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quelque chose justement du symbolisme finissant, dans son haut amour pour l’obscurité, était<br />

bien mort –, à ce que l’obscurité ne soit pas reniée totalement.<br />

Cette filiation avec l’obscurité qu’il renoue – fût-ce invisiblement – à chaque compte rendu<br />

presque passe également, bien évidemment, par son choix de rendre compte d’auteurs du Mercure<br />

de France, par des allusions qui sont faites à Gourmont, Rachilde…, ou encore à des comptes<br />

rendus parus dans Le Mercure de France : quand bien même il est publié par La Revue blanche (c’est-<br />

à-dire lorsqu’il ne peut plus publier au Mercure de France), l’auteur de Messaline continue ainsi de se<br />

tourner incessamment vers Le Mercure de France de ses débuts, celui qui a accepté, sous couvert<br />

sans doute d’édition participative, les textes singulièrement obscurs que sont Les Minutes et César-<br />

Antechrist.<br />

Le texte apparemment le plus clair devient ainsi, par le biais de cet inattendu procédé, un<br />

texte à déchiffrer. Féconde leçon que Jarry nous donne l’occasion d’expérimenter en prenant<br />

toute la mesure des syn<strong>thèse</strong>s déployées (la plupart du temps) dans le moindre compte rendu<br />

dénué apparemment de toute obscurité.<br />

Le mode d’assertion de Jarry s’exprime suivant l’ellipse suffisante pour que la parole ne soit<br />

pas élaborée dans une dynamique d’échange qui de fait lui confère le statut d’une parole<br />

personnelle (et ainsi éminemment subjective, pouvant être remise en cause, en question,<br />

équivalant aux autres paroles en terme de valeur, du fait, en outre, de la démocratisation<br />

montante, contre quoi Jarry, ce faisant, lutte également) : énigme à déchiffrer, se dérobant autant<br />

que jetant son sens au regard, cette parole exige du lecteur la patience et l’effort pour être saisie et<br />

ainsi interdit la réciprocité immédiate, et par conséquent l’échange, le dialogue, fût-il imaginaire.<br />

Toute lecture construit en elle la sphère d’un dialogue constant avec le texte autant qu’avec<br />

l’auteur, et Jarry se refuse à cette dernière forme de dialogue possible.<br />

Cette volonté propre à Jarry qui rejoint le propos de Lautréamont dans Les Chants de Maldoror<br />

lui permet de développer avec force son esthétique du raccourci, et ce afin que les allusions<br />

constantes et souvent cryptiques transforment la clarté très apparente de ses textes critiques ou<br />

spéculatifs qu’il donne à La Revue blanche en forme d’obscurité paradoxale et inapparente.<br />

4. 4. Continuer de se refuser inlassablement au lecteur.<br />

Cette façon de procéder propre à Jarry, même alors que La Revue blanche a exigé de lui qu’il ne<br />

soit pas trop « abstrus », consiste ontologiquement à ne pas dévoyer son esthétique fondamentale<br />

dont il érige les préceptes dans Les Minutes et qui équivaut à se refuser, du moins en partie, à la<br />

compréhension.<br />

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