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de Georges Eekhoud (Bruxelles, Kistemaeckers) : « Enfin, livre qui, de fragments, a l’unité que<br />

donne, même à des fragments, le talent 1 ».<br />

Même si Jarry écrit, comme déjà signifié, dans sa chronique « Littérature » parue dans Le<br />

Canard sauvage, évoquant deux volumes de Jacques d’Adelsward : Chansons légères, paru en 1900, et<br />

Musique sur les lèvres, édité l’année suivante : « […] Jacques d’Adelsward avait publié, chez Vanier,<br />

deux volumes d’assez méchants vers » (mais il est vrai que semblable assertion fait figure<br />

d’exception, comme nous l’avons déjà suggéré, et il est en outre frappant de constater qu’elle ne<br />

figure nullement au sein d’un compte rendu, façon pour l’auteur des Minutes de faire possiblement<br />

en sorte qu’elle soit marginalisée par rapport à l’œuvre critique), le plus souvent, lorsque l’auteur<br />

de La Chandelle verte semble juger (lorsqu’il ne s’agit pas pour lui d’exprimer derrière une<br />

apparence de jugement – comme lorsqu’il critique avec fracas Sarcey, Loti, Zola... – la façon<br />

dont la singularité de son goût peut rejoindre celle d’une communauté d’écrivains), ce jugement<br />

s’exprime avec une force telle qu’il s’apparente à l’énoncé d’une vérité calmement proférée<br />

suivant le ton propre au présent de vérité générale.<br />

Ainsi est-il frappant de constater que dans le premier compte rendu qu’il fait d’un volume<br />

de Péladan, l’assourdissant du jugement est tel qu’il exclut toute possibilité de remise en cause<br />

et ainsi s’apparente à ce qui n’est pas un jugement mais bien l’énoncé d’une vérité.<br />

Si les jugements ne sont que des opinions, alors les jugements inverses vont jusqu’à<br />

s’équivaloir, ainsi que le stipule Jarry au sein de sa chronique « La Tiare écrite 2 » parue dans La<br />

Plume du 15 avril 1903 : « On ne dit plus fort souvent : Cela est beau comme l’antique. Mais on<br />

répète volontiers le jugement inverse, qui équivaut au premier : Cela ne ressemble à rien. »<br />

Ainsi, lorsqu’il s’agit pour Jarry d’évoquer le « bon critique », c’est avec ironie, comme il le fait<br />

dans « La Tiare écrite » paru dans La Plume le 15 avril 1903 : « Le bon critique dit qu’ils<br />

« cherchent leur voie » », allant jusqu’à retirer au « critique expert » toute sa compétence en<br />

pointant du doigt ses erreurs avec, là encore, beaucoup d’ironie, au sein de sa chronique<br />

« Littérature » parue dans Le Canard Sauvage du 26 juillet au 1 er août 1903 : « M. Fernand Gregh,<br />

précoce Rouchomowski, doit beaucoup à l’erreur d’un critique expert, qui avait jadis attribué à<br />

Verlaine une de ses premières poésies ».<br />

Aussi les « critiques célèbres » peuvent-ils devenir en toute logique objet de risée, comme<br />

l’énonce Jarry dans sa chronique « Le droit de critique » parue dans La Revue blanche le 1 er août<br />

1902 (et s’il parle alors spécifiquement des critiques de théâtre, l’ambiguïté qu’instaure la<br />

formulation « critiques célèbres » dénuée à dessein de toute autre précision permet de dire que<br />

1 Id., p. 79.<br />

2 Voir, au sujet de cette chronique, Julien Schuh, Alfred Jarry – Le Colin-Maillard cérébral, Étude sur<br />

les dispositifs de diffraction du sens, op. cit., p. 186-188.<br />

189

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