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Cette affirmation du héros comme celui qui parvient à influencer le cours de la mécanique<br />

céleste, ne la subissant plus (il s’agit, d’une façon générale, de « frappe[r] à distance à son plaisir<br />

quiconque nui[t] à sa liberté parfaite » ainsi que le stipule Jarry dans son compte rendu de Journal<br />

d’un anarchiste 1 ), mais étant néanmoins toujours intimement relié à elle, s’affirmant comme celui<br />

qui peut « change[r] le monde en restant si semblabl[e] aux causes naturelles (caractéristique de<br />

l’œuvre de génie) […] 2 », est née en outre probablement de la lecture par Jarry des Vies imaginaires<br />

de Schwob, vraisemblablement en 1896 (c’est-à-dire dès la parution de cet ouvrage, étant donné<br />

l’intérêt que vouait Jarry à Schwob à cette époque tout particulièrement), – le compte rendu de<br />

Journal d’un anarchiste subissant très directement cette influence puisque paraissant dans Le Mercure<br />

de France de mai 1896 –, et plus spécifiquement de « Cyril Tourneur, poète tragique », chapitre qui<br />

l’a suffisamment marqué pour qu’il s’en inspire directement dans son appellation du chapitre XXI<br />

du livre III de Faustroll, naturellement dédié à Schwob 3 .<br />

Outre un commencement qui a dû retenir l’attention de Jarry (« Cyril Tourneur naquit de<br />

l’union d’un dieu inconnu avec une prostituée 4 »), la présence des « cynocéphales 5 » chers à Jarry<br />

et une préface dans le droit fil des préceptes de ’Pataphysique qui seront édictés dans Les Jours et<br />

les Nuits très peu de temps après (puisque ce roman paraît à la Société du Mercure de France en<br />

1897), Jarry s’emparera de la fin pour très véritablement la renverser : « Un météore effrayant<br />

évolua sous la lune. C’était un globe de feu blanc, animé d’une sinistre rotation. Il se dirigea vers<br />

la maison de Cyril Tourneur, qui sembla peinte de reflets métalliques. L’homme vêtu de noir et<br />

couronné d’or attendait sur son trône la venue du météore. […] Cyril Tourneur fut enveloppé<br />

d’une lueur faite de sang rose volatilisé. […] Ainsi fut précipité Cyril Tourneur vers un dieu<br />

inconnu dans le taciturne tourbillonnement du ciel. 6 »<br />

Le moment où le sang de Cyril Tourneur est volatilisé, entraînant l’envol tourbillonnant de<br />

celui-ci dans le ciel, le personnage devenant lui-même météore, trouve écho dans le passage<br />

suivant de L’Amour absolu 7 : « Que sait-on si les comètes, suivies d’un éclaboussement de rupture,<br />

ne sont pas les gourmes de l’affranchissement des lampes ? / Les comètes anoures, selon<br />

plusieurs, sont les anges. / Emmanuel Dieu attend l’heure sidérale que sa tête s’en aille. »<br />

1<br />

OC I, p. 1012.<br />

2<br />

Ibid.<br />

3<br />

Voir Id., p. 688-689.<br />

4<br />

Marcel Schwob, Œuvres, édition établie et présentée par Sylvain Goudemare, Phébus, collection<br />

Libretto, 2002, p. 579.<br />

5 Ibid.<br />

6 Id., p. 581-582.<br />

7 OC I, p. 921.<br />

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