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inconscience, comme l’exprimera en creux le 06 novembre 1902 le quotidien Le Temps (dans un<br />

article intitulé « Le tueur de femmes Vidal » dont Jarry s’est probablement inspiré pour l’écriture<br />

de sa chronique « Le tueur de femmes » parue dans La Revue blanche le 15 novembre 1902),<br />

cherchant à accabler publiquement un criminel au travers de l’évocation qu’il brosse de celui-ci –<br />

les grands quotidiens voulant à cette époque invariablement, par le biais de l’énoncé toujours<br />

emphatique, éminemment descriptif et moralisateur des faits divers, se faire les parangons de<br />

l’ordre moral, se percevant comme détenteurs de fait d’une grande responsabilité, de par le<br />

pouvoir qu’ils incarnent, auprès de ceux, très nombreux, qui les lisent, se découvrant ainsi à<br />

même de pouvoir supposément freiner la criminalité alors grandissante du fait notamment de<br />

l’efflorescence de la figure de l’Apache, ne serait-ce qu’au travers d’une mise en garde répétée :<br />

« […] il possède la notion du bien et du mal, aussi, lorsqu’il a tué, a-t-il agi en pleine connaissance<br />

de cause ».<br />

Aussi Jarry en tournant dans ce compte rendu en dérision « la notion du bien et du mal »<br />

s’oppose-t-il également, en creux, à la grande presse dans la façon qu’elle a, au travers de<br />

l’évocation des faits divers, de se penser, comme nous l’avons évoqué, entièrement à l’aune de la<br />

morale, d’autant plus qu’au moment de rédiger cette bibliographie, Jarry est plongé entièrement<br />

dans l’écriture de ses spéculations, qui l’amènent justement à prendre en considération<br />

quotidiennement la matière des faits divers autour de laquelle il construit la plupart de ses<br />

chroniques.<br />

Remarquons néanmoins que bien souvent les journaux sont inversement considérés à cette<br />

époque parmi leurs détracteurs comme des pourvoyeurs de vice, par le simple fait qu’ils donnent<br />

une place de choix dans leurs rubriques aux faits divers, lesquels sont lus il est vrai avec avidité,<br />

cédant ainsi prétendument, afin de fédérer ou d’accroître encore leur lectorat, au goût de la foule<br />

pour le voyeurisme morbide : « Le public ajoute moins d’importance aux articles de fond qu’aux<br />

nouvelles diverses. Les journaux qui font fortune sont ceux qui arrivent à avoir la primeur des<br />

attentats et des scandales. Ils ne cherchent que la glorification du vice sous toutes ses formes, les<br />

plus triviales comme les plus raffinées. Quelle triste école d’inconscience, de légèreté, de<br />

servilisme ! 1 », écrit par exemple Ossip-Lourié dans La Philosophie sociale dans le théâtre d’Ibsen en<br />

1900.<br />

1 Ossip-Lourié, La Philosophie sociale dans le théâtre d’Ibsen, Félix Alcan, collection Bibliothèque de<br />

philosophie contemporaine, 1900, p. 64.<br />

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