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3. 3. 3. 2. L’envoi d’un service de presse à Péladan : une erreur d’aiguillage.<br />

En outre ne peut-on, comme le fait J.J. Breton, déduire de l’envoi d’un exemplaire du service<br />

de presse d’Ubu Roi en 1896 (cette pièce paraît le 11 juin 1896) à Péladan l’admiration que vouait<br />

Jarry à celui-ci 1 . Il n’était pas besoin que Jarry admire Péladan (pas plus qu’il n’était besoin qu’il le<br />

connaisse) pour que cet envoi ait lieu. Les envois des exemplaires de service de presse ont<br />

souvent quelque chose de plus ou moins automatique et Péladan se trouvait logiquement sur la liste<br />

des destinataires, du fait de son aura littéraire particulière, incontestable quand bien même (et<br />

peut-être parce que) teintée de souffre, ce qui n’était sûrement pas pour déplaire à Jarry.<br />

Un tel homme, qui exécrait le conformisme social, les peintures de mœurs contemporaines,<br />

le positivisme…, eût pu goûter tout le sel d’Ubu Roi, pensa sans doute Jarry. Malheureusement,<br />

c’était méconnaître Péladan. Celui-ci n’aimait pas rigoler. Méprisait les loisirs. « [Q]u’y a-t-il de<br />

plus bizarre que la pêche à la ligne ? 2 » interroge ainsi curieusement Péladan dans La Vertu<br />

suprême. Et cette question résume sa pensée sur les occupations du « peuple ». Or, l’on connaît la<br />

passion de Jarry pour la pêche, dont témoigne son compte rendu de l’ouvrage de Gaston<br />

Lecouffe.<br />

En outre, même si l’on pense à Ubu Roi lorsqu’il s’agit, dans Le Vice Suprême, d’arracher « aux<br />

hommes leur masque, leur euphémisme aux mots 3 », rien n’est plus contraire à l’univers<br />

péladanesque que celui d’Ubu Roi. Le principe d’une vulgarité viciée (dès le premier mot) que<br />

cette pièce met en place ne pouvait pas toucher Péladan, qui exécrait le comique et attendait de<br />

l’art qu’il le hisse au-dessus de lui-même, qu’il lui fasse oublier la vie. Erreur d’aiguillage en<br />

somme que cet envoi, dont rien ne dit qu’il fût voulu par l’auteur lui-même et non par l’éditeur<br />

(Jarry eût été mieux inspiré de lui envoyer ses Minutes).<br />

3. 3. 3. 3. Le silence de la critique.<br />

Ces deux réalités tendent à expliquer à elles seules pourquoi peu de chercheurs ont tâché de<br />

mesurer l’influence qu’a pu exercer Péladan sur Jarry 4 .<br />

1 Jean-Jacques Breton, Le Mage dans « La Décadence Latine » de Joséphin Péladan, Péladan, un Dreyfus de<br />

la littérature, Lyon, Éditions du Cosmogone, 1999, p. 237.<br />

2 Péladan, La Décadence latine, éthopée [XIV], La Vertu suprême, op. cit., p. 208.<br />

3 Sar J. Péladan, La Décadence latine, éthopée [I], Le Vice Suprême, op. cit., p. 36.<br />

4 À cette question, Breton consacre une page de sa <strong>thèse</strong> remaniée (Le Mage dans « La Décadence<br />

Latine » de Joséphin Péladan, Péladan, un Dreyfus de la littérature, Lyon, Éditions du Cosmogone, 1999),<br />

Marisa Verna une note, certes longue, de son ouvrage sur Péladan (L’opera teatrale di Joséphin<br />

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