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compte rendu, alors que par ailleurs il développe surtout dans ses comptes rendus une forme de<br />

critique impressionniste). A.-Ferdinand Herold indique de ce fait dans Le Mercure de France en<br />

1895 que le numéro de La Revue blanche du 15 mars « s’ouvre par un bel article de M. Paul Adam,<br />

l’Émotion de Pensée : ce sont là des pages de critique très noble, écrites dans la langue excellente<br />

habituelle à M. Paul Adam. 1 »<br />

Il s’agit pour les écrivains qui font œuvre de critique de toujours « parle[r] franchement […]<br />

français 2 » : c’est ce qui leur permet justement de se distinguer en tant qu’écrivains, jusque dans<br />

leur travail de critique, et ainsi de ne jamais se mélanger aux critiques professionnels, dont le<br />

laisser-aller est jugé proverbial.<br />

Jarry s’attache à montrer que Sarcey n’écrit pas en « bon français 3 », allant jusqu’à préciser la<br />

situation du passage qu’il cite, afin que le lecteur puisse s’y reporter 4 , l’auteur de Messaline, par<br />

cette précision, se tenant de fait à l’écart de toute réserve concernant son impartialité que pourrait<br />

formuler le lecteur – alors que la citation, même si le numéro de page est, bien évidemment,<br />

correct, convoque avec elle la vision que porte le critique sur l’ouvrage, à hauteur peut-on penser<br />

de la façon dont elle s’affirme brève (ce qui est bien le cas dans ce présent compte rendu) :<br />

décontextualisé, un propos court (car un propos long draine souvent avec lui son propre<br />

contexte) épouse toujours le sens sur lequel se construit l’acte de découpe de celui-ci mené à bien<br />

par le critique.<br />

— Mettre en avant la maladresse de l’auteur.<br />

La citation comme procédé que s’approprie le critique en tant qu’arme se décline également<br />

sous un autre aspect, ce qui est sensible dans ce compte rendu, Jarry écrivant : « « Les tragédies de<br />

Racine ne sont pas faites pour le théâtre : il n’y entend rien » (ceci est juste) ; – « Hamlet, voyez-<br />

vous – dit Sarcey –, c’est plus fort que moi » (ceci est plus juste) » (voir les notes 6 et 7). Ainsi,<br />

l’acte de citer, sans forcément témoigner d’incorrections lexicales ou syntaxiques, peut être<br />

savamment déployé pour révéler la gaucherie stylistique 5 d’un passage, qui a fait saillie au regard 1 ,<br />

1 Le Mercure de France, n° 64-66, tome XIV, avril-juin 1895, p. 251.<br />

2 Le Mercure de France, n° 13-18, tome II, janvier-juin 1891, p. 61.<br />

3 Le Mercure de France, n° 29-32, tome V, mai-août 1892, p. 267.<br />

4 Alfred Jarry, La Chandelle verte, lumières sur les choses de ce temps, édition établie et présentée par<br />

Maurice Saillet, Le Livre de poche, 1969, p. 583.<br />

5 Ainsi, Rachilde, rendant compte d’Un Roman à Nice de René Vigier (Ollendorff), écrit : « Il y a<br />

des phrases comme celle-ci : « Par une tiède vesprée du commencement de décembre, le capitaine<br />

Gérard de Brousse gravissait lentement la route poudreuse qui conduit de Nice à Villefranche. »<br />

Je suis sûre que l’auteur se demandera très naïvement pourquoi je cite ce passage » (Le Mercure de<br />

France, n° 49-52, tome X, janvier-avril 1894, p. 367).<br />

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