son éloge puisse s’exprimer sans ostentation<br />

suspecte : « Ne souhaitons rien de plus à M. Herold que ce que demande le roi Vikramasena :<br />

« que les contes qu’a contés le vampire soient populaires, et qu’à celui qui les lira, jeune ou vieux,<br />

ils enseignent la sagesse » 5 ».<br />

Jarry ne se contente d’ailleurs pas de reprendre un passage ou de faire résonner le titre pour<br />

chercher à jouer sur la destinée éditoriale du volume. Il va jusqu’à énoncer, en ce qui concerne<br />

son compte rendu de Timidité de Shakespeare de Polti, que cet auteur qui s’affirme avec une volonté<br />

de critique, d’essayiste, n’est pas seulement quelqu’un qui déploie son intellection mais également<br />

1<br />

Id., p. 668 (à propos de Modestie et vanité de Péladan).<br />

2<br />

OC III, p. 547.<br />

3<br />

Ibid.<br />

4<br />

OC II, p. 630 (à propos des Ephémères m’as-tu vu de Louise France).<br />

5<br />

Id., p. 642 (à propos des Contes du vampire de Herold).<br />

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