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formulation jarryque : « Il est bon d’écrire une théorie après l’œuvre, de la lire avant l’œuvre 1 »<br />

(nous soulignons) naissent de ce passage de « L’Art Libre et l’esthétique individuelle » de<br />

Gourmont paru dans les Essais d’art libre en 1892 : « […] l’Art étant « anormal, illogique et<br />

incompréhensible », on peut tolérer que des gens très intelligents et capables de l’effort<br />

d’objectivité, en éclairent un peu – oh ! très peu, – les obscurités et dévoilent au public distrait les<br />

secrets de la magique Lanterne. C’est l’esthétique d’après coup, la critique explicative, le<br />

commentaire […] 2 ».<br />

2. Pratique de la syn<strong>thèse</strong>.<br />

2. 1. Déplacement du principe originel d’obscurité.<br />

La clarté affichée dans les comptes rendus de Jarry parus à La Revue blanche (ainsi notamment<br />

que dans ses chroniques) est tellement ostentatoire qu’elle pose question, quand bien même elle<br />

naît logiquement des trois caractéristiques « médiologiques » propres à la forme de La Revue<br />

blanche : « les conditions de périodicité, de clôture et de diffusion 3 ».<br />

Ce faisant, Jarry interroge le « trop lisible », qui semble interdire tout commentaire. « Le trop<br />

lisible découlerait […] de cette acceptation idéologique : il y a un auteur, il y a un lecteur, celui-ci<br />

récupérant ce que celui-là a laissé. Le sens circulerait de l’un à l’autre sans qu’aucune « différance »<br />

ne le rende problématique, puisqu’il serait déjà déterminé avant même que le texte le prenne en<br />

compte. Pourquoi le lisible serait-il moins équivoque que l’illisible, sauf à penser que la littérature<br />

vise nécessairement à communiquer quelque chose ? 4 »<br />

Et l’on peut affirmer que Jarry cherche précisément à montrer que le lisible est aussi<br />

« équivoque » que l’illisible ; le texte pourvu de la plus grande clarté qui soit peut devenir, et<br />

jusque par cela même, obscur : c’est ce que suggère Jarry lorsqu’il écrit à Rachilde en mai 1898,<br />

évoquant Faustroll : « Nous aurons bientôt fini notre chapitre et nous aimerions vous l’entendre<br />

lire, car nous n’y comprenons rien tant il nous semble clair. 5 »<br />

Comment fait-il pour élaborer cette monstration ? Comment fait-il pour faire comprendre<br />

que le lisible est aussi opaque et aussi problématique que l’illisible ?<br />

1 OC I, p. 172.<br />

2 Remy de Gourmont, « L’Art Libre et l’esthétique individuelle », Essais d’art libre, revue<br />

mensuelle, tome I, février-juillet 1892, Genève, Slatkine Reprints, 1971, p. 193.<br />

3 Laurent Fedi, op. cit.<br />

4 Ricard Ripoll, op. cit., p. 58.<br />

5 OC I, p. 1065.<br />

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