30.06.2013 Views

thèse

thèse

thèse

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

secondaires, quoique physiquement nécessaires. Il reste donc deux termes au problème : l’auteur,<br />

l’acheteur, l’un ayant le droit de toujours vendre, l’autre le droit de toujours acheter. 1 »<br />

L’originalité de Jarry par rapport à l’épilogue de Gourmont est qu’il met en avant<br />

l’importance de la couverture : « […] l’acheteur d’un volume veut voir ce qu’il y a dedans, laquelle<br />

vision s’opère par la lecture ; mais s’il lisait avant, combien peu solderaient leur vision ? Il se<br />

contente, de par l’intervention du libraire, de vouloir prévoir. L’idée qu’il se fait, et qui est une<br />

ressemblance d’idées passées, lui est un sommaire du livre. Le nom de l’auteur, s’il est connu, est<br />

un sommaire de ce sommaire. »<br />

Il faut se tourner vers Charles Grivel pour voir développée l’idée que Jarry énonce d’allusive<br />

façon. La couverture est « cet objet rapporté, adjacent, accessoire, artificiel, apparemment futile,<br />

en tout cas secondaire […] : un livre est « couvert », ce qui veut dire que sa matière se dérobe et<br />

aussi se camoufle, lorsqu’elle se manifeste. Tout le paradoxe est là. Ce que nous recevons à lire<br />

possède cette particularité de devoir être assimilé avant que d’être saisi, sa reconnaissance se doit<br />

d’être, forcément, préliminaire, puisqu’il en va de l’acte d’achat. Il faut avoir lu avant que de lire. Il<br />

convient d’être saisi par l’objet de sa lecture, alors même que celle-ci n’a pas pu débuter. La<br />

« couverture » […] constitue donc le passage obligé grâce auquel un lecteur se représente le livre,<br />

imagine être informé sur son contenu, adapte son attente, évalue les chances de satisfaction,<br />

décide de passer à l’acte. 2 »<br />

— Jarry attentif aux genres.<br />

Jarry sera très précis sinon quant au genre, du moins quant à l’identité générique de ses<br />

ouvrages, sachant que « la perception générique […] oriente et détermine dans une large mesure l’<br />

« horizon d’attente » du lecteur, et donc la réception de l’œuvre 3 », le genre orientant dans le<br />

paradigme communicationnel « l’interprétation dans une direction prévue par le producteur du<br />

message », ayant ainsi une « fonction régulatrice 4 » : « Messaline porte le sous-titre : « Roman de<br />

l’Ancienne Rome ». Les sous-titres que Jarry met à ses romans (c’est une habitude de l’époque,<br />

1 Remy de Gourmont, Epilogues, Réflexions sur la vie, 1895-1898, Mercure de France, 1903 [seconde<br />

édition], p. 54 (repris dans Remy de Gourmont, La culture des idées, préface de Charles Dantzig,<br />

Robert Laffont, collection Bouquins, 2008, p. 408).<br />

2 Charles Grivel, « De la couverture illustrée du roman populaire », Production(s) du populaire,<br />

Colloque international de Limoges (14-16 mai 2002), actes réunis par Jacques Migozzi et Philippe Le<br />

Guern, Limoges, Pulim, 2004, p. 281.<br />

3 Genette, Palimpsestes, Seuil, 1982, p. 12.<br />

4 Raphaël Baroni, « Généricités borgésiennes », La Licorne, n° 79, « Le Savoir des genres », études<br />

réunies et présentées par Raphaël Baroni et Marielle Macé, Rennes, Presses Universitaires de<br />

Rennes, 2006, p. 161.<br />

683

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!