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comme moyen d’accès aux institutions littéraires (en l’occurrence, il s’agit surtout pour Jarry de se<br />

faire remarquer par Le Mercure de France). Et ce, en théorie, triplement.<br />

C’est la possibilité pour un jeune auteur de possiblement intégrer les pages d’une revue sans<br />

occuper encore la partie dévolue à la création comme ce sera le cas pour Fargue au sein du<br />

Mercure de France avec son compte rendu de Premières lueurs sur la colline (même si celui-ci n’aura pas<br />

de suite immédiate) : c’est ainsi, bien souvent, la première étape de la participation à une revue qui<br />

peut, par la récurrence qu’implique l’acte critique lequel peut ouvrir à d’autres formes de<br />

participation, devenir régulière ; et « [c]’est [de ce fait] par de simples notes de lecture que débute<br />

la collaboration régulière de Jarry à La Revue blanche 1 ».<br />

C’est, en outre, la meilleure façon d’être remarqué par l’équipe éditoriale d’une revue et des<br />

autres revues et maisons d’éditions (leur étant ou non rattachées) qui portent un regard sur elle<br />

par l’intermédiaire des envois de service de presse, mais aussi des bibliographies et des annonces<br />

publiées les concernant, en rendant compte d’ouvrages affiliés d’une façon ou d’une autre à<br />

l’univers symboliste au sein duquel Jarry veut s’inscrire : ainsi, s’il rend compte du Cycle de<br />

Trachsel, c’est du fait, peut-on penser, de l’intérêt de Gourmont pour cet ouvrage, comme nous<br />

l’avons déjà suggéré : il est fort probable que l’un et l’autre aient discuté ensemble de cette lecture,<br />

Gourmont ayant très bien pu en outre la lui conseiller.<br />

C’est, enfin, pour le jeune auteur qui fait œuvre de critique, une façon détournée mais<br />

néanmoins efficace de faire reconnaître l’originalité de son style littéraire. La critique permet<br />

véritablement, en faisant des livres chroniqués le socle d’une rêverie poétique – ce qui est le cas,<br />

pendant ces années, pour Jarry ou pour son inséparable compagnon Fargue –, de faire surgir une<br />

écriture singulière suivant les modalités du poème en prose maquillé en compte rendu, et ainsi<br />

d’apparaître non pas comme critique mais véritablement comme auteur, et, du fait de<br />

l’idiosyncrasie affleurant jusque dans le style, comme auteur digne d’être remarqué.<br />

Pour que Jarry puisse véritablement s’exprimer en tant que critique, et ainsi multiplier ses<br />

chances d’être remarqué par Le Mercure de France, il faut qu’il construise ce statut non<br />

épisodiquement ; aussi, le choix de Jarry de rendre compte du Cycle s’inscrit dans une volonté de<br />

chroniquer plusieurs ouvrages, comme le montre la liste des livres reçus à la rédaction de L’Art<br />

littéraire publiée dans le numéro double 3-4 de mars-avril 1894 : « RECU : Les Reposoirs de la<br />

Procession (tome premier), par Saint-Pol-Roux (au Mercure de France) ; Premières lueurs sur la Colline,<br />

par Paul Fort (Librairie de l’Art Indépendant) ; Le Cycle, par Albert Trachsel (A. Charles) ; La<br />

Nonne, par Paul Germain (Mons : imprimerie Princelle) ; Légendes naïves, par Charles-Henry Hirsch<br />

1 Alfred Jarry, La Chandelle verte, lumières sur les choses de ce temps, édition établie et présentée par<br />

Maurice Saillet, Le Livre de poche, 1969, p. 18.<br />

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