30.06.2013 Views

thèse

thèse

thèse

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

21. Jarry emprunte ce terme (nous soulignons) au chapitre XXIII, à la toute fin du roman :<br />

« […] J’étudiai l’argot, et, en peu de jours, je devins le rabbin de ces ruffians. 1 »<br />

22. Jarry fait allusion au passage suivant, duquel naît en toute logique sa comparaison, qui suit<br />

immédiatement dans le fil de son compte rendu, entre Pablo et le personnage rabelaisien Panurge<br />

(aussi nous faut-il, afin de comprendre précisément comment peut s’opérer cette comparaison, le<br />

citer dans son ensemble) : « Nous sortîmes de la maison, à la recherche des archers. Pour moi,<br />

pris de vin, j’avais renoncé à ma raison et je ne pensais pas au danger que j’allais courir. Nous<br />

arrivâmes à la rue de la Mar, où nous rencontrâmes la ronde. Nous l’avions à peine vue que nous<br />

tirions nos épées et la chargions. Je fis comme les autres ; dès le premier choc, nous<br />

débarrassâmes deux archers de leurs vilaines âmes. L’alguazil mit la justice sur pied ; il se mit à<br />

crier en remontant vers le haut de la rue. Nous ne pûmes le suivre, parce que nous étions trop<br />

chargés sur le devant. Enfin, nous nous réfugiâmes à la cathédrale, où nous nous mîmes à l’abri<br />

des rigueurs de la justice et dormîmes le temps nécessaire pour évaporer le vin qui nous bouillait<br />

sous le crâne. Revenu à la conscience, je m’étonnai qu’il eût suffi d’une grappe de raisins, car nous<br />

n’étions guère que cela, pour tuer deux archers et faire fuir un alguazil. 2 »<br />

Notons l’hyperbole de Jarry, qui s’exprime triplement : Pablo ne « pourfen[d] » pas l’alguazil<br />

mais le fait simplement fuir ; il s’agit bien d’un unique alguazil alors que Jarry utilise le pluriel ;<br />

c’est la seule fois dans le roman où Pablo met en déroute un alguazil, étant toujours autrement<br />

victime de cette présence menaçante (« […] déjà les archers avaient empoigné leurs épées et les<br />

alguazils mettaient la main à leurs baguettes 3 »), invariablement de mauvaise augure puisqu’elle se<br />

confond inéluctablement au sein de la narration avec une démarche punitive de la justice laquelle<br />

débouche bien souvent sur la prison : « Survint un alguazil, qui voulut me conduire en prison,<br />

mais ne le put, parce qu’il ne sut pas où me prendre, à cause de l’état dans lequel m’avait mis la<br />

boue 4 » ; « Pourquoi pensez-vous que les alguazils […] nous détestent tant ? Des fois ils nous<br />

bannissent, d’autres fois ils nous fouettent, d’autres fois encore ils nous pendent […] 5 ».<br />

Un alguazil est un « officier de police, en Espagne, dont les fonctions sont analogues à celles<br />

de nos sergents de ville 6 ». Si Jarry ne traduit pas ce terme, c’est parce qu’à cette époque, comme<br />

1 Francisco de Quevedo, Pablo de Ségovie, "el gran tacano", traduit par J.-H. Rosny, « illustré de 120<br />

dessins par Daniel Vierge, reproduits par l’héliogravure, avec retouche des cuivres par l’artiste »,<br />

G. Petit, 1902, p. 228.<br />

2 Id., p. 227.<br />

3 Id., p. 60.<br />

4 Id., p. 13.<br />

5 Id., p. 4.<br />

6 GDU, tome 1, p. 200.<br />

954

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!