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faut que l’hostie soit OVALE !... et savez-vous pourquoi elle est ronde ? Nul ne le sait ! […] On a<br />

fait l’hostie ronde machinalement. Il faut que, raisonnablement, logiquement, elle soit ovale. […] On<br />

l’a faite ronde, l’hostie, comme la terre, mais on a oublié que la terre, en ses pôles inconnus,<br />

s’aplatit et se dérobe à la ligne de circonférence comme en un refuge d’évolution mystérieuse. Il<br />

faut que l’hostie soit ovale ! […] Messieurs, mes frères, j’ai la permission du Pape, j’ai le brevet de<br />

mon système, et, aux yeux du vulgaire, sans nous trop expliquer, nous insinuerons l’hostie ovale.<br />

Il y aura l’attirance du nouveau, celle de l’inquiétude ! On voudra voir le corps du Christ, du<br />

Sauveur qui aura changé ! 1 ».<br />

L’ « hostie ovale » est déjà évoquée dans la chronique « Ce que c’est que les ténèbres ».<br />

30. Notons que Jarry a pu exprimer son admiration face à Rachilde de façon paradoxale, mais<br />

néanmoins criante, comme dans la lettre qu’il lui adresse en mai 1898 : « Nous ne vous parlerons<br />

point de votre livre. Nous continuons à croire que vous faites faire vos romans dans les prisons<br />

par des bougres qui n’ont pas froid aux yeux et qui, heureusement pour vous, n’ont jamais vu les<br />

vôtres. 2 »<br />

On mesure la distance qui sépare l’espace intime de la parole et celui public de la lecture<br />

destiné à toutes (les lecteurs demeurant d’abord des femmes à cette époque) et à tous, où l’éloge<br />

ne peut plus se contenter d’être sous-jacent, où l’hyperbole doit remplacer la litote, puisque l’objet<br />

d’un compte rendu est de susciter irrémédiablement des ventes.<br />

— Rachilde : l’ancienneté et la permanence d’une admiration.<br />

Cette admiration s’exprimera notamment tout au long de l’écriture de ses chroniques au<br />

moyen d’allusions récurrentes à l’œuvre de Rachilde, comme dans sa chronique « Le discours de<br />

M. Combes » parue dans La Plume le 15 février 1903, où Jarry écrit : « Ceci a été exposé, en un<br />

meilleur style, dans un roman de Rachilde, Le Mordu. »<br />

Notons que cet exemple est particulièrement révélateur puisque Jarry ne fait pas référence à<br />

une parution récente, Le Mordu, « mœurs littéraires » ayant été publié chez Félix Brossier en 1889, ce<br />

qui prouve une connaissance de l’œuvre qui ne se fonde pas sur une connaissance précise des<br />

nouveautés littéraires – que Jarry ne pouvait manquer de développer de par évidemment son<br />

travail de critique mais aussi de chroniqueur puisqu’il construit parfois un propos spéculatif à<br />

partir d’un ouvrage : ainsi, à la même époque, soit le 15 mai, il fait paraître, pour ne citer qu’un<br />

exemple, « Ceux pour qui il n’y eut point de Babel » à partir de l’Introduction à l’histoire ancienne de<br />

1 Id., p. 18-19.<br />

2 OC I, p. 1065.<br />

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