30.06.2013 Views

thèse

thèse

thèse

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Oui, si l’on en croit la phrase du compte rendu de Modestie et Vanité dans laquelle il témoigne<br />

d’une connaissance synthétique de l’ensemble de l’œuvre : Jarry écrit que nous retrouvons à la<br />

lecture « le héros favori […] qui, sous des appellations diverses, fait le lien de l’œuvre de M.<br />

Péladan ».<br />

Ainsi, afin de comprendre comment peut s’établir une telle systématisation du point de vue<br />

critique qui s’opère suivant un dogmatisme qui ne répond en rien à la critique impressionniste<br />

que développe d’ordinaire Jarry – voir la première phrase du compte rendu –, il s’agit de<br />

reprendre tous les volumes de l’éthopée afin de comprendre précisément comment les deux auteurs<br />

peuvent être liés.<br />

3. 3. 7. 1. « Âmes solitaires ».<br />

L’œuvre de Jarry qui semble faire le plus fortement écho à La Décadence Latine est,<br />

paradoxalement (car c’est une œuvre apparemment anodine, passant presque inaperçue, étant<br />

données ses modalités d’apparition et les contingences d’où elle émerge entièrement ; mais que<br />

dans de telles conditions l’attrait de Péladan pour Jarry ait pu nettement émerger montre<br />

justement à quel point il pouvait être fort), le compte rendu qu’il fit de la pièce de Hauptmann :<br />

« Âmes solitaires », compte rendu dans lequel Jarry tire Hauptmann du côté de Péladan (ce que<br />

Jarry dit de Johannes Vockerat, il pourrait le dire de n’importe quel héros de Péladan : « Johannes,<br />

orgueil fait de force suffisante solitaire, s’enroule au cartésien anneau de son intelligence 1 »).<br />

L’idéalisme extrême (puisque les « Pensée » font « acte de Vie 2 ») défendu, l’idée de consacrer<br />

sa vie à la pensée, à l’intellectualité (« Johannes vit pour la Pensée, et pour la Pensée Anna<br />

Mahr 3 »), l’affirmation du platonisme (« intellectuels, amis non amants 1 ») comme permettant<br />

1 OC I, p. 1003.<br />

2 Id., p. 1004.<br />

3 Cette idée, commune à l’époque, tenait particulièrement à cœur à Jarry puisqu’elle se trouve<br />

également dans son article « Être et vivre » paru dans le numéro 3-4 (mars-avril 1894) de L’Art<br />

littéraire : « l’idée déchoit qui se résout en actes : il faudrait l’Acte imminent, asymptote<br />

presque (!) ». Cette idée était notamment défendue par Remy de Gourmont, au travers de la<br />

doctrine de l’idéalisme dont il s’est fait le chantre, très en vogue au moment où Jarry débuta au<br />

sein de l’univers des lettres. Ainsi que l’écrit Gourmont dans Les Chevaux de Diomède paru au<br />

Mercure de France en 1897 (p. 7) : « […] ce livre […] est un petit roman d’aventures possibles ». Il<br />

ne peut y avoir par conséquent qu’une « [p]hilosophie du possible », pour reprendre le titre que<br />

Diomède – personnage cristallisant, à bien des égards, l’attitude partagée par la communauté<br />

littéraire se voulant l’élite à cette époque – veut donner au « seul ouvrage qu’il voulût écrire, après<br />

de longues années d’aventures » (Id., p. 200). L’on peut penser que Jarry a été passionné par cette<br />

idée à partir du moment où Bergson lui a donné à Henri IV le sujet de dissertation suivant :<br />

« Discuter cette pensée de Hegel : l’idée déchoit en se réalisant. » (Cours Bergson, Cahier D, Ms<br />

21133-B’-I-13 (5/6), Fonds Jacques Doucet, p. 170).<br />

1159

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!