30.06.2013 Views

thèse

thèse

thèse

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Victor Fournié –, et ainsi un goût ancien et par conséquent profond, durable, ne répondant<br />

nullement au diktat de l’attrait pour la nouveauté littéraire, de Jarry pour le travail de Rachilde.<br />

Par cette seule allusion, Jarry montre combien il a en outre été marqué par ce livre puisque<br />

celui-ci peut, des années plus tard, éveiller en lui un souvenir précis (quand bien même il l’aurait<br />

relu peu avant le 15 février ; cette éventualité ne peut être présente d’emblée à l’esprit du lecteur<br />

puisque Jarry ne donne pas cette information, gardant, on peut l’imaginer, justement le flou à<br />

dessein), et la mention « meilleur style » ne s’affirme pas ainsi comme un jugement porté sur<br />

l’œuvre (soumis à l’éphémère du mode de publication qu’adopte Jarry et aux prérogatives<br />

d’écriture qui sont les siennes au moment où il prend la plume) mais ne fait simplement que<br />

redoubler, ne fût-ce qu’implicitement, l’affirmation de la valeur de cette œuvre puisqu’elle a pu<br />

s’imposer irrémédiablement dans la durée, fût-ce au travers de la conscience d’un seul homme.<br />

— Admiration pour le second acte de Madame La Mort.<br />

Remarquons que Jarry dans ce compte rendu de Contes et nouvelles, au travers de cet éloge<br />

concernant Madame La Mort, suit précisément l’opinion de Vallette, exprimée à l’occasion de la<br />

représentation de cette pièce : « Ce deuxième acte est, je crois, la page la plus complète, à coup<br />

sûr la plus élevée, que l’auteur ait jamais écrite 1 » (voir aussi la note 31).<br />

L’auteur de Messaline se souviendra de nouveau de cet acte dans Albert Samain (souvenirs) des<br />

années plus tard, à la fin de sa vie (puisque cette plaquette paraît en 1907 ; c’est son dernier livre<br />

publié, et cette mention fait sens en ce qu’elle manifeste la continuité d’un goût dans la précision<br />

suivant laquelle il s’exprime, proclamant de façon sous-jacente la persistance de son intérêt pour<br />

l’œuvre de Rachilde) : « […] Mme Alfred Vallette-Rachilde […] de qui le Théâtre d’art venait de<br />

représenter ce drame dont un acte au moins est beau comme une tragédie d’Eschyle :<br />

Madame la Mort […] 2 ».<br />

31. Vallette résume ainsi le second acte dans Le Mercure de France (voir aussi la note 30) : la<br />

« conclusion nihiliste de [l]a raison » de Dartigny « répugne à son imaginative, et une sorte de sens<br />

esthétique – non un vieux levain de foi – l’induit en la conception d’un au-delà païen, étrange<br />

paradis fait de calmes contrées dans une lumière trouble qui ne viendrait point du soleil, et où la<br />

Mort – une femme long voilée de gris-poussière, une femme très belle, grave et douce – est la<br />

maîtresse définitive, maternelle, câline, l’Absolue qui panse toutes les plaies et console pour<br />

l’éternité. C’est au second acte que se révèle cet état d’âme. »<br />

1 Le Mercure de France, n° 13-18, tome II, mai 1891, p. 304.<br />

2 OC III, p. 535.<br />

1115

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!