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Jarry, en allant, dans ses œuvres, jusqu’à user d’une terminologie scientifique complexe en ce<br />

qui concerne l’astronomie, refuse implicitement l’usage qui est fait de cette science par les<br />

vulgarisateurs, ainsi que le résume Camille Flammarion : « Loin d’être une science isolée et<br />

inabordable, l’Astronomie, renfermée à tort jusqu’en ces derniers temps dans des sanctuaires<br />

embastionnés, est, au contraire, la science la plus sympathique et la plus éminemment populaire<br />

[…]. Elle n’est pas hérissée de chiffres, comme de sévères savants voudraient le faire croire ; les<br />

formules algébriques ne sont que des échafaudages analogues à ceux qui ont servi à construire un<br />

palais admirablement conçu : que les chiffres tombent, et le palais d’Uranie resplendit dans l’azur,<br />

offrant aux yeux émerveillés toute sa grandeur et toute sa magnificence. 1 »<br />

Ce faisant, Jarry s’attaque de façon sous-jacente à la figure de Comte qui légitimait<br />

implicitement l’œuvre des vulgarisateurs puisqu’il considérait que c’est parce que l’astronomie est<br />

une « science primitive » et « simple » qu’elle doit servir de point de départ commode à « la<br />

propagation systématique de l’initiation positiviste 2 ».<br />

— Critique de l’astronome : figure du savant.<br />

Aussi Jarry ira-t-il jusqu’à railler le spécialiste de cette question (et à travers lui raillera-t-il, de<br />

fait, la figure du savant), à savoir l’astronome.<br />

Dans L’Amour absolu, il compare Emmanuel Dieu à un astronome pour établir la supériorité<br />

de « l’astrologue 3 » sur celui-ci : « Il a fait une étoile. / Ce n’est pas un astronome : les astronomes,<br />

plus tard, les découvrent. 4 »<br />

Si, au détour d’une lettre à Rachilde (en mai 1898), il évoque la « venue de la première étoile<br />

dénommée Vénus par un quelconque vieil astronome amateur intéressé de distances<br />

infranchissables 5 » (le terme « quelconque » est ici parlant entre tous) et s’il offre comme<br />

contrepoint (ironique, s’affirmant davantage comme parallèle) à l’impuissance manifeste de César<br />

au sein de Messaline l’évocation des talents de celui-ci qui tiennent notamment en ce que c’est un<br />

« homme si versé dans la musique et surtout l’astronomie 6 », l’essentiel de cette moquerie – le<br />

plus souvent – implicite se concentre en la figure de Flammarion. Dans sa chronique intitulée<br />

1<br />

Camille Flammarion, « À nos lecteurs », L’Astronomie, volume 1, mars 1882, p. I (propos cité par<br />

Danielle Chaperon, op. cit., p. 19).<br />

2<br />

Auguste Comte, Traité philosophique d’astronomie populaire, éditions de l’Apostolat positiviste, 1893,<br />

p. 107.<br />

3 OC I, p. 920.<br />

4 Ibid.<br />

5 Id., p. 1064.<br />

6 OC II, p. 115.<br />

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