30.06.2013 Views

thèse

thèse

thèse

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

justement comme être d’identité, l’identité n’advenant, bien évidemment, que dans une<br />

autoréflexivité.<br />

De la même façon, suivant, en une certaine part, la même logique, Jarry, au sein de ses<br />

comptes rendus donnant apparemment voix à l’altérité géographique, remplace cette dernière par<br />

la notion de pittoresque, telle que nous l’avons analysée.<br />

3. 3. 5. Connaissance de Jarry de l’univers péladanesque ?<br />

Néanmoins, l’envoi de Jarry à Péladan d’un exemplaire du service de presse d’Ubu Roi en<br />

1896, que nous avons évoqué, ne prouve pas, contrairement à ce que l’on pourrait penser de<br />

prime abord, une méconnaissance de la part de Jarry de l’univers péladanesque. La connaissance<br />

qu’a Jarry de Péladan était loin d’être superficielle.<br />

Dès l’époque de L’Art littéraire, il se confronte (très vraisemblablement) à la réalité du Salon<br />

de la Rose-Croix, puisqu’il en rend compte (il s’agit de la troisième Geste 1 ) dans les « Minutes<br />

d’art [III] » publiées dans L’Art littéraire (numéro double 5-6, mai-juin 1894). C’est Fargue qui le<br />

pousse certainement dans cette direction puisqu’il lui écrit le 16 avril 1893, éloigné pour un temps<br />

de Paris : « Va donc 2 à la Rose+Croix 3 ».<br />

Remarquons toutefois que Jarry manie l’ellipse et que ce rapide catalogue témoigne peut-être<br />

d’une visite au pas de course, ou bien cette rapide liste est-elle un palmarès, Jarry retenant les<br />

œuvres les plus remarquables de l’exposition, sans nul commentaire, car rien ne pourrait<br />

remplacer la confrontation directe avec un tableau : « Rose-Croix : Des Knopp (sic). L’étude pour<br />

L’Harmonie Virginale du Champ de Mars d’Osbert ; Armand Point, Princesse Nocturne ; un<br />

Hawkins. »<br />

Il faudra attendre des années pour que Jarry fasse de nouveau référence publiquement à<br />

Péladan, mais cette fois-ci directement. Encore cette référence n’est-elle pas spontanée car la<br />

parole est motivée par l’obligation dans laquelle il se trouve de rendre compte de livres (son<br />

1 Il n’est pas possible d’établir un lien comme le fait J.J. Breton entre les Gestes du Salon de la<br />

Rose-Croix et ceux de Faustroll ni même ceux de La Revue blanche.<br />

2 L’impératif appuyé par le « donc » est parlant. C’est plus qu’un conseil. Mais « Âmes solitaires »<br />

prouve que l’intérêt de Jarry pour Péladan n’est pas né de l’exhortation de Fargue à aller voir le<br />

Salon de la Rose+Croix (il est significatif que les « Minutes d’art [III] » soient publiées après<br />

« Âmes Solitaires » (encore faut-il prendre la datation des numéros de L’Art littéraire avec<br />

beaucoup de prudence, car elle est parfois erronée). Il n’est pas impossible que Jarry soit allé voir<br />

d’autres Gestes, car ce Salon était à la mode à Paris. Mais le conseil de Fargue nous pousse plutôt<br />

à croire que l’intérêt pour le Salon de la Rose+Croix vient de lui et non de Jarry. Aussi peut-on<br />

penser que Jarry s’est enthousiasmé pour Péladan avant de prendre connaissance de<br />

l’extravagance du personnage, ce qui explique peut-être aussi son silence à ce sujet.<br />

3 Propos cité dans BESNIER, p. 102.<br />

1154

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!