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Et il est certain que La Revue blanche a tiré les conclusions de l’article intitulé « Contre<br />

l’obscurité » que publie Proust (dans La Revue blanche justement) le 15 juillet 1896, n’étant pas une<br />

petite revue attentive aux frémissements de l’idiosyncrasie pouvant revêtir les oripeaux de<br />

l’obscurité comme le fut Le Mercure de France au moment où Jarry commença à y publier, très<br />

probablement grâce à Remy de Gourmont et à l’influence extrême qui était la sienne sur cette<br />

revue : les comptes rendus que publie Vallette montrent qu’en tant que directeur du Mercure de<br />

France (même soucieux de préserver le plus grand éclectisme possible au sein de sa revue) il est<br />

attentif à une toute autre forme d’écriture, plus proche du roman naturaliste, ce qui est<br />

perceptible déjà dans son roman écrit « à la manière naturaliste 1 » : Monsieur Babylas, paru en 1890.<br />

Néanmoins, quand bien même les modalités de l’écriture journalistique ont pu modifier<br />

durablement son style, et même si Jarry construit ses textes spéculatifs à partir d’articles publiés<br />

dans les grands journaux et ainsi, peut-on supposer, grâce à une lecture assidue de la presse dans<br />

une large part de sa tessiture, ainsi que nous l’avons déjà évoqué, il ne cessera, et ce jusqu’à la fin<br />

de sa vie, avec ses chroniques, de transformer le fait divers exécrable, « l’écœurant quotidien<br />

littéraire 2 », par l’intermédiaire de sa méthode qu’il appelle la ’Pataphysique, en or littéraire, les<br />

chroniques demeurant des explorations méthodiques de points précis de l’actualité, d’une écriture<br />

glacée qui tient à distance jusqu’au principe d’ironie dont elle ne se défait jamais tout à fait.<br />

1. 2. Entrée de Jarry à La Revue blanche tributaire d’un impératif de clarté ?<br />

Comment se passe l’entrée de Jarry à La Revue blanche ? En quoi celle-ci se confond-elle déjà<br />

avec une exigence de clarté, même si l’auteur des Minutes s’y refuse d’abord ?<br />

Comme le remarque Julien Schuh, « Jarry [entra à La Revue blanche] […] par la plus petite<br />

porte qui soit : celle des annonces publicitaires 3 ». Mais il ne s’agit certes pas alors d’une véritable<br />

entrée. Le 7 mars 1896, le si discret et si influent Félix Fénéon 4 qui joue un véritable rôle<br />

« d’éminence grise 5 » à La Revue blanche invite Jarry à faire son entrée dans cette revue, lui<br />

conseillant d’envoyer « un peu de copie », l’invitant à « choisi[r], peut-être, quelque chose qu[‘ il]<br />

1<br />

LEROY BERTRAND-SABIANI, p. 131.<br />

2<br />

Henry-D. Davray, « Lettres anglaises », Le Mercure de France, n° 148, tome XLII, avril 1902, p.<br />

274.<br />

3<br />

Dir. Collège de pataphysique, Jarry en Ymages, [ouvrage coordonné par Thieri Foulc et rédigé par<br />

Paul Gayot, Patrick Besnier et Julien Schuh], Le Promeneur, 2011, p. 126.<br />

4<br />

Voir notamment Geneviève Comes, op. cit., p. 19.<br />

5 Ibid.<br />

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