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singulièrement dans les pages du Mercure de France (cet avis pourtant, pour notable et récurrent<br />

qu’il soit, n’est parfois guère mis en pratique : ainsi nombre de critiques du Mercure de France,<br />

comme Merki, développent une verve pétrie épisodiquement de méchanceté à l’encontre de<br />

nombreux ouvrages chroniqués).<br />

Nos exemples s’arrêteront principalement à cette revue afin de montrer (de continuer à<br />

montrer) comment Jarry cherche à se situer précisément par rapport à elle.<br />

Et, de fait, comme le résument Géraldi Leroy et Julie Bertrand-Sabiani : « La critique qui<br />

régnait au Mercure était […] parfaitement impressionniste, qu’elle fût celle de Rachilde, de Remy<br />

de Gourmont ou celle de Léautaud 1 » ; impressionniste dans les grandes lignes, devrait-on ajouter,<br />

car le recueil d’avis critiques parfois contraires qu’abrite la « Revue du mois » tient au fait que le<br />

directeur du Mercure de France est toujours resté, selon Léautaud, « l’homme le plus attaché à laisser<br />

sa liberté à tout le monde 2 ».<br />

Dès 1892, au sein de la rubrique « Journaux et revues » du Mercure de France, l’on peut lire :<br />

« Une discussion courtoise entre gens de lettres, des écrivains qui veulent bien se donner la peine<br />

de comprendre l’adversaire et le réfuter au lieu de l’injurier, le fait vaut qu’on le note 3 ».<br />

Deux ans plus tard, dans cette même revue, Jules Renard, rendant compte de L’Astre Noir de<br />

Léon-A. Daudet (Charpentier), écrit : « il est convenu qu’un jeune ne saurait parler d’un jeune<br />

avec trop de réserve pudique. Le mal qui répand chez nous la terreur d’admirer n’est pas une<br />

petite peste. […] [S]i je dis que, le livre lu, je m’imagine avoir fait, avec un artiste de premier<br />

ordre, un grand voyage circulaire, philosophique et romanesque, émouvant et inoubliable, dois-je<br />

m’excuser de le dire et promettre que je ne recommencerai plus ? 4 »<br />

Jarry semblera faire profondément écho à cette remarque, rompant avec cette « terreur<br />

d’admirer » stigmatisée par Renard, et ce dès son compte rendu des Fusains de Volane publié dans<br />

le numéro (double 1-2 de la nouvelle série) de L’Art littéraire de janvier-février 1894 (la note de<br />

lecture de Jules Renard paraît dans le numéro de janvier 1894 du Mercure de France mais il est<br />

possible que Jarry ait pu la lire avant ; en outre L’Art littéraire a-t-il pu être légèrement antidaté,<br />

pouvant paraître courant janvier), débutant sa critique par ces mots : « De M. Jean Volane, les<br />

Fusains, qu’admireront tous ceux […] 5 ».<br />

En 1894 également, toujours au sein du Mercure de France, Zanoni, rendant compte de Vincenzo<br />

Bellini d’Antonino Amore (Catane, N. Giannotta, éditeur) constate que le « dénigrement […] est<br />

1 LEROY BERTRAND-SABIANI, p. 137.<br />

2 Propos cité dans Ibid.<br />

3 Le Mercure de France, n° 33-36, tome VI, septembre-décembre 1892, p. 179.<br />

4 Le Mercure de France, n° 49-52, tome X, janvier-avril 1894, p. 87.<br />

5 OC I, p. 1006.<br />

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