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tristes de l’histoire du monde avec ces engins, dont la vue seule dans nos musées fait frémir<br />

d’horreur, de toutes les souffrances physiques et morales qu’a subies jusqu’à nos jours la pauvre<br />

humanité – c’est bien le sort du malheureux enterré en état de mort apparente qui mérite le plus<br />

de compassion. L’imagination humaine se refuse à concevoir pareille situation, peu de gens ont le<br />

courage d’y réfléchir et pourtant la chose existe – elle existe plus souvent qu’on ne le<br />

pense […] 1 ».<br />

Cette peur rejoint fortement celle de mourir noyé, – qui emplit « à son tour l’imaginaire » (« à<br />

tel point que les journaux de la Belle Époque s’en font l’écho 2 »), peur que Jarry transmuera en<br />

écriture spéculative, et ce à plusieurs reprises, puisque de nombreux noyés sont supposés pouvoir<br />

revenir à la vie, longtemps après le commencement de leur période d’inconscience 3 .<br />

Une conception très simple alors enracinée dans la conscience collective (jusqu’au sein du<br />

milieu médical) justifiait à elle seule cette peur : la frontière entre l’inconscience et la mort était<br />

supposément indiscernable, comme le rappelle Eliphas Lévi dans Histoire de la magie : « […] c’est<br />

par la léthargie et le sommeil que la mort commence toujours. 4 » Comment, dans ces conditions,<br />

discerner l’état de mort quand il est si voisin de l’état de vie en sommeil ?<br />

Li-Taï reviendra sur la peur d’être enterré vivant dans Le Mystère Posthume dont Jarry rend<br />

compte : « […] un pseudo-cadavre dû à une mort apparente, par exemple d’une hystérique en<br />

léthargie enterrée vivante… – Eh bien, méfiez-vous de tous les cadavres, car même les cadavres<br />

les plus authentiques continuent à vivre encore – en tant que cadavres ! 5 »<br />

8. Jarry puise textuellement (nous soulignons) dans le passage suivant : « C’est, d’ailleurs, ce qui<br />

se pratique dans la ville de Gratz où, avant l’enterrement, on fait le « Herzstich », percement du<br />

cœur […] 6 ».<br />

9. Jarry puise textuellement (nous soulignons) dans le passage suivant : « L’enterrement sans cercueil<br />

afin que le léthargique soit immédiatement étouffé au moment de son réveil […] 7 ».<br />

10. Jarry fait allusion à la façon qu’a l’auteur de citer un propos de Hartmann présent dans son<br />

ouvrage Enterré vivant (Leipzig, 1895), qui n’a pu que retenir fortement l’attention de l’auteur de<br />

1<br />

Michel de Karnice-Karnicki, op. cit., p. 5.<br />

2<br />

Frédéric Chauvaud, op. cit.<br />

3<br />

Voir Ibid. et l’article du GDU consacré au « noyé » (GDU, tome 11, p. 1142-1143).<br />

4<br />

Eliphas Lévi, Secrets de la magie, I, Dogme et rituel de la haute magie, Histoire de la magie, La clef des<br />

grands mystères, édition établie et présentée par Francis Lacassin, Robert Laffont, collection<br />

Bouquins, 2000, p. 760.<br />

5<br />

Li-Taï, Le Mystère Posthume, causeries médicales sur la mort et la survie, Librairie C. Reinwald,<br />

Schleicher frères & Cie, 1903, p. 34.<br />

6<br />

Michel de Karnice-Karnicki, op. cit., p. 16.<br />

7 Ibid.<br />

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