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2. 7. Primauté de l’auteur vivant sur l’ « auteur mort célèbre » : influence de Vallette<br />

sur Jarry.<br />

L’intérêt extrême que porte Jarry aux nouveautés éditoriales au travers de la liste des livres de<br />

la bibliothèque de Faustroll et du chapitre intitulé « Du petit nombre des élus », même si celles-ci<br />

émanent de ses amis, nous permet de considérer que la formulation : « nous ne disséquons point<br />

les auteurs vivants 1 » est plus qu’une apologie déguisée du fait pour un auteur d’être vivant, c’est-<br />

à-dire de pouvoir indéfiniment construire une œuvre.<br />

L’utilisation que fait Jarry du terme disséquer nous permet de comprendre qu’il se place dans<br />

la lignée de Remy de Gourmont qui énonce : « Le critique […] n’écrasera point les vivants sous le<br />

poids des morts célèbres. 2 »<br />

La systématisation d’un geste critique devant (le plus souvent) confiner à une louange qui ne<br />

soit pas l’expression d’un jugement mais idéalement simple reconnaissance est ainsi façon de<br />

proclamer implicitement la supériorité des auteurs vivants sur les morts, fussent-ils des classiques<br />

ou des auteurs consacrés. Si louange systématique il y a, c’est d’abord louange du potentiel que les<br />

auteurs vivants ont, qui les porte, comme nous l’avons vu.<br />

Ce faisant, Jarry répond au souhait exprimé implicitement par Vallette dans sa lettre du 4<br />

octobre 1901 : « [...] je ne crois pas que notre époque, qu’aucune époque soit capable d’honorer<br />

même une grande œuvre du vivant de son auteur. Il faut des siècles pour que les grandes œuvres<br />

soient honorées, et l’éternité peut-être pour qu’elles soient comprises. 3 »<br />

C’est du reste ce que sous-entend Jarry lui-même lorsqu’il écrit dans Albert Samain (Souvenirs)<br />

que « […] des renoms grandissaient […] » et « devaient s’affirmer […] posthumes […] 4 » ou<br />

lorsqu’il note dès les « textes relatifs à Ubu Roi » que la foule sait « que Verlaine existe » seulement<br />

« depuis qu’il est mort 5 ».<br />

1 OC II, p. 433.<br />

2 CARAMASCHI, p. 109.<br />

3 L’Etoile-Absinthe, n° 7-8, Rennes, Société des amis d’Alfred Jarry, décembre 1980, p. 26-27.<br />

4 OC III, p. 532<br />

5 OC I, p. 417.<br />

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