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France (au sein du recueil, « La Reine des reines et son amant le grand lac bleu 1 » est dédicacé à<br />

Alfred Vallette, directeur du Mercure de France et « Le Jardin aux noyaux de diamants 2 » est dédié<br />

quant à lui à ce que d’aucuns nommeront l’« âme » de l’entreprise éditoriale : Remy de<br />

Gourmont), et c’est justement au sein de cette maison d’édition que Jarry fait paraître le recueil<br />

Les Minutes de sable mémorial qui contient la série de poèmes consacrée à l’œuvre et à l’univers de<br />

Munthe.<br />

Le choix de rendre compte d’un ouvrage de Paul Fort entièrement tourné vers Le Mercure de<br />

France dans une revue, L’Art littéraire, qu’Alfred Vallette lisait avec un intérêt certain, est ainsi une<br />

façon qu’a Jarry de se tourner lui-même totalement vers cette enseigne (même si l’œuvre de Paul<br />

Fort ne paraît pas sous cette dernière), et le fait d’intégrer à l’ensemble des Minutes, recueil publié<br />

dans cette maison d’édition avec beaucoup de soin 3 , un écho fort de la critique de Plusieurs choses<br />

est une manière ainsi redoublée (voulant s’affirmer comme multiple) pour l’auteur futur de César-<br />

Antechrist de faire acte d’allégeance au Mercure de France.<br />

En outre, la façon dont Jarry met véritablement en évidence dans le réceptacle des Minutes,<br />

afin de signaler au lecteur sa valeur, le terme « tapisseries » (en usant des majuscules et en le<br />

transformant en titre général regroupant les trois poèmes sur les aquarelles de Munthe) ôté à<br />

l’ouvrage Plusieurs choses de Paul Fort, le contextualisant au sein du Mercure de France, est une façon<br />

pour Jarry de redoubler symboliquement (puisque cet acte d’affirmation est tu par la nuance avec<br />

laquelle il s’exprime) sa position au sein même de cette forteresse du symbolisme.<br />

Aussi, en donnant dans son recueil une place certaine à des peintres chers à l’institution du<br />

Mercure de France (Gauguin, Munthe), du temps d’Aurier qui perdurera quelque peu après sa mort<br />

(en 1892), mais surtout de par ce simple terme « tapisseries » qui apparaît ainsi comme un<br />

« complexe resserré et synthétisé 4 », Jarry proclame son identité littéraire (les multiples postures<br />

de son idiosyncrasie : il s’affirme – tout à la fois d’un même élan correspondant à l’unité insécable<br />

de l’ouvrage et dans une fragmentation immanquable – au sein des Minutes auteur, graveur,<br />

critique, usant de l’obscurité sémantique pour dire quelque chose de l’œuvre picturale – c’est le<br />

cas avec les poèmes qu’il consacre à Munthe et à Gauguin –, suivant la méthode qu’il suit et qu’il<br />

1 Paul Fort, op. cit., p. 8.<br />

2 Id., p. 1.<br />

3 Du fait aussi peut-on penser de la figure tutélaire de Remy de Gourmont et peut-être également<br />

de la façon dont Jarry a pu s’occuper aussi financièrement de la parution de l’ouvrage, l’édition à<br />

compte d’auteur étant alors, pour le fait d’un premier ouvrage qui plus est, souvent d’usage, la<br />

maison d’édition apparaissant alors comme une bannière pouvant rendre unitaires – et légitimes –<br />

des choix quant à la matérialité de l’ouvrage émanant du seul auteur comme ce sera le cas pour les<br />

éditions de la Nouvelle Revue Française à leurs prémisses, sous l’impulsion de Gide.<br />

4 OC I, p. 172.<br />

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