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même où ce mouvement atteignait son apogée 1 ». Jean-François Hugot va jusqu’à définir<br />

l’impressionnisme tout simplement comme « l’application du dilettantisme à la critique 2 ». « Il y<br />

a […] un fil conducteur qu’on peut suivre au long » de l’ « évolution sémantique » de ce terme :<br />

« celui du plaisir. Le dilettante goûte la musique, il aime les arts, il jouit de la beauté, il se plaît à faire<br />

le tour de la vie : quelle que soit son activité de prédilection, il s’y livre pour le plaisir. Or<br />

l’impressionniste étant en quelque sorte le dilettante des lettres, on s’est avisé de voir en la jouissance<br />

l’idée centre d’un genre de critique. 3 »<br />

Et, en effet, pour les critiques impressionnistes, « [l]a meilleure approche du fait littéraire est<br />

en définitive de nature hédoniste : le critère véritable du jugement esthétique est le plaisir et le<br />

profit que le critique éprouv[e] 4 » lors de sa lecture : « le plaisir qu’une œuvre nous donne »,<br />

résume Anatole France dans Le Temps du 6 novembre 1892, « est la seule mesure de son mérite 5 ».<br />

1. 3. 2. La brièveté du temps de lecture comme signe du plaisir éprouvé.<br />

Ce plaisir se distingue notamment par le temps, forcément court, passé à la lecture. Jarry<br />

exprime implicitement ce point lorsqu’il écrit à Rachilde probablement à la fin du mois d’octobre<br />

1906 : « Nous avons rapporté la veille du départ le livre d’Armory, l’ayant lu en deux heures car il<br />

est amusant d’ailleurs… 6 »<br />

Lucien Muhlfeld, qui signe « de 1891 à 1896 plus d’une quarantaine de chroniques<br />

littéraires 7 » à La Revue blanche (une partie de ces textes sera reprise dans Le monde où l’on imprime,<br />

regards sur quelques lettrés et divers illettrés contemporains, publié en 1897) explique ainsi sa « conception<br />

de la critique dans un article de mai 1895 […] qui est une sorte de mise au point<br />

méthodologique » : « le chroniqueur doit aimer et savoir lire, le plaisir ajouté à la rapidité de la<br />

lecture constituant pour lui un signe important de la qualité d’un ouvrage. 8 »<br />

Si « cette question de la rapidité de lecture » est « envisagée » par Muhlfeld « comme<br />

critérium 9 », c’est parce que la formule « le livre qu’on peut vite lire est bon 10 » est valable : « [d]ire<br />

1<br />

R.-J. Berg, op. cit., p. 93.<br />

2<br />

Jean-François Hugot, Le Dilettantisme dans la littérature française d’Ernest Renan à Ernest Psichari,<br />

Amateur des Livres, 1984, p. 50 (voir aussi Id., p. 369).<br />

3<br />

R.-J. Berg, op. cit., p. 94.<br />

4<br />

LEROY BERTRAND-SABIANI, p. 301.<br />

5<br />

R.-J. Berg, op. cit., p. 95.<br />

6<br />

OC III, 1988, p. 638.<br />

7<br />

BOURRELIER, p. 130.<br />

8<br />

Ibid.<br />

9 er<br />

La Revue blanche, tome 4, 1 semestre 1893, p. 50.<br />

10 Ibid.<br />

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